S’il y a un homme politique constant dans ses prises de position sur les sujets d’actualité au Mali, c’est bien évidemment Cheick Boukadary Traoré, président du parti Convergence africaine pour le renouveau (CARE Afriki Lakuraya) non moins fils ainé de l’ancien président de la République Moussa Traoré. Des questions politiques, militaires, jusqu’à la laïcité, l’homme ne se fait pas prier pour donner son point de vue. Une démarche rare chez bien nombre de nos dirigeants politiques visibles seulement à la veille des scrutins.
Cheick Boukadary Traoré, candidat à l’élection présidentielle de 2013 est une personnalité politique bien connue de ses compatriotes. Depuis des années, il n’a pas voulu rester dans le sillage de son défunt père de président Moussa Traoré et s’est jeté dans l’arène politique en créant sa propre formation politique Convergence africaine pour le renouveau (CARE Afriki Lakuraya). Avec ce parti politique, il n’a jamais fait mystère de ses ambitions d’occuper la haute charge de président de la République. Ainsi, sur les plateaux TV, à travers les contributions dans les journaux, le fils ainé du président Moussa Traoré donne son point de vue sur les sujets d’actualité comme ce fut récemment le cas après la sortie du haut conseil islamique à travers une grande marche pour dénoncer la profanation du saint Coran. A ce propos, tout en jugeant louable cette action du HCIM, mais, il estime tout de même qu’ il serait maintenant judicieux de laisser la justice faire son travail. Et cela afin d’éviter de creuser davantage certaines divisions provoquées ces dernières années le long des lignes ethniques et religieuses par la crise sociopolitique en cours.
« La crise sociopolitique en cours a sans doute provoqué certaines divisions le long des lignes ethniques et religieuses. Les musulmans et leurs coreligionnaires chrétiens ont protesté contre les attaques verbales et blasphématoires contre l’Islam le vendredi 5 novembre 2022. C’était là une action louable, mais il est maintenant important de permettre au gouvernement de s’occuper de la gestion de cette affaire et laisser la justice faire son travail. Cette approche grandiose ne fera que grandir la personnalité du Croyant et montrer la maturité de la majorité. L’Islam est la religion de la miséricorde et une solution politique est toujours préférable aux problèmes de société » a-t-il proposé lors d’une sortie médiatique dans un journal de la place. Car pour lui, « il est important que des regroupements comme les «Kémites» comprennent que leur politique de vouloir exercer la pression sur la majorité en la culpabilisant ou en la diabolisant parce que différente ou pour avoir des pratiques non conformes à leur pensée peut avoir des conséquences néfastes pour eux-mêmes en tant que minorité telles que : éveiller des attitudes hostiles au respect mutuel, causer une fracture entre majorité et minorités et entraver une intégration sociale de tous les citoyens ».
S’agissant des attaques groupées dont notre armée fait l’objet, le président Cheick Boukadary est catégorique : « Il est temps de taper fort du poing sur la table et de défendre plus fermement nos militaires. Depuis presque une décennie, le peuple malien et ses forces de défense et sécurité sont assaillis par des hommes impies se nommant «djihadistes». L’affaire a tourné à des affrontements entre communautés et il n’est pas facile d’empêcher, dans ce contexte, certaines bavures par des éléments touchés par un psycho-traumatisme. L’avenir du Mali ne passera que par les Maliens eux-mêmes. Le peuple malien a un solide devoir et un impératif moral de refuser aux ennemis du Mali les moyens de donner suite à leurs intentions malveillantes ».
Notons que le président de la CARE s’est aussi prononcé sur le projet de la nouvelle Constitution. A ce sujet, il a déclaré que bien vrai que le texte de loi soit imparfait, « nous pensons qu’une fois qu’on reconnaît cela, on dissipe l’arrogance du passé et de certains auteurs actuels puis on apporte les modifications garantissant l’aspiration de l’ensemble du peuple malien à travers ses valeurs et ses croyances ». Par rapport à la question de langue objet de plusieurs débats dans cette loi fondamentale, le premier responsable de la CARE privilégie plutôt une concertation avant toute décision. Car pour lui, choisir une langue parmi tant d’autres dans une société melting-pot comme le Mali n’est pas une chose facile. « C’est pourquoi le texte de loi devrait faire le sujet d’une sérieuse «dantigè ni baro» (concertation et conversation) avec le peuple malien bien avant son élaboration, mais aussi après sa mise au point » propose-t-il. En tout cas ces différentes prises de positions pourront plaider en sa faveur le jour où il décidera de briquer encore la magistrature suprême.
Kassoum THERA