Neuf ans de gestion de l’Etat par des manœuvres politiques çà et là afin de relever certains défis, sauvegarder la stabilité et la cohésion sociale, bâtir de grands chantiers et répondre à bon nombre de nos aspirations et une année consacrée à des politiques politiciennes afin de redorer son image et propulser une autre face de notre pays sur la scène internationale en matière de lutte contre la corruption et la bonne gouvernance : voilà selon moi le schéma que le President de la république veut conférer à ses dix années de mandat.
Perçu pendant les 1ères heures de son mandat comme un novice en politique, ATT a très vite montré que l’on avait passé besoin d’être issu d’un parti politique ou être tout simplement politicien pour gérer un pays et de surcroit comme le Mali. Pire, le Général semble aujourd’hui vouloir montrer aux uns et aux autres qu’il est plus politicien que n’importe qui au Mali. Sinon pourquoi avoir attendu jusqu’à la veille de son départ pour déclencher ce que certains appellent « Opération main propre » ? Qu’est ce que le Général ATT veut prouver aux yeux des maliens et de la communauté internationale ? Pourquoi avoir cautionné pendant 9 ans certains actes et comportements et vouloir en seulement une année les blâmer ?
D’abord c’est le vérificateur général qui est remercié comme un oiseau de mauvais augure, ensuite le gouvernement qui plie bagage, les DAF qui sont tous éjectés de leurs fauteuils et les directeurs généraux des douanes, des impôts, des domaines et du cadastre et des marchés publics qui viennent, à leur tour, d’être envoyer balader par le N°1 national. Que nous réserve-il encore ? Wait and see.
Toutes ces initiatives, émanant de la volonté du chef de l’Etat, sont légitimées par un boucan médiatique et entretenues avec une si grande habilité politique que le coup semble bien parti pour positionner le Mali comme l’un des pays les moins corrompus en Afrique même si le rapport 2009 de Transparancy International, le classe 111ème sur 180 pays évalués.
D’aucuns diront certainement que ce coup de balai est l’une des initiatives les plus pertinentes entreprises par le Président de la République depuis son accession à la souveraineté internationale : chose que je partage et dont je respecte à juste titre. Mais je pense, en ce qui me concerne, que ce n’est qu’une mascarade politique qui ne doit et ne saurait distraire les citoyens maliens. Si nos politiciens maliens se caractérisent comme des commerçants qui n’attendent que l’approche des élections pour conquérir le cœur des électeurs, ATT lui se démarque une seconde de cette logique (car n’étant pas candidat à une quelconque élection), avant de se pilier deux secondes plus tard à cette réalité qui, apparemment, ne laisse indifférente aucun homme politique.
Je pense que beaucoup sont les domaines dans lesquels, ATT a su répondre avec brio aux aspirations du peuple malien. Il s’agit, entre autres, des infrastructures, la pauvreté, l’agriculture, la santé, la sécurité, l’énergie, les nouvelles technologies de l’information et de la communication…Je pense aussi que l’homme a montré ses limites dans quelques domaines tels que la corruption, l’éducation, l’emploi des jeunes, la bonne gouvernance et la justice. Qu’à cela ne tienne, je crois qu’ATT a fait ce qu’il a pu et que la nation malienne lui doit reconnaissance. Mais de là à leurrer ou berner le peuple à travers des limogeages ou dispositions spectaculaires s’est fait le médecin après la mort.
Autrement dit, il ne faut pas confondre vitesse avec précipitation. L’heure est au bilan et non au contre-bilan. Je pense que le général ATT doit achever les chantiers en cours et non entamer ceux qu’ils auraient du commencé depuis fort longtemps et dont il ne pourrait achever. D’aucuns diront qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais force aussi est de reconnaitre que le temps perdu ne se rattrape jamais. Il reste tout simplement qu’ATT reconnaisse, comme son prédécesseur l’avait fait à l’époque dans le domaine de l’éducation, qu’il n’a pas pu trouver le remède miracle pour freiner la corruption durant son mandat. Par contre, il peut toujours avec les deux ministres actuels en charge de l’éducation prendre des points dans le domaine de l’éducation. Alors, ‘’à vos marques, prêts, partez ’’ !!!
FOUSSEYNI MAIGA
