Cent jours du Premier Ministre à la tête du Gouvernement : Fête en fanfares, vraies préoccupations des Maliens

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Très attendu, mais n’ayant pas comblé les attentes, Cheick Modibo Diarra fait du pilotage à vue. Son équipe a fêté ses 100 jours, mais n’a pas pu convaincre nombre d’observateurs avertis.

Cheick Modibo Diarra, PM

A la faveur d’un entretien accordé à la presse vendredi et diffusé sur l’ORTM et Africable samedi, le Premier Ministre, Cheick Modibo Diarra a confirmé tout ce que certains pensent bas de lui : son mépris pour la chose politique. L’homme a manqué une occasion de redorer son image fortement écornée et d’avoir la caution des Maliens. Il a tout simplement raté une bonne occasion de se taire. Au contraire, il s’est donné en un spectacle à l’allure du Koteba, en évitant de répondre correctement aux questions qui lui sont posées. Sur tous les sujets de préoccupations nationales, Cheick Modibo Diarra a montré son indifférence à la souffrance que vivent nos compatriotes. Sur la gestion du pays, il a laissé les téléspectateurs sur leur faim. En clair, le politicien de la 25ème heure qu’il est, par cette sortie, a plongé le Mali et les autres pays qui veulent l’aider à sortir du gouffre dans la peur. Constat frappant : ses propos semblent emprunts de morgue et de mépris. Tantôt, il fait semblant de caresser la Communauté internationale, tantôt il verse dans la dénégation. «Certains hommes politiques ont des amis et des carnets d’adresses solides, c’est pourquoi les partenaires ont refusé d’aider le pays. Ce n’est pas la CEDEAO qui va voter», lance-t-il. Sur la question du nord, il a inventé des chiffres et des actions, alors que sur le terrain, la réalité est tout autre. Pour ce qui est de la libération des régions occupées, il se perd en conjectures, en se glorifiant tout simplement de la guerre que les différents mouvements se livrent. Non sans jeter un discrédit sur les milices d’auto-défense. « La guerre,  c’est l’affaire des militaires, toute personne qui veut la faire doit rejoindre l’armée», déclare t-il pour décourager les milices. Mais, il oublie que si ces jeunes se sont aventurés sur ce terrain, c’est parce que l’armée était absente au front  et ne montre pas des signes d’un retour imminent. Comment une armée dont beaucoup d’éléments ont été recrutés sur la base des critères extramilitaires peut-elle gagner cette guerre sans l’aide extérieure ? Comment est-ce que ces jeunes volontaires peuvent être recrutés ?

Sur l’affaire des bérets rouges, il a jeté à la figure des parents qu’ils doivent se patienter et qu’il a l’information selon laquelle certains soldats du régiment de commandos se trouvent dans les pays voisins. S’agissant de l’agression du président de la République, Cheick Modibo Diarra humilie le Mali sans le savoir, d’autant qu’il déclare disposer de la photo des présumés auteurs, mais que l’enquête doit être menée minutieusement. Secret de polichinelle. Et pour le cas des atteintes aux libertés, notamment les agressions, menaces et intimidations répétées contre des journalistes, il patauge en donnant l’impression de quelqu’un qui se reproche quelque chose. «Le journaliste Konaré a été tabassé ici, Hamidou Diarra aussi, rien ne s’était passé. Alors que nous avons pris le dossier en main et une enquête a été ouverte pour savoir qui est derrière cette action », fredonne le Premier Ministre. Avant de proposer de façon ironique des hommes en uniforme pour sécuriser les rédactions. Scandale et mépris, crient nombre de nos confrères et les défenseurs des droits de l’homme : le Mali plonge dans la tourmente. Car, le chef du gouvernement a montré tout au long de son speech un dégoût pour la presse. « Si on lit les journaux, on a peur de venir au Mali», mâche-t-il. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est quand, il a dit que personne ne peut le démettre de ses fonctions, même le président de la République. En conclusion, Cheick Modibo Diarra a dévoilé un secret sans le savoir peut-être : les salaires sont payés malgré l’absence de l’aide extérieure. Ce qui explique que le régime défunt a au moins le mérite d’avoir laissé quelques choses dans les caisses.

Soufi MAHAMANE 

 

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