Ce qu’il faut savoir Dioncounda Traoré : « Un homme, une vie, un destin »…

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Président de l’Assemblée nationale jusqu’au 12 avril dernier, le Pr Dioncounda Traoré est un dinosaure de la politique. Ancien bagnard, il vient de célébrer les bougies de ses 70 printemps. Aussi, signalons que le nouveau président du Mali (intérimaire) est un grand syndicaliste.
En effet, tout à changer en l’espace d’un laps de temps en faveur du Pr. Dioncounda Traoré. Un coup d’Etat dirigé et perpétré, le mercredi 22 mars 2012, par le Capitaine Amadou Haya Sanogo « Baule » et ses hommes qui mettait un terme au pouvoir démocratiquement élu de l’ancien  président ATT. Suite à ce putsch, la cédéao a exercé sur les putschistes une pression pour un retour à la légalité constitutionnelle avant d’imposer à notre pays un embargo politique, économique et financier. C’est dans ce contexte très tendu que la junte a rétabli  la Constitution  du 25 février 1992 qui avait été suspendue aux premières heures du putsch. Dans la même foulée, les auteurs du putsch ont signé avec la cédéao  un accord cadre le 6 avril dernier.
Et après lecture de cet accord cadre, le 6 avril 2012, par le chef de la Junte militaire, sous l’égide du ministre burkinabé des affaires étrangères Yipènè Djibril Bassolé, représentant du président du Faso et médiateur de la cédéao dans la crise malienne, Blaise Compaoré, le Pr. Dioncounda Traoré  qui a longtemps pensé, mûri, réfléchi,  et cru, en ses chances de devenir un jour président de la république du Mali  est enfin parvenu au sommet de son art atteignant ainsi son objectif de  Président de la république du Mali, même si c’est par la voix intérimaire. En tout cas, l’histoire retiendra que le natif de Nara a été le président du Mali pendant au moins quarante (40) jours.
Auteur de brillantes études durant tout son parcours scolaire, le Pr. Dioncounda Traoré qui a obtenu son Baccalauréat malien en 1961 avant de  décrocher son doctorat en math, a séjourné en URSS (actuelle Russie) dans les années 1968 et en l’Algérie pour où il a dispensé   des cours dans des écoles supérieures avant de signer son  retour au bercail où il va lancer  dans le syndicalisme. Toute chose qui démontrait l’ambition qu’il avait en tête. Mais, les choses n’étaient pas aussi simples pour lui, surtout sous un régime militaire et dictatorial d’un autre général : Moussa Traoré, où l’on ne tardait pas une seconde à envoyer les adversaires et autres personnes gênantes en taule (bagne ou prison). Le plus souvent, les « tauliers, prisonniers ou bagnards» sous ce régime dictatorial avaient pour lieux de rendez-vous, les localités du nord Mali : Taoudéni ; Ménaka, Kidal, Tessalit ; Aguelhok, entre autres. Durant leur séjour dans cette partie du territoire malien, ils n’avaient aucun contact avec leurs parents à fortiori un ami ou une connaissance.
Mais le destin étant et aidant, le Pr. de maths revenait à Bamako (saint et sauf) sans tambour ni tam-tam. Sans démordre de son ambition, il reprenait son combat d’avant prison. Puis intervinrent les chaudes journées de : janvier, février et mars 1991. Le peuple qui s’était soulevé contre le régime dictatorial du général Moussa Traoré en avait assez sur le dos et il fallait le changement qui  arriva finalement un 26 mars 1991, grâce au coup d’Etat ou coup de génie d’un lieutenant colonel du nom de : Amadou Toumani Touré « ATT ». La liberté d’expression est offerte à tout le monde, la démocratie est née et le multipartisme est instauré au Mali.
Place est donnée ensuite à la création des premiers regroupements politiques, ainsi est née l’ADEMA/PASJ (Alliance pour la Démocratie au Mali/Parti Africain pour la Solidarité et la Justice) et notre Pr. en est un  membre fondateur de ce nouveau parti, qui deviendra ensuite, la plus grande formation politique du pays. Puis ce fut l’ouverture d’un avenir éclair. Il occupa successivement les portefeuilles de ministre de la Défense, et de ministre des Affaires Etrangères sous la mandature du premier président élu démocratiquement au Mali : Alpha Oumar Konaré. L’icône Dioncounda Traoré de passer ensuite un temps sous les feux d’artifice de l’oubliette : c’est la période de la traversée du désert. Mais, le destin aidant, l’homme parvenait à se maintenir au devant de la scène puisqu’il demeure  président de la plus grande formation politique du pays : l’ADEMA/PASJ. Puis intervint la présidentielle de  2002, le candidat de son parti, Soumaïla Cissé est au deuxième tour et malheureusement il le perdrait contre ATT.
Et, entre 2002 et 2007, le chef du parti de l’abeille passait une période sous l’eau. C’est-à-dire à l’écart du commandement central de l’Etat. Puis arriva les élections générales de  2007(présidentielle et législatives) où il sera élu comme député à Nara. Fin stratège, il est parvenu à se faire élire président de l’Assemblée nationale. Donc devenu du coup, la deuxième personnalité de l’Etat conformément aux dispositions de la Constitution du 25 février 1992, en vigueur au Mali. Comme le prévoit cette constitution, en son article 36, alinéa 2, en cas de vacance de la présidence c’est le président de l’Assemblée nationale qui  assure l’intérim de 21 jours au moins et 40 jours au plus.
Et le coup d’Etat survenu, le mercredi 22 mars 2012, mettant un terme au pouvoir de l’ancien président ATT, le Pr. Dioncounda Traoré ne pouvait en espérer autrement que d’assurer l’intérim après l’intervention de la CEDEAO pilotée par le président Blaise Compaoré du Burkina Faso. Grâce à la médiation burkinabé, la Junte sous la conduite de son chef le Capitaine « Baule » a daigné faire des concessions en rétablissant  l’ordre constitutionnel du 25 février 1992, qui avait été suspendu aux premières heures du  coup d’Etat.
Ce qui a permis au Pr. Dioncounda Traoré de réaliser aujourd’hui l’un de ses vieux rêves de devenir un jour président de la république du Mali sans passer par les urnes. C’est ainsi que le jeudi 12 avril 2012 au CICB, le fils du soldat de l’armée coloniale a été investi président de la république du Mali par intérim par le président de la Cour Suprême, pour une période de 40 jours. En dépit de toutes les considérations que pourraient faire les uns et les autres, l’histoire du Mali retiendra sans aucun doute ce passage  du Pr. Dioncounda Traoré à la tête du pays.
Par Zhao Ahmed A. Bamba

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