Le samedi 08 février 2013, le Centre International de Conférence de Bamako (Cicb) a servi de cadre à la tenue de la première conférence internationale du Conseil Fédéral National des Adeptes de la Tariqa Tijaniya (Confenat- Mali).
La rencontre a mobilisé la présence de 52 khalifes venus de tout le Mali et des érudits venus du Royaume Chérifien du Maroc, de la République islamique de la Mauritanie, de la Côte d’Ivoire… C’était en présence des leaders de toutes les associations islamiques du Mali sans distinction et des représentants de l’église. Des centaines de fidèles ont pris part à la rencontre. La cérémonie d’ouverture était présidée par le Ministre des Affaires Religieuses et du Culte, M. Thierno Amadou Oumar Hass Diallo. Celui-ci avait à ses côtés le président du Confenat, Cheick El Hadj Thierno Hady Oumar Thiam, les conférenciers Sékou Hamadou Diabaté de la Côte d’Ivoire, Alhousseyni Diakité du Mali, Mohamed El Hachimi Talib Ahmedou de la Mauritanie, Dr. Abdoullatif Bagdouri du Maroc et Brediji Ibrahim de la Côte d’Ivoire…
Le thème central de cette première conférence internationale de la Confenat-Mali était : “la réconciliation nationale”.
Au moment où les conférenciers développaient tour à tour les sous-thèmes retenus pour la journée, les 52 Khalifes étaient en conclave en vue de mener les réflexions pour sortir une feuille de route pour les Zawiya, les mosquées et pour toutes les Maliennes et tous Maliens.
Après la traditionnelle lecture du Saint Coran, le président du Confenat-Mali, Cheick El Hadj Thierno Hadj Oumar Thiam, a prononcé le message de remerciements à l’endroit des fidèles venus de toutes les régions du Mali et aussi de l’extérieur.
Cheick Thiam a tout d’abord précisé que cette journée de la Tijaniya est dédiée à toutes les communautés religieuses du Mali. Selon lui, la rencontre s’inscrit dans la dynamique de la paix retrouvée au Mali après la grave crise politico-sécuritaire que le Mali a connue en 2012.
Le président du Confenat-Mali estime que le devoir patriotique est une responsabilité collective et la réconciliation nationale, qui forme la trame des échanges de cette rencontre, comme l’a fait le Prophète Mohamed (Psl), est un travail de longue haleine, qui n’aboutira pas sans la justice. D’où, affirme-t-il, l’islam instaure la paix entre l’homme et son prochain, tout en appelant les fidèles à assumer leur responsabilité.
“Au cours de cette journée, les 52 Khalifes de la Tijaniya présents à la rencontre se concertent pour faire sortir une feuille de route pour les Zawiya, les mosquées… Ce sont eux les chefs spirituels du Mali. Chaque Khalife a des milliers de fidèles qui le suivent, leur message a sa place dans le cœur et dans l’esprit. Aujourd’hui, le Mali a besoin de se réconcilier avec lui-même, les maliens ont besoin de se réconcilier avec eux-mêmes, les maliens ont besoin de se réconcilier avec eux-mêmes. L’homme doit se réconcilier avec soi-même parce que nous vivons dans un monde qui a beaucoup changé, qui est très difficile avec les guerres partout. Il faut la réconciliation dans notre pays au sortir de cette crise politico-sécuritaire. Mais la réconciliation ne peut pas se passer de la justice. Et il faut la justice pour aboutir à l’impunité zéro au Mali. L’injustice zéro, sinon on ne peut pas s’en sortir”, a déclaré Cheick El Hadj Thierno Hady Oumar Thiam, président du Confenat-Mali
Il souligne avec insistance que la réconciliation est un thème d’actualité dont les maliens aspirent aujourd’hui. “La réconciliation oui, mais la justice et la vérité d’abord”, a ajouté Cheick El Hadj Thierno Hady Oumar Thiam.
Il se dit convaincu que Dieu approuve et soutient ce que les Khalifes décident ensemble. Et que de ce fait l’application des recommandations qui sortiront de leur consultation seront obligatoires pour tous les adeptes de la Tariqa Tijaniya.
Par ailleurs, s’il y a un constat que le président du Confenat déplore aujourd’hui, c’est la mésentente entre les religieux. “Les religieux ne parlent pas le même langage aujourd’hui. Je dis ce que je pense. Je dis ce que je vois et ce que je suis en train de vivre. Je suis membre du Haut Conseil Islamique du Mali (Hci), je sais ce qui se passe sur le terrain. Le doute est là entre les musulmans. Avec le problème du nord, il y a la fissure dans le milieu religieux. Il faut qu’on se réconcilie entre nous, toutes les tendances confondues, que l’on soit de la religion musulmane ou chrétienne, il faut qu’on crée la confiance entre nous d’abord, ce qui est très important. En tant que religieux on ne doit pas tromper le peuple, on doit dire la vérité et si on est complice qu’on se déclare et si on ne l’est pas qu’on se déclare. Il faut qu’on essaye d’échanger entre nous, se dire la vérité pour enfin prendre le bon chemin. Toutes les religions sont là à cette rencontre, car nous sommes tous maliens et il y a beaucoup de chose qui nous lient comme le sang. Même si nos religions sont différentes, il n’y a qu’un seul Dieu. Ça c’est une base pour que nous vivons ensemble dans la paix”, a déclaré Cheick Thiam.
Aussi le président du Confenat-Mali a-t-il fustigé la guerre civile en Centrafrique. Pour lui ce que se passe dans ce pays n’est pas un comportement digne d’une religion, qu’elle soit musulmane ou chrétienne. “Un musulman ne doit pas tuer un chrétien et vice-versa. Le prophète Mohamed (Psl) nous a donné l’exemple quand il est venu à Médine, il a fait le pacte entre musulmans et juifs. Cela a été la première constitution sur la terre”, a expliqué le président du Confenat.
Enfin Cheick El Hadj Thierno Hady Oumar Thiam s’est dit convaincu que cette rencontre apportera des résultats positifs sur le plan social. Car, explique-t-il, chaque jour se sont les chefs religieux qui réconcilient l’époux et l’épouse, le parent et l’enfant, les voisins… La réconciliation est leur lieu travail journalier. Les Khalifes trouveront des solutions pour la réconciliation des Maliens, a déclaré Cheick El Hadj Thierno Hady Oumar Thiam, “sans quoi on aura trahi notre engagement envers Dieu”.
Le Ministre des Affaires Religieuses et du Culte, Thierno Amadou Oumar Hass Diallo a lui déclaré que par cet acte, la rencontre, le Confenat soutient le message du président Ibrahim Boubacar Kéita, qui le charge toujours de dire aux religieux que le département des Affaires Religieuses et du Culte a été créé pour un Mali pluriel dans sa foi religieuse.
Le Ministre Diallo a affirmé que tous les Maliens sont libres de choisir l’expression de leur croyance religieuse et que chacun a droit au même traitement dans les termes de notre Constitution et qui fait du Mali une République laïque.
Les Khalifes présents à la rencontre se sont engagés à véhiculer auprès de leurs disciples les recommandations qui ont sanctionné les réflexions.
Modibo KONÉ