La sortie médiatique enflammée la semaine dernière de Cheick Modibo Diarra sur l’organisation des élections de 2012, inquiète. Et depuis, des observations fusent de partout sur les agissements d’un proche de l’homme qui a dirigé le Mali de mains de fer pendant 23 ans. Ce qui fait dire que le président du Rpdm a du chemin à faire pour convaincre les Maliens et surtout les acteurs du mouvement démocratique qui s’opposent à toute idée de réhabilitation de Moussa Traoré.
Longtemps annoncée, la candidature de l’enfant du Mali à la Nasa se précise à mesure que l’on s’approche des échéances de 2012. Après la création de son parti le rassemblement pour le développement du Mali (Rpdm), il ne cesse de multiplier les déclarations sensationnelles et autres sorties médiatiques pour étaler son projet de société et ses ambitions pour le Mali. Comme ce fut le cas lundi dernier où il a animé un point de presse sur l’épineuse question de l’organisation matérielle des élections de 2012, notamment le choix du fichier.
Sans détours, Cheick Modibo Diarra s’est montré inquiet et perplexe par rapport à la situation qui prévaut avant l’événement. Dans des propos laconiques, l’homme a décortiqué les ténèbres qui planent sur notre pays si les élections étaient mal organisées. Selon lui, la solution pour le Mali de sortir des élections truquées et contestées est d’investir dans un fichier biométrique avec des cartes numérisées, cela sur la base du recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec). Avant d’expliquer, sans convaincre, l’expérience du Cap Vert qui a réussi à organiser en temps record une élection avec un président élu démocratiquement sur la base d’un fichier biométrique.
Mais ce que Cheick Modibo Diarra oublie, le Mali est différent géographiquement et démographiquement de ce pays. Ce qui montre que M. Diarra est loin de connaître les réalités d’un pays qu’il prétend diriger un jour. En bon politicard l’astronaute converti en politique propose une transition au cas où le budget demandé ne serait pas disponible à temps, mais sans le président sortant, Amadou Toumani Touré. Une transition regrouperait la société et la classe politique. Comme si la transition sous la houlette d’ATT n’a jamais existé. C’est une manière légère de penser de la part d’un homme qui aspire voir le Mali devenir un pays cité en exemple.
En réalité, nombre d’observateurs pensent que le beau-fils de l’ancien dictateur Moussa Traoré doit avoir des idées obscures en tête. Du coup, on se pose la question pourquoi choisir un an avant la fin du mandat de celui qui a fait tomber son beau-père, il y a 20 ans, pour sortir du bois. Le fait qu’il prédit des événements du genre coup d’Etat et autres sont les signes que le navigateur interplanétaire n’est pas descendu sur terre et montre qu’il a du chemin à faire. Sa sortie enflammée a laissé sceptique plus d’un et d’aucuns estiment que sa candidature pourrait être un coup monté pour narguer les acteurs du mouvement démocratique, qui s’opposent farouchement à la réhabilitation de Moussa Traoré.
Si Cheick Modibo Diarra arrive à devenir président du Mali quel sera le sort de son beau-père ? En tout état de cause, les Maliens n’ont pas oublié les affres de son règne et auront du mal à dissocier la vie politique et publique des deux hommes.
Mahamane Cissé