Cheick Modibo Diarra : « Je suis pour les élections, mais pas le référendum »

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Après le dépôt de son dossier de candidature pour la prochaine présidentielle le jeudi 1er mars 2012 à la Cour constitutionnelle, Dr. Cheick Modibo Diarra du RpDM a accepté de se prêter à nos questions. Dans l’entretien ci-dessous, il évoque les raisons de son souhait de voir les élections se tenir à dates échues, tout en se prononçant contre le référendum.

 

Cheick Modibo Diarra

L’Indicateur du Renouveau : Vous venez de déposez votre dossier à la Cour constitutionnelle pour la présidentielle du 29 avril 2012. Quelles sont vos impressions après ce dépôt ?
Cheick Modibo Diarra : Il y a quelques éléments qui sont un peu difficiles. Lorsque les élections vont finir, je l’espère, dans la concorde et la transparence, il va falloir que nous  puissions nous assoir pour regarder à nouveau comment nous pouvons renforcer notre démocratie, en donnant l’opportunité à tout un chacun, tout citoyen qui a l’âge de se présenter, d’être candidat, que ce citoyen ait le moyen financier ou pas, de pouvoir se présenter.  Qu’il soit soutenu par un parti ou pas, qu’il puisse se présenter. Moi, je sais que beaucoup de nos compatriotes, qui ont envie de participer à ces élections de 2012 vont avoir énormément de difficultés avec la clause de parrainage. Donc, il va falloir réviser toutes ces clauses de façon à permettre au plus grand nombre de participer à ce grand moment de la nation.
Dans une démocratie, ce qui est intéressant, c’est qu’en donnant un plus large choix aux populations, on augmente les chances du pays d’aboutir à l’élection du bon candidat. Donc, il va falloir élargir ce champ-là tant que faire se peut en essayant d’éliminer tout ce qui peut causer de difficultés aux uns et aux autres. Pour ma part, j’ai été très bien accueilli par des professionnels. Je le souligne, c’est très important, par des professionnels du droit qui m’ont reçu dans leur bureau, qui ont vérifié un à un tous les documents requis, qui après avoir vérifié tout ça, nous ont donné notre récépissé. Je suis très satisfait surtout par le soutien de toutes ces femmes et tous ces hommes que vous voyez, qui sont venus m’accompagner en ce moment extraordinaire de dépôt de dossier. Mais ce qui est surtout aussi important à retenir, vous savez depuis que j’ai annoncé que j’allais participer à ces élections de 2012, on n’a pas cessé de créer le doute dans l’esprit des gens par rapport à ma candidature.
Moi j’ai une façon toute mienne, toute personnelle de faire une  campagne. Ma campagne à moi n’est ce pas une opportunité de faire de tape-à-l’œil avec du tam-tam et tout ça avec de photos, qui sont planquées partout. Ce n’est pas ça la campagne au RpDM. Pour moi, une campagne consiste à informer mes concitoyens, à leur donner toutes les informations par rapport aux projets de société que je leur propose afin qu’ils puissent se faire un choix, mais  un choix éclairé. C’est ça le nerf de notre campagne.

Indicateur du Renouveau : Vu le contexte du pays, êtes-vous pour la tenue des élections le 29 avril 2012 ?
C. M. D. : Sans équivoque, je suis pour la tenue des élections le 29 avril. Par contre, je le suis un peu moins par rapport au référendum. Un référendum qui change le texte fondamental, devrait donner l’opportunité à tous les citoyens de se prononcer. Et d’ailleurs, c’est pour ça que lorsque vous regardez notre Constitution, l’article 118 parle de référendum par rapport à la Constitution, mais pas d’élection. Parce que les élections peuvent se tenir dans certaines circonstances, tandis qu’un référendum sur une Constitution, c’est quelque chose de plus fondamental que cela.
Donc, moi je suis à 100 % pour la tenue des élections le 29 avril. Je pense que ce serait en fait même une opportunité d’accélérer la stabilisation de notre pays, en amenant un nouveau leadership et en insufflant  une nouvelle dynamique dans tout ce qui se passe dans notre pays. En fait, en donnant un nouvel espoir à tous les enfants de ce pays, on pourrait, peut être, arriver à faire taire les armes et à faire déposer ces armes-là pour nous mettre au travail tous ensemble. Parce qu’on serait convaincu que le fruit de ce labeur sera partagé entre les gens avec probité et selon le mérite de tout un chacun.

Indicateur du Renouveau : Quelle appréciation faites-vous de la situation du Nord ?
C. M. D. : Je trouve que c’est malheureux ce qui se passe au nord. Je ne suis pas du tout d’accord, quel que soit le grief, qu’un citoyen ou un groupe de citoyens prenne des armes contre ses propres concitoyens. Cela ne justifie aucunement. Donc, je condamne vraiment avec les termes les plus forts, ce conflit armé dû au MNLA. Ceci dit, il faudrait, une fois que nous mettrons un terme à cette guerre, que nous puissions nous asseoir et aller aux racines profondes de ce mal, qui mine notre pays depuis plus de 50 ans. Maintenant, il faut s’évertuer à déraciner cette racine profonde de façon à éradiquer ce mal totalement.

Indicateur du Renouveau : Vous serez en face de plusieurs autres candidats. Quelle est votre appréciation faites-vous de ces candidats ?
C. M. D. : Je suis sûr que chacun de ces candidats aime son pays et chacun de ces candidats a quelque chose à offrir. Et c’est pour cela que j’attends avec impatience la publication du projet de société de chacun des candidats pour que, d’abord en tant que candidat, mais surtout en tant que citoyen malien moi-même, que je puisse voir ces projets de société, voir ce qu’on nous propose. Cela ne peut qu’enrichir le débat démocratique et ne peut qu’accélérer le développement de notre pays.
Vous savez, on dit en bamanankan que « mogo kèlen hakili kèlen, mogo fila hakili fila ». Plus on est du genre à suggérer des idées, plus on a la chance d’aboutir à des idées améliorées à chaque fois. Donc, ouvrir le champ d’une compétition pareille, pour moi est une très bonne. J’espère surtout que cela va être une compétition saine, c’est-à-dire qu’il s’agit de faire en sorte que ces élections se passent dans la paix entre les candidats eux-mêmes et dans la courtoisie, dans le respect, les uns pour les autres d’une part, et surtout que cette campagne se déroule sur le débat d’idées. Je souhaite qu’on ne profite pas de cela pour, comme souvent on en a tendance, rentrer dans les considérations de familles des gens.
Ce n’est pas ça qui est à débattre ici. Le débat, ce n’est pas ça. Le débat, c’est qui a fait quoi ? Qui est capable de faire quoi ? Qui veut faire quoi ? Voilà les débats. C’est de ça qu’il s’agit. Et vous qui êtes des professionnels de la communication, c’est vous qui pouvez mettre en place le ton de cette campagne-là. Parce que lorsque vous allez prêter vos plumes et vos pages à des dérapages, les choses vont aller dans cette direction et le peuple ratera l’opportunité d’entendre le candidat faire des propositions concrètes.
Propos recueillis par
Abdoulaye Diakité      

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1 commentaire

  1. Bon vent dans votre campagne CMD, vous avez le pouvoir de nous apporter beaucoup de changements dans ce pays laisser dans l’hanarchie totale. Oui pour des elections credibles et transparentes, Non au referendum comme la majeur partie de la population le clame haut et fort.

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