Béni par les "Dieux" bamanan ? Sans aucun doute, mais cette onction divine lui sera-t-il vraiment suffisante en 2012, pour accéder à la plus haute marche du podium.
« L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire". Il n’en fallut pas tant, pour susciter une véritable "bronca ", de la part de quelques sommités intellectuelles du monde africain. Réunis autour de l’ex – première dame de notre pays, l’historienne Adam Ba Konaré, leur cri de révolte et d’indignation contre cette "rengaine paternaliste" aura accouché d’un petit livre au ton pleurnichard, et surtout destiné aux indécrottables ennemis du continent. Mais problème, cette ”grosse leçon d’histoire” administrée au président Sarkozy se révèle un peu trop chère pour nos bourses maigrichonnes. Plus de 80% d’étudiants interrogés jurent— la main sur le cœur— qu’ils n’ont jamais vu ou lu cette "brocante".
Pendant ce temps un autre géant du continent, ce " baobab africain " réfléchissait outre atlantique à des solutions plus concrètes, réalistes c’est-à-dire moins "fantasmagoriques ", pour sortir notre " Afrique ", de la déchéance économique et morale, dans laquelle elle se trouve plongée depuis plusieurs décennies. Ce n’est pas un hasard si déjà en mars 2002, il a été nommé Pdg de la prestigieuse Université virtuelle africaine (UVA) dont le siège se trouvait évidemment au Kenya, pays d’origine de l’homme le plus puissantde la planète. Son itinéraire biographique ?
Un ballon de sonde, pour mieux jauger une opinion incrédule ou sceptique ?
Un vrai conte de fées comme celui de cet autre "fils" du continent noir et singulièrement béni par les dieux bamanan. Son éblouissant parcours académique a débuté sur les bords de la Seine à Paris, mais plus précisément à l’Université Pierre et Marie – Curie. Il est titulaire d’un Doctorat en génie mécanique et aérospatial de Howard University (Washington DC). Mais pour faire court, il est nommé depuis février 2006, Président de Microsoft Afrique.
Un an auparavant, il avait quitté l’université kényane, pour ”cofonder” l’Université numérique francophone mondiale. Vous avez compris, la vie de Cheick Modibo Diarra n’est pas un roman, mais bien évidemment un incroyable mythe né, il y’a au moins une soixantaine d’années, sur les terres tout aussi bénies de son Nioro natal. Toutefois la région d’origine de ses parents reste profondément symbolisée par ces mystérieux balanzans, un arbre mythique s’il en est, qui verdit au cours de la saison sèche et perd ses feuilles pendant l’hivernage. Savez-vous pourquoi ? Dans la mythologie bambara -que le pensionnaire de la Nasa américaine connaît sans doute par cœur— le balanzan qui laisse les autres arbres profiter des pluies est à l’image du chef qui se soucie de son peuple. Une belle leçon de sagesse, ou de philosophie politique, à méditer par cette brillante personnalité du monde noir aux Etats -unis, dont les célèbres initiales nous imposent forcément l’usage du superlatif absolu. Et à qui une certaine presse, qui lui est naturellement favorable, lui prête des ambitions présidentielles pour 2012. Ballon de sonde intelligemment lancé par ses partisans, pour mieux jauger une opinion quelque peu incrédule ou sceptique ? En tous les cas, ni Cheick ni son entourage, n’ont encore démenti cette vibrante et insidieuse "rumeur" qui court toujours. Et c’est tant mieux ! Car, il y’a véritablement de quoi donner de la matière à nos élucubrations intempestives et quelquefois évanescentes sur les chances virtuelles ou réelles de ce "vacancier de luxe".
Les petits partis fantômes ne lui seront jamais d’un grand secours !
Une authentique culture démocratique ne se réduit pas à la sélection d’un ou d’une candidate. C’est le projet, c’est le contrat. C’est la politique qui crée la dynamique. C’est le collectif qui porte l’individuel. C’est pourquoi, malgré son talent, son prestige, de nombreuses personnes se posent des questions réelles sur l’avenir politique de cet homme exceptionnel (dans le domaine de la science s’entend) mais qui manque encore cruellement à ce jour d’un puissant appareil politique digne de ses ambitions présidentielles. Car tout le monde sait et reste convaincu que pour réaliser ce dessein qu’on lui prête avec -insistance— les petits partis fantômes qui peuplent notre paysage politique ne seront jamais d’un grand secours pour lui.
S’il est vrai en effet que l’Adema n’héberge encore que des destins virtuels (en l’absence bien évidemment d’un candidat naturel), on voit mal cependant comment ce parti, qui rêve encore et très ardemment d’un second sacre en 2012, pourrait laisser cette extraordinaire aubaine au profit d’un " illustre inconnu " selon les dogmatiques de cette formation.
Modibo Sidibé, un autre candidat idéal !
Ce sera sans aucun doute le même son de cloche du côté de l’Urd, dont le président d’honneur reste encore un des prétendants les plus sérieux à la succession d’ATT. Depuis 2002, année à laquelle il est allé au second tour de l’élection contre le Général, il ne rêve plus qu’à çà ; il en a fait son unique credo, le combat de sa vie. Par ailleurs, certains analystes pensent également que le cinquième président du Mali sera incontestablement le candidat que les présidents ATT et Alpha (a travers son ancienne formation, l’Adema, dont il est encore un des puissants soutiens financiers) auront choisi, par pur réflexe naturel d’autodéfense, histoire de sécuriser du coup leurs immenses biens et ceux des intérêts de leurs familles et proches. Aucune des deux personnalités, même si le ciel leur tombait sur la tête, ne prendrait le risque "suicidaire" de confier les rênes du pays à un inconnu du sérail et qui, plus est, n’est autre que le gendre (bouranké) de l’ex-président Moussa Traoré, dont le long règne reste toujours synonyme de cauchemar pour des centaines de Maliens.
En revanche, celui qui incarne au mieux ce profil de candidat idéal n’est autre que Modibo Sidibé. La reconversion du Mouvement citoyen en un puissant parti politique ne fait d’ailleurs que conforter cette option surtout, quand on sait qu’ici, comme partout ailleurs, la fameuse formule " On n’organise pas les élections pour les perdre " continue de nous faire froid dans le dos.
Souvenez-vous qu’en 2002 (nous ne cesserons jamais de le rappeler) ce sont au total 541000 suffrages (déjà exprimés s’il vous plait) qui furent invalidés par la Cour constitutionnelle.
Plus de 8 ans après ce "détail de l’histoire" ne sera -t-il pas désormais anecdotique ? Car rien ne sera plus fait comme avant, la réussite d’ATT sera aussi de pouvoir organiser des élections libres, claires et transparentes. Mais par-delà toutes ces hypothèses d’école, les thuriféraires du célèbre astrophysicien espèrent surtout sur un immense sursaut populaire, notamment celui de la jeunesse. Acceptera-t-elle enfin de sortir en masse et de voter pour le candidat de leur choix ? Un autre mystère des élections de 2012.
Bacary Camara