Le réveil, ce mardi 11 décembre à Kita, situé à 168 km de Bamako, a été brutal. L’information donnée par RFI en ce jour a été accueillie de façon presque unanime par les populations de la Capitale de l’arachide. Même si certains murmuraient que le moment était mal choisi pour débarquer l’astrophysicien de la navette pardon de la Primature, d’autres saluent son départ.
« Il a été une déception totale, Dieu merci qu’il soit parti », a dit un cadre de l’administration. D. K, le cœur serré, a estimé de son côté que le Mali restera pour longtemps dans le trou. « Tout le monde croyait que Cheick Modibo avait la capacité intellectuelle d’aider ce pays à recouvrer son intégrité territoriale. Mais il a fait du problème du Mali un problème familial ».
A Kenema, les populations du moins ceux qui s’intéressent à la chose politique n’ont pas été surprises, si ici aussi on a déploré la manière forte. « Pourquoi les militaires ne veulent pas lâcher le pouvoir ? », s’est interrogé un agent visiblement en colère. Pour lui, par leur comportement, le Mali est discrédité par ceux qui soutiennent que nos soldats ne peuvent pas nous débarrasser des bandits du MNLA et les faux musulmans d’Ançar Eddine et du Mujao.
A Kayes, le débat a été moins houleux. Personne dans la cour du gouvernorat n’a touché au sujet malgré notre tentative de sonder certains. La question a été éludée sous prétexte que depuis la signature de l’accord-cadre, qui a donné les pleins pouvoirs à Cheick Modibo Diarra et qui a fait de Dioncounda un figurant, il fallait s’attendre à tout.
Des critiques acerbes
Par contre à Sikasso, la nouvelle a été accueillie dans la joie nous a confirmé un barman qui a dit avoir à boire gratuitement une journée aux clients pour fêter le départ de Cheick Modibo Diarra.« Le pays est au ralenti, l’argent se fait rare et tout est lié à la crise au nord. Pendant ce temps, nos dirigeants se la coulaient douce ».
S’agissant de la nomination de Diango Cissoko en lieu et place de Cheick Modibo Diarra, de Kayes à Kita en passant par Kenema, la surprise est totale. Arguments : « Nous nous attendions à un changement en profondeur pour une refondation de notre démocratie et pour récupérer l’intégrité de notre territoire. Mais, ce PM a contribué à la descente de notre pays en enfer. Il a participé à tous les gouvernements. Dommage ! », a analysé notre interlocuteur.
Pour bon nombre de nos interlocuteurs, le parcours politique de l’actuel PM ne laisse pas entrevoir de réels espoirs de changements ou d’écoute du peuple au regard de sa soumission à GMT et de sa loyauté à ATT qui sont la source de tous les malheurs du Mali.
A Sikasso, certains pensent que Diango ne pourra jamais s’inscrire dans la lutte pour l’assainissement de l’Etat, la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite et la spéculation foncière. D’autres, par contre pensent, que le fait qu’il soit associé à tous les régimes, lui permet de vite faire son diagnostic de la situation et de trouver des remèdes efficaces.
Idrissa Sako
(depuis Sikasso)