Amadou Seydou Traoré, plus connu sous le nom d’Amadou Djicoroni, fidèle a sa tradition de rétablir la vérité chaque fois que celle-ci est tronquée, nous a envoyé sa communication présentée à l’occasion de la semaine Ahmed Sékou Touré en 2006 pour éclairer la lanterne de l’opinion publique nationale sur la construction de la ligne de chemin de fer Mali-Guinée. Dans cette communication, Djicoroni écrit que «C’est le 24 mai 1968 qu’a été signé le communiqué matérialisant l’accord de la République populaire de Chine, de construire le chemin de fer Guinée-Mali et de façon prioritaire le tronçon Bamako-Kangaba-Kouroussa. Mais qu’à la suite du coup d’Etat de la soldatesque le 19 novembre 1968 que le projet a été bloqué par le lieutenant Moussa Traoré, chef des putschistes, par hostilité contre la Chine et la Guinée de Sékou Touré.»
«…..En 1967, le président Ahmed Sékou Touré et le Dr Kwamé Nkrumah, accompagnés d’une forte délégation de cadres politiques, de femmes et de jeunes, ont fait le déplacement historique de Bamako. En effet, le président Ahmed Sékou Touré, à cette occasion, a proposé au président Modibo Keïta devant sa délégation et la délégation du Mali comprenant elle aussi de nombreux cadres, la constitution d’un Etat unique sur la base de la fusion entre la Guinée et le Mali. Selon lui, après l’Algérie et le Ghana, ce sera le tour de la Guinée ou du Mali de subir un coup d’Etat militaire. La solution doit consister donc, en dépassant toute réticence et toute hésitation, à consolider l’ensemble que sont les deux Etats, pour parer à ; toute éventualité.
La Guinée, quant à elle, s’engage à l’intégration, à la fusion. Il ne s’agit plus de constituer une fédération ou une confédération, mais un Etat unique, régi par une seule Constitution, dirigé par un seul gouvernement et une Assemblée nationale, un Etat dont toutes les institutions seront fusionnées. Le président Ahmed Sékou Touré proposait au président Modibo Keïta de diriger cet Etat. Lui- même, compte tenu de ses capacités d’organisation, de mobilisation et de formation, se consacrait au parti, au mouvement syndical, aux mouvements de jeunesse et de femme. Le Dr Kwamé Nkrumah, devant qui cette proposition a été faite, servait de témoin devant l’histoire et de conseiller providentiel pour cet nouvel Etat qui allait porter haut le flambeau de l’indépendance, de la dignité et de l’unité africaines.
Et pour ne pas perdre aucun temps, le président Sékou Touré a proposé la constitution d’une délégation conjointe Mali-Guinée en vue de négocier avec la République populaire de Chine, la construction d’une ligne de chemin de fer digne de ce nom et qui serait l’épine dorsale de la nouvelle République. Cette proposition a été acceptée séance tenante et les ministres des Affaires étrangères des deux Républiques ont aussitôt entrepris le voyage sur la Chine.
C’est le 24 mai 1968 qu’a été signé le communiqué matérialisant l’accord de la République populaire de Chine, de construire le chemin de fer Guinée-Mali et de façon prioritaire le tronçon Bamako-Kangaba-Kouroussa.
On y lit ceci : «les gouvernements de Chine, de Guinée et du Mali annoncent que l’accord relatif à la construction des chemins de fer Guinée- Mali, signé le 24 mai 1968 entre les trois parties, constitue un nouvel et important jalon dans le développement de leurs relations d’amitié et de coopération…
Les gouvernements des trois pays estiment que la présente visite d’amitié de la délégation conjointe Guinée Malien République populaire de Chine a aidé à consolider et à renforcer davantage l’amitié entre leurs peuples et les relations d’amitié et de coopération entre leurs pays et qu’elle a apporté une contribution positive à la solidarité anti-impérialiste des peuples afro-asiatiques.»
Signé :
Dr Ousmane Ba, ministre des Affaires étrangères du Mali
Dr Louis Lansana Béavogui, ministre des Affaires étrangères de la Guinée
TChen Yi, ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine.
Il était même prévu de créer une ligne Kita- Satadougou-Boké qui serait à la fois un raccordement avec le Dakar-Niger et une voie d’exploitation des produits miniers.
Le coup d’Etat du 19 novembre 1968 des 14 lieutenants du Mali mit un arrêt brutal à tous ces projets. La République populaire de Chine n’eut d’autre recours que d’utiliser alors le fonds pour la construction du chemin de fer Tanzanie- Zambie.
Le financement du chemin de fer Kankan-Bamako dont le Comité militaire a bloqué la réalisation en 1968 par hostilité contre la Chine et la Guinée de Sékou Touré.»
Source : Le Mali et la Guinée, deux poumons d’un même corps d’Amadou Seydou Traoré, publié en 2006. Communication présentée à l’occasion de la semaine Ahmed Sékou Touré du 28 septembre au 3 octobre 2006.
Qu’elle fable! A beau mentir qui vient de loin. Le projet du chemin de fer Kayes-Guinée a effectivement existé. Il a même connu un début d’exécution qui a inspiré a Mogontafe Sacko une de ses compositions patriotiques disponible dans les archives sonores de l’ORTM. Les travaux furent arrêtés bien avant le 19 novembre 1968 pour la raison suivante : les travaux devaient être exécutés sous forme d’investissements humains. Cela a commencé dans l’enthousiasme avant de se terminer par un cauchemar pour la jeuness de la région de Kayes qui face âge cette forme de travaux forcés déguises a choisi le chemin de l’exil. Les journalistes ont intérêt à vérifier les dires d’un homme pour qui l’humanité a cessé d’exister le 19 novembre 1968.
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