Dans cette chronique hebdomadaire, je n’ai pas cessé d’exprimer mon inquiétude à propos du scrutin présidentiel de la fin de ce mois. Toutefois, j’ai pris régulièrement le soin d’insister sur le fait que les appréhensions/impressions du moment peuvent être trompeuses et qu’un océan de sérénité peut jaillir là où on redoutait la pire confrontation. Dieu m’entende !
En tout cas, les « Neuf Sages » (la Cour Constitutionnelle) viennent de me conforter dans mon analyse qui me paraissait, a priori, tirée par les cheveux pour ne pas dire simpliste. En effet, le 29 juillet 2018, la Cour Constitutionnelle proclamait la liste provisoire des candidats à l’élection du Président de la République et, surprise du chef, 13 candidats dont certains gros crocodiles du marigot politique national, au regard de leur longévité, étaient retoqués. Dans cette décision, certains, comme moi, avaient vu la petite faille par laquelle s’engouffreraient la contestation, la polémique et le discrédit de l’ensemble du processus. Bref, le casus belli idéal ! On s’apprêtait déjà à faire le deuil de la sérénité, de la maturité et de l’apaisement du climat social que nous appelions de tous nos vœux depuis fort longtemps. Que nenni !
Au Mali, les Dieux ne sont pas encore tombés sur la tête et le Saint-Esprit, en personne, a visité les « Neuf Sages » dans leur retraite au sanctuaire. En effet, dans son Arrêt N°2018-02/CC-EP du 04 juillet 2018 portant liste définitive des candidats à l’élection du Président de la République (Scrutin du 29 juillet 2018), la Cour Constitutionnelle a établi la liste des 24 candidats dans laquelle figurent 7 des 13 candidats retoqués dans la précédente liste (provisoire). Un peu plus de la moitié !
Je suis personnellement heureux pour les candidats « repêchés » qui ont dû, en l’espace d’une semaine, passer par les Première et Seconde Sessions des « examens pré-électoraux ». Les Sages seraient-ils inspirés par le temps de la proclamation des résultats des examens scolaires et universitaires que nul ne serait étonné. Certes, contorsion intellectuelle d’un chroniqueur sans, toutefois, aucun préjudice de l’effort qu’ont pu fournir les « recalés » du « 1er tour de scrutin » pour mettre leur dossier de candidature aux normes de la loi électorale. Il faut les en féliciter, et savoir gré à la Cour Constitutionnelle qui, à mon avis, vient de réussir son propre examen de passage. Et surtout espérer que ce « dénouement heureux » présage un apaisement salutaire sur tout le processus électoral qui est annoncé sous un ciel orageux.
Et que dire de la « longueur » de la liste des candidats à l’élection du Président de la République ? Contrairement à ceux que cela pourrait choquer, je suis d’avis que la pléthore de candidatures ne saurait se résumer en une quelconque désacralisation de la fonction présidentielle, comme cela est interprété ainsi dans certains milieux. Bien au contraire, c’est la preuve que le Mali importe ; qu’il n’indiffère personne et que son devenir mobilise ses filles et ses fils. Personnellement, je ne connais que la moitié des candidats adoubés par l’Arrêt du 04 juillet, mais ce que je sais d’eux, c’est qu’ils ont tous des arguments à faire valoir et qu’ils ont le bénéfice du doute quant à leur patriotisme et leur amour du pays.
A l’image de la Coupe du monde FIFA Russie 2018 qui n’en finit pas de surprendre, la présidentielle du 29 juillet prochain dont la campagne électorale s’est ouverte le dimanche peut-elle nous réserver des tours ? Le jeu semble très ouvert et bien malin qui pourrait dresser le portrait-robot du vainqueur d’autant plus que le scrutin ne se lira pas dans une boule de cristal. C’eût été trop facile pour tous les opportunistes du pays de faire fonctionner leur anémomètre et, de ce fait, rallier le camp du candidat-providence. Une chose est sûre, des critères comme l’implantation territoriale des candidats, leurs arguments électoraux, les stratégies de conquête de l’électorat et les ressources dont ils disposent pour affronter ce marathon électoral, seront des arguments sérieux voire des atouts-massue pour la victoire finale.
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter une bonne fête électorale au pays, en espérant que seuls ses intérêts prévaudront sur les considérations égoïstes et mesquines des uns et les calculs d’apothicaire des autres.
Serge de MERIDIO