Cent jours à la primature : A reculons…

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«Il n'y a pas de solution militaire dans le nord du Mali»
Le Premier ministre du Mali, Moussa Mara, à Bamako, le 18 mai 2014. (Photo Fabien Offner.AFP)

Le Premier ministre Moussa Mara vient d’avoir 100 jours à la Primature. Depuis le 5 avril qu’il a remplacé Oumar Tatam Ly, démissionnaire dans les conditions qu’on sait, qu’a-t-il apporté à la gestion des affaires publiques, à l’amélioration des conditions de vie des maliens?

 

Le 5 avril dernier, le Premier ministre Oumar Tatam Ly démissionnait dans des conditions pas très claires (il reprochait beaucoup de choses à IBK dans sa lettre de démission) ; dans la foulée Moussa Mara, ministre de la Ville dans l’ancien gouvernement, était nommé à sa place. Le nouveau Premier ministre a-t-il apporté un semblant de solution aux difficultés des maliens ? Qu’a t-il fait depuis son arrivée il y a de cela plus de 100 jours ? Nous allons essayer de faire un bilan de manière très objective.

 

Sur le plan sécuritaire, il faut reconnaître que c’est un recul depuis le 21 mai avec la visite du Premier ministre qui a tenu – coûte que coûte – à s’y rendre, malgré les conseils et les multiples mises en garde. Argument avancé : vérifier l’implantation de l’administration sur toute l’étendue du territoire national. Finalement, la mission a plus desservi qu’elle n’a servi. L’administration, qui devait être implantée, a perdu en crédibilité, en présence après la visite du Premier ministre.

 

Prenons le simple cas de Kidal. Avant le 21 mai, un gouverneur s’y trouvait, un préfet et des sous-préfets dans tous les cercles de la zone. De nos jours, les responsables de l’administration qui n’ont pas été exécutés, ont fui la région et rien ne représente le Mali à Kidal. C’est le même cas à Ménaka, Anefis, Tessalit, Aguelhok, Djebok et sur l’ensemble de la zone entre Kidal et Gao. Finalement, fallait-il vraiment forcer ce voyage sur Kidal pour ce résultat ? C’est ce que l’ancien Premier ministre a lui dû comprendre pour renoncer à son déplacement. Pour Moussa Marra, c’était un défi personnel. Les uns et les autres pensent d’ailleurs qu’il le faisait pour lui-même et qu’il l’a fait dans le cadre de son agenda personnel et non pour le pays.

 

En gros, cette visite a remis en cause, jeté à l’eau et anéanti des efforts de plusieurs mois consentis et par la communauté internationale et par l’armée malienne et par les maliens eux-mêmes. En effet, le Mali avait récupéré l’ensemble de son territoire avec l’aide de la France et de son armée, l’EUTM formait des soldats qui dissuadaient les rebelles à avancer (aujourd’hui, ils n’ont plus peur), le drapeau du Mali flottait sur l’ensemble du territoire et on ne voyait plus de drapeau islamiste ou Mnla. Aujourd’hui, le tableau est très sombre, le Mali a perdu, au su et au vu des soldats de la communauté internationale, la moitié de son territoire, l’administration existe à peine au Nord, le drapeau du Mnla flotte sur prés de la moitié du territoire national. Nous avons une armée humiliée, affaiblie et incapable de réagir. Le Mali a perdu tout crédit vis-à-vis de la communauté internationale ; l’image de nos autorités (surtout celle du président) a pris un sacré coup.

 

Sur le plan politique, le bilan n’est pas non plus élogieux. La majorité et l’opposition s’adressent à peine la parole. On croyait que la rencontre entre le président et l’opposition allait calmer les ardeurs et détendre un peu l’atmosphère, mais c’était peine perdue. Quelques jours après cette réunion, les députés de l’opposition parlementaire déposent une motion de censure contre le Premier ministre qu’ils accusent d’être responsable de tout le chaos que le pays revit. Ils l’accusent d’être responsable de la débâcle de Kidal et de l’humiliation qui s’en est suivie pour tout le peuple malien.

 

Aujourd’hui, Moussa Marra est décrié au sein même de la majorité parlementaire, au nom de laquelle il siège au bord du Djoliba. Les dernières informations disent que le RPM (parti présidentiel) demande son départ et que ses responsables ont même été reçus par le président de la République au sujet de son départ. Pire, la mouvance est sérieusement divisée depuis un certain temps, compte tenu de beaucoup de choses. D’abord sa boulimique volonté de prendre la tête de cette mouvance avec un seul député, la démission de Soumeylou Boubèye Maïga du gouvernement, dont le parti pourrait claquer la porte de la majorité parlementaire.

 

La situation économique et financière du pays n’est pas non plus reluisante depuis ces derniers 100 jours. Précisément depuis que le Premier ministre s’est prononcé sur l’achat du nouvel avion présidentiel lors de sa déclaration de politique générale. Dès lors, comme s’il n’attendait que ça, le FMI s’est intéressé au dossier et a gelé ses fonds. Il a été suivi en cela, naturellement, par la Banque mondiale et l’Union européenne.

 

Ceci pour dire que les perspectives sont loin d’être bonnes, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire.

 

Moussa Touré

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2 COMMENTAIRES

  1. Ibrahim Boubacar KEITA : Un chef de l’Etat qui ne se rêve pas en De Gaulle Malien, mais en Président IBK, pour l’honneur du Mali et le bonheur des malien !

    Le PARENA est un parti qui a décidément du mal à assumer sa présence au sein de l’opposition. Il reste désespérément à la recherche de la lumière, celle qui lui permettrait de se trouver une place dans l’architecture politico institutionnelle de notre pays, d’en vivre et d’en jouir comme à la belle époque. Sa dernière trouvaille est de vouloir faire du Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), élu démocratiquement, un « De gaulle Malien », qui comme l’ancien Président français au sortir de la seconde guerre mondiale, supervisa une sorte de transition de quatre ans, pour la mise en place de reformes décidées par des « assises nationales ». C’est pourtant ce même PARENA, qui s’est évertué, au sein du FDR, à torpiller les Assises nationales demandées par d’autres, pendant la transition de 2012 – 2013.

    Cette période transitoire est aujourd’hui terminée. Sous l’égide du Président IBK, le Mali est en redressement avec un cap qui n’a pas dévié : restaurer l’honneur du Mali et faire le bonheur des maliens. Ce cap ne sera pas dévié, malgré les rodomontades et les chausses trappes des cassandres qui crient, et espèrent, chaque jour la chute du Mali et le désespoir des maliens.

    A nos amis du PARENA, nous leur conseillons de travailler dans l’opposition, et de se préparer à la quête d’une hypothétique alternance démocratique. Le pouvoir garantit la liberté de s’opposer, de proposer et travaillera à ce que ces droits restent un acquis, tout comme la liberté de la presse. Mais de grâce qu’ils souffrent de voir d’autres au Pouvoir, travailler dans la douleur au service des maliens et prendre des décisions en leur nom, conformément au mandat qui leur a été démocratiquement confié ! Qu’ils souffrent de voir d’autres aller discuter des questions de paix et de développement sur le nord du Mali ! Qu’ils souffrent de voir d’autres proposer les solutions sur ce dossier qui n’est pas leur propriété et encore moins leur exclusivité.

    A nos amis du PARENA, nous leur disons que le temps des approximations, des contrevérités et des « propositions » aussi simplistes que dénuées de sens est révolu. En voici la preuve :

  2. VOUS LAISSEREZ LE JEUNE MARA EN PAIX!!! IL N’EST PAS LE PROBLEME DU MALI!!! NOUS SOMMES TRES CAPABLES QUAND IL S’AGIT D’ATTAQUER POUR DETRUIRE NOS SEMBLABLES MAIS NOUS NE POUVONS PAS RESOUDRE LES PROBLEMES FONDAMENTAUX DE NOTRE FASO!
    MARA A CERTES FAIT DES ERREURS. ET APRES? QUI NE FAIT PAS DE FAUTE? LET’S MOVE ON!!!! LE MALI A DES PRIORITE’S EXTREMEMENT IMPORTANTES QUI NE PEUVENT PAS ATTENDRE!!!

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