CEN, le rapport confère à l’«Azawad» un contenu géographique, culturel et historique

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Cérémonie d´ouverture de la CEN: allocution du Président de la République : Ibrahim Boubacar Keita

Conférence d’entente nationale : le rapport final des assises a été présenté ce matin. Le document formule plusieurs recommandations dont l’amélioration de la gouvernance, le rétablissement de la sécurité, la gestion des diversités, la gestion des ressources économiques du pays. Sur la question de l’Azawad, le rapport confère au mot un contenu géographique culturel et historique.

Selon le rapport, le terme Azawad ne renvoie à aucun projet politique. De plus il ne peut non plus englober toutes les régions du nord du Mali. L’Azawad, précise le document, est une entité géographique, mémorielle et historique. Après cette déclaration la réaction de la Coordination des Mouvements de l’Azawad ne s’est pas fait attendre.

Un de ses responsables a aussitôt dénoncé ce rapport qui selon lui ne prend pas en compte leurs préoccupations. Très en colère, il a menacé en ces termes « il n’ y aura pas de paix tant que l’Azawad n’a pas un statut politique et juridique ». Aussitôt une discussion houleuse s’est engagée dans la salle entre pro et anti-azawad.

Le président de la commission rappelle tout le monde à l’ordre et demande aux participants de déposer leurs objections au bureau de la conférence. Le président du comité d’organisation de la conférence souligne que la question du statut de l’Azawad est réglée par les accords de paix d’Alger. Toutefois il demande aux représentants de la CMA de poursuivre la discussion dans un autre cadre et avec qui de droit.

Les responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad disent être restés sur leur faim. Selon Almou Ag Mohamed, l’un des porte-paroles du mouvement, des questions brûlantes notamment le contenu à donner au terme « Azawad » n’ont pas trouvé de réponse. Il estime que le débat concernant l’Azawad doit se tenir au niveau local. Almou Ag Mohamed:
« J’avoue que moi-même, je reste sur ma faim. Parce qu’on a constaté que cinq jours de débat national ne suffisent pas pour trancher les questions brûlantes comme celle de l’Azawad. Par exemple, le seul cadre dans l’accord pour traiter la question de l’Azawad, c’est cette conférence d’entente nationale. Donc il serait vraiment dommage qu’au sortir de cette conférence d’entente nationale et qu’on ne donne pas une définition claire et un contenu clair au mot ”Azawad”. Les uns et les autres se sont disputé pendant ces trois jours. Mais jusque-là, je vois que la conférence tire vers sa fin. Mais on n’a pas encore donné une solution satisfaisante au traitement de cette question. Peut-être que le cadre n’a pas été trouvé, le cadre idoine pour débattre de cette question, parce que je le dit et je le pense toujours, l’accord nous a un peu piégé à ce sujet. Il dit que cette question va être débattue dans un cadre national, mais je pense qu’il faut ramener ce débat au niveau local ».

Les responsables de la Plate-forme se félicitent de la tenue de la conférence d’entente nationale. Selon eux, les assises ont permis aux Maliens de s’asseoir et de discuter de leur problème. Toutefois, ils regrettent le fait que la CMA reste accrochée à ses revendications séparatistes. Fahad Ag Almahmmoud Secrétaire Général du Gatia membre de la Plate-forme:
« Vous l’avez remarqué, pendant ces six jours les uns et les autres ont débattu sans tabou. Ils ont exprimé leurs idées, leur façon de voir les choses. Les débats n’étaient pas orientés par qui que soit. De ces six jours de débats, force est de constater que, j’ai eu comme impression que le débat est toujours sur l’hypothèse d’un nord-Mali appelé Azawad qui réclame une indépendance malgré les accords. Je n’ai pas eu l’impression pendant ces six jours que les gens notamment ceux de la CMA avaient compris que nous sommes dans un Mali uni et indivisible. J’ai l’impression qu’il s’agissait pour eux d’un débat ou d’un référendum pendant lequel on exprimait son choix ».

Le président du Haut conseil islamique salue aussi la tenue de la conférence d’entente nationale. Selon Mahmoud Dicko, beaucoup de questions qui divisent les Maliens ont été évoquées lors de ces assises. Cependant, il trouve que celle du centre n’a pas été suffisamment évoquée. Mahmoud Dicko, Président du Haut conseil islamique:
« D’abord on retient que c’est tout le peuple malien qui s’est retrouvé ici pour débattre son problème. Je crois que c’est extrêmement important quand le peuple même se rend compte que la solution de notre problème ne peut venir que de nous-mêmes. Donc se mettre ensemble, débattre, chercher une solution, c’est déjà quelque chose. Le fait que toutes les catégories de personnes se sont retrouvées dans un même endroit, toute la diversité malienne qui se retrouve dans un même endroit pour débattre, c’est déjà en soi, une victoire. Beaucoup de questions ont été évoquées, moi-même j’ai souligné une question que j’ai trouvée peu évoquée, c’est la question du Delta central du Mali. Je pense que cette question ne doit pas être occultée. Nous devons vraiment faire face à toutes ces questions. La dimension religieuse spirituelle de cette crise-là, on doit la voir en face de nous pour chercher une solution à cela. Il ne s’agit pas pour nous de remettre en cause le caractère laïc, républicain ou démocratique de notre pays, mais il y a un problème qui est là et ce problème, il faut oser le poser et trouver sa solution ».

De son coté, l’opposition malienne est apparue hier à la Conférence d’entente nationale. Depuis le début des travaux, elle avait boycottée cette rencontre. Ses responsables ont fait un passage symbolique au palais de la culture ce samedi après la décision du gouvernement de « prolonger la rencontre ».

Par studiotamani

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1 commentaire

  1. Un problème sans solution est un problème mal posé, A EINSTEIN. La CEN était sensée être un cadre d’échange pour faire le diagnostic des problèmes qui minent le pays d’abord et ensuite trouver les solutions idoines à chacun de ces problèmes. Mais force est de constater que les gens ont passé des jours à ne parler que de l’Azawad. Pour mieux soigner un malade, il faut forcement savoir de quoi il souffre.

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