En ce début d’hivernage du mois de juin, la canicule bat son plein. Les maliens sont fatigués des discours et autres cousinage « sinankouya » du Chef de l’Etat. Ils veulent du concret. C’est ce moment qu’ATT choisit devant un parterre de journalistes nationaux et internationaux convoquer pour l’écouter pour faire son bilan de neuf ans.
Elu en 2002 à la suite d’une élection présidentielle âprement disputée face à de grosses pointures comme Ibrahim Boubacar Kéïta, tout puissant président du RPM, à Soumaila Cissé, candidat de l’ADEMA PASJ, parti qui avait dirigé le Mali de 1992 à 2002 sous Alpha Oumar Konaré ; l’indépendant sorti dont on ne sait où, va battre ses adversaires les plus coriaces (pour ne citer que ceux-ci), les plus en jambes à la surprise générale. La suite est connue puisque le Mali étant un pays de paix et où quelque soit le problème, il se règle en famille, tout le monde (je veux dire la classe politique réunie dans sa quintessence au sein d’Espoir 2002), a accepté reconnaître la victoire de l’Indépendant Amadou Toumani Touré dit ATT. C’est vrai l’homme ayant tiré les leçons de cette victoire douloureuse car étant candidat indépendant, savait avec qui il a à faire. Aussitôt, il formera un gouvernement de large ouverture dans sa formule magique du consensus. L’enfant du Sudu Baba réussira bien de choses à la surprise générale de ses détracteurs : construction de routes afin de désenclaver le pays (crise ivoirienne aidant), création d’usines dont certaines ne feront pas long feu et bien d’autres projets. Cette ouverture démocratique a permis au nouveau locataire de Koulouba de rassembler des formations politiques qui se regardaient en chiens de faïences. La formule du consensus a cassé cette barrière qui a permis le dialogue, les fréquentations entre partis politiques qui à peine sous l’ère Alpha, se parlaient.
Le second mandat de trop
Aussitôt élu Président de la République le 08 juin 2002, ATT tente de mettre en œuvre son programme. Et dans la même vaine prépare sa réélection pour un second mandat en 2007. Ainsi donc, des manœuvres seront menées et qui verront des partis animer l’Opposition à leur tête le SADI et le PARENA qui seront suivis quelques temps après par le RPM d’IBK. Cette seconde mandature sera mouvementée car, l’Opposition sera active même si elle n’a pas assez d’élus à l’Assemblée Nationale pour constituer un contrepoids réel. Ayant su « dompter » la classe politique ce Commando sait à chaque grande décision convaincre les partis qui se sont déclarés de la mouvance présidentielle : ADP. C’est fort de ce soutien, l’homme sera réélu sans aucune difficulté en 2007 face à un IBK diminué puisque son parti ayant perdu bien de cadres et la base s’est effritée. De nos et à quelques encablures de la fin de son mandat, le régime ATT est aux abois acculé par des revendications tous azimuts.
Et pour cause, d’abord l’affaire dite des Généraux qui minent le sommet des gradés des forces de Sécurité et de défense. En clair le cas du Général Niamé Kéïta face à son Ministre de tutelle, Général Sadio Gassama, fidèle parmi les fidèles dit-on. Le premier accusant le second de n’être pas sincère dans ses comptes-rendus au Chef de l’Etat qui limogeait à la surprise générale le DG de la Police Nationale. Comme si cela ne suffisait pas, ATT au cours de l’émission Baro en marge du 08 juin, remuera le couteau dans la paix en faisant savoir à l’opinion nationale et internationale « qu’il a limogé Niamé Kéïta pour fautes professionnelles ». Mieux, c’est un Lieutenant-Colonel connu dans les milieux de la hiérarchie qui répondra au Général Niamé Kéïta ne lieu et place du Général Sadio Gassama. La tension est palpable.
Arrestation imminente du Général Niamé Kéïta
Déjà le limogeage de l’ex Dg à la surprise générale, a crée un climat délétère au sein de la troupe. Tout corps confondu à en croire nos sources. Le malaise est là car, l’indiscipline caractérisé qui mine les forces de sécurité et de défens, surtout au niveau de la Police nationale, n’est un secret pour personne.
L’arrestation du général Niamé Kéîta est au cœur des débats dans les salons huppés de la capitale à tel point que cela ravive la tension. A mon avis, ATT et son équipe pense maîtriser la situation laquelle va s’empirer s’ils ne prennent pas garde.
Si avec la question de l’AMO les pouvoirs publics continuent à vouloir convaincre les travailleurs, le climat est lourd et la tension perceptible à tel point que des marches plus intensives ne sont plus à écarter si l’on en croit nos sources.
Le clash avec le fichier électoral
Quant au fichier électoral, la sortie du Chef de l’Etat le 10 juin dernier face à la presse, ne laisse aucun doute sur une possible confrontation avec ses alliés les plus proches. Voir un bras de fer entre la quintessence de la classe politique et la mouvance présidentielle qui se réduit comme en chapeau de grain. Et pour cause, en disant le 10 juin dernier devant la presse que « ceux qui s’agitent aujourd’hui pour réclamer un fichier électoral avec le RAVEC, qu’ils sachent que le RAVEC a été initié pour avoir un état civil convenable. Par conséquent, il n’est pas fait pour un fichier électoral. Il nous a coûté 16 milliards de nos francs. Maintenant, je suis surpris de voir certains s’agiter alors qu’ils ont donné leur avis en son temps à la Commission Daba Diawara. Qu’ils restent tranquilles, les élections auront bel et bien lieu en 2012. Et le 08 juin, le nouveau Président de la république sera investi. Toutes les réformes annoncées seront réalisées car en 14 mois je l’ai réussie en 1991. Pour quoi pas maintenant ! ».
Cette déclaration qui est sans ambigüité, suscite un débat au sein de la classe politique qui tient à un fichier électoral avec le RAVEC. Dialogue de sourd. Assisterons-nous à un bras de fer ? L’effritement total de l’ADP sera total ? Possible si l’on en croit nos sources, car, bon nombre de leaders politiques aujourd’hui, sont déçus par les actes et propos du locataire de Koulouba qui essaye de maniller la carotte et le bâton face à des partenaires qui l’ont aidé n’en déplaise à leur base, à se maintenir au pouvoir jusqu’à maintenant. Un constat s’impose : c’est qu’à l’allure où évolue ATT, s’il ne change pas de stratégie comme me confie un vieux briscard de la place, il ira droit dans le mur car les rancœurs se ravivent à une vitesse hallucinante. Et beaucoup de concitoyens pensent d’ailleurs qu’il risque gros avec ces manœuvres tant avec la classe politique qu’avec la hiérarchie militaire et la société civile.
En tout cas, il n y a rien de plus grave pour un régime qui croit maîtriser son peuple que de se réveiller un jour brutalement et se rendre compte qu’il n’a rien avec lui. Pourtant, ATT devra savoir cela. Des confrontations à tous els niveaux ne seront pas écartés.
Bokari Dicko