Dans un mémorandum, les responsables d’une trentaine de partis politiques ont donné leur position sur le fichier électoral devant organiser les élections de 2012. Il s’agit du fichier biométrique et fiable issu du Recensement administratif à vocation d’Etat civil (Ravec). L’information a été donnée au cours d’une conférence de presse le vendredi dernier à la Maison de la presse.
Conscients que le fichier électoral peut être une source de conflits, les partis politiques souhaitent que l’organisation d’élections régulières et transparences soit un facteur de stabilité, de paix et de crédibilité pour notre pays. Ils estiment que si le fichier électoral est fiable, il constitue le moyen le plus efficace de lutte contre la fraude électorale en permettant de donner des statistiques précises sur le nombre des électeurs.
Les responsables pensent que les partis politiques, principaux acteurs des élections doivent être intimement et constamment associés à toutes les étapes du processus électoral.
Le porte-parole des partis politiques, le Pr. Younous Dicko, après avoir revisité le Recensement administratif à caractère électoral (Race) et le Ravec, tire la conclusion : l’organisation des élections de 2012 par un fichier électoral biométrique et fiable. Or qui parle de fichier biométrique, parle de Ravec. Cette prise de position prend le contre-pied du gouvernement qui compte organiser les élections avec le Race amélioré.
Le Pr. Dicko se fonde sur un certain nombre de déclarations pour expliquer leur volonté d’aller aux élections avec un fichier électoral biométrique et fiable. Il a rappelé le discours du président de la République à l’occasion du 22 septembre 2009. Discours dans lequel ATT avait déclaré : «Je proposerai la dissolution des listes électorales actuelles pour les remplacer par un fichier biométrique issu du Ravec».
A l’issue de la réunion partis politiques- MATCL du 29 décembre 2008, le Race a été mis au panier par l’administration à la grande satisfaction de la classe politique et le Ravec a été mis en chantier. Et dans une déclaration en date du 14 juin 2012, les organisations de la société civile sont allées au-delà du débat partisan pour affirmer que les prochaines élections doivent être organisées sur la base d’un fichier issu du Ravec.
«Voilà qu’à ce jour, il n’y a point de fichier électoral pour le Mali. Nous sommes un pays sans fichier pour organiser les élections générales de 2012», a- t- il regretté.
Les partis politiques ont dénoncé la gestion solitaire du Ravec. «Contrairement au Race, le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales a géré seul, les autorités se contredisent, la nation est perplexe et la classe politique est en proie à des interrogations que le gouvernement doit dissiper rapidement au lieu de pratiquer le dilatoire et de considérer que ceux qui tiennent au Ravec font de la distraction (s’amusent)», s’est alarmé M. Dicko.
Ils reprochent au Race des insuffisances qui pourront compromettre les élections de 2012.
Il s’agit de la déclaration du président de la Cour constitutionnelle en 2007. Salif Kanouté a dénoncé la déliquescence du fichier électoral lors de la cérémonie de la proclamation officielle des résultats définitifs des élections législatives. Avant d’ajouter que «la fraude s’est installée à demeure». Mais aussi celle de l’actuel secrétaire général du MATCL, alors directeur de l’Intérieur, M. Boubacar Sow, qui a reconnu la faiblesse du fichier Race et dénoncé la fraude conséquente en ces termes. «Les élections de 2007 ont été les plus frauduleuses de l’histoire du Mali».
Les responsables ont aussi fait allusion au document confidentiel de la Délégation générale aux élections du 17 septembre 2008. Ce document a mis en évidence, non pas la faiblesse du fichier Race, mais les fautes graves de ce fichier.
Décidemment, on s’achemine vers un bras de fer.
Yoro SOW