Le jeudi dernier, la cité des trois caïmans était presque devenue la capitale de l’Afrique. Et pour cause, elle a vibré au rythme de la cérémonie solennelle d’investiture du nouveau président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, à laquelle, plus d’une dizaine de chef d’Etats africains ont pris part en plus du président Français François Hollande. L’invité d’honneur de cette cérémonie qui marque le début du mandat du nouvel homme fort du Mali était le Roi du Maroc Mohamed VI qui participe ainsi pour la première fois à l’investiture d’un chef d’Etat depuis son intronisation.
Investi par la Cour suprême le 4 septembre dernier, conformément à la constitution du Mali qui stipule que le président élu prête serment 15 jours après la proclamation des résultats définitifs par la Cour Constitutionnelle, Ibrahim Boubacar Keita a tenu à l’organisation de cette cérémonie pour dit-il, remercier tous ceux qui lui ont accordé leurs suffrages. Mais aussi, rendre hommage aux chefs d’Etats, invités à cette cérémonie et dont les pays ont été d’un grand soutien au Mali dans la gestion de la crise politico-sécuritaire qu’il a connue pendant plus d’un an.
Etaient présents à cette cérémonie, entre autres, le président Béninois, Yayi Boni, , Alassane Ouattara de la RCI, Georges Carlos Fonseca du Cap vert, Ali Bongo Ondimba du Gabon,. S’y ajoutent Mahamadou Issoufou du Niger, Moncef Marsouki de la Tunisie, Theodore Obiang N’guema de la Guinée Equatoriale, Macky Sall du Sénégal, Gudluck Jonathan du Nigeria, Georges Dramani Mahamat du Ghana, Alpha Condé de la Guinée Conakry, Idriss Deby du Tchad, François Hollande de la France et les représentants de plusieurs autres pays.
Et l’invité d’honneur de cette cérémonie qui était le Roi du Maroc, Mohamed VI dont la visite marque celle d’un Roi du Maroc au Mali, après 50 ans.
En effet, cette cérémonie, faut-il le rappeler a été découplée ainsi pour permettre au nouveau président de la République d’exprimer sa reconnaissance au peuple malien qui s’est mobilisé lors des deux tours de l’élection pour l’élire. Mais aussi, de témoigner de sa reconnaissance aux présidents des différents pays qui ont aidé le Mali à sortir du gouffre dans lequel il était pendant plus d’un an.
La cérémonie a d’abord commencé par la projection d’un visuel sur le président IBK. Un visuel qui retrace son parcours jusqu’à sa brillante élection à la tête du Mali.
Après cette projection, c’est le président Français François hollande qui sera le premier à faire son intervention. Pour rappel, la France est le pays qui a répondu à l’appel du président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré lorsque les « fous de Dieu » qui occupaient, pendant plusieurs mois les trois régions du nord, ont décidé de progresser vers le sud du pays. Une progression qui aura été stoppée à Konna par l’intervention militaire aérienne de l’armée française à travers l’opération Serval.
Hollande sur un terrain connu !
Selon le président Français, c’est une joie pour lui d’être invité à cette cérémonie solennelle qui marque le début du mandat d’IBK. Hollande s’est rappelé de l’accueil populaire à lui réservé lors de sa visite au Mali au début de l’année.
Selon lui, cette cérémonie est l’aboutissement d’un combat commun qu’ils ont mené ensemble quand Konna, Diabaly, Gao, Tombouctou, Kidal, Tessalit ont été libérés. Et aujourd’hui, c’est le Mali tout entier qui est libéré, dit-il.
Selon lui, la France est fière d’avoir pris part à cette libération car elle n’a fait que répondre à l’appel de Dioncounda Traoré.
« Nous avons gagné cette guerre, chassé les terroristes et vous avez réussi à organiser des élections de façon incontestable dont l’élu est aujourd’hui le président de la République », a-t-il indiqué.
Après avoir rendu hommage aux sept militaires français qui sont tombés au front, il a aussi rendu un vibrant hommage à ceux du Mali, du Tchad et des autres pays africains qui sont tombés sur le champ de l’honneur.
Selon lui, leur solidarité a permis d’infliger de lourdes pertes aux terroristes au nord du Mali.
A l’en croire, la France restera aux cotés du Mali durant le temps qu’il faut. Mais que c’est aux africains d’assurer leur propre sécurité.
Par ailleurs, François Hollande indiquera que la France procédera, avec l’UNESCO à la reconstruction des mausolées détruits et l’ensemble du patrimoine mondial de l’UNESCO détruit par les terroristes lors de leur passage au Nord du Mali.
Aussi, le président Français laissera entendre enfin que la France est intervenue au Mali pour payer une dette car les Maliens et africains l’ont aidé en donnant de leurs vies lors de la guerre mondiale. Et c’est leur devoir, à leur tour, de venir en aide au Mali.
Le pacte de sang entre le Mali et le Tchad !
Son intervention sera suivie par celle du président Ivoirien et président en exercice de la CEDEAO, Alassane Ouattara qui dira qu’IBK est le président démocratiquement élu du Mali. Toute chose qui constitue une joie pour lui.
Alassane Ouattara a aussi remercié le peuple malien pour la belle leçon de démocratie qu’il a donnée à l’Afrique et au monde entier. Avant de rendre hommage au président par intérim, Pr Dioncounda Traoré pour avoir réussi à organiser des élections crédibles.
Selon lui, Ibrahim Boubacar Keita est vraiment l’homme de la situation et le Mali est entre de bonnes mains.
Pour sa part, le président Tchadien, Idriss Deby rendra hommage au peuple malien et à Soumaïla Cissé, le challenger d’IBK au second tour de l’élection pour son geste.
Selon lui, l’unanimité autour de l’élection d’IBK lui donne de la légitimité.
Pour lui, le chantier devant lui est vaste. Ce qui fait qu’il n’a pas droit à l’erreur.
Et Idriss Deby d’inviter IBK à expérimenter l’expérience tchadienne lorsqu’il a failli être emportée par une crise en 2006.
Au peuple malien, il a demandé d’aider le nouveau président de la République à réussir sa mission.
Selon lui, son pays, le Tchad est éloigné du Mali mais très proche de lui pour plusieurs raisons.
Pour lui, IBK a entre les mains, un pays qui a trébuché mais pas tombé.
Et le Tchad, a t-il dit, est désormais lié par un pacte de sang avec le Mali.
Pour sa part, le Roi du Maroc Mohamed VI indiquera que sa présence à cette cérémonie se veut l’expression de l’amitié du peuple marocain et le témoignage de son attachement à la relation singulière qui le lie au Mali.
Selon lui, malgré les difficultés, le Mali a réussi des élections présidentielles transparentes et crédibles.
Cette réussite, selon lui, est la réponse la plus judicieuse aux errances, partout ailleurs dans le monde, des radicaux et extrémistes de tous bords.
«Si nous nous félicitons tous la victoire collective sur les forces obscurantistes et séparatistes au Mali, nous sommes tous conscients de l’ampleur des défis qui l’attendent dans cette nouvelle phase de réconciliation et de reconstruction nationale »,a t-il assuré.
Et d’indiquer que le Maroc restera le partenaire fidèle et engagé qu’il a toujours été pour le Mali.
Et le président Ibrahim Boubacar Keita d’exprimer toute sa reconnaissance aux chefs d’Etats et de gouvernements venus nombreux à cette cérémonie. Selon lui, tout le peuple malien les salue de leurs actions au Mali.
IBK a également exprimé sa reconnaissance à tous les pays qui ont participé à la libération des trois régions du nord du Mali d’entre les mains des islamistes, notamment la France et le Tchad qui ont payé le plus lourd tribut.
Selon lui, « le Mali d’abord » qui était son slogan de campagne était d’abord une véritable proclamation de foi. Car chaque centime du pays sera utilisé pour améliorer l’accès à l’éducation, à la santé. Et pour faire du Mali, un pays émergent.
Selon lui, le Mali sera doté d’une armée républicaine à même de jouer son rôle régalien de sécurisation des populations et de l’intégrité territoriale du Mali.
Pour lui, le Mali revient dans le concert des nations. Et il a un rôle à y jouer.
Cette intervention du nouvel homme fort du Mali a été suivie par un déjeuner offert aux hôtes et une conférence de presse au palais de Koulouba.
Dieudonné