Le président Amadou Toumani Touré est en fin de mandat. Malgré tout, d’irréductibles adversaires à sa politique continuent à le «persécuter» de toutes les manières. La semaine dernière, un tract appelant l’armée à prendre ses responsabilités a circulé à travers la capitale et même dans les casernes. On ne sait rien encore ni des auteurs, ni de leur motivation réelle. Mais les recherches se poursuivent.
Il y a quelques mois seulement, un autre tract de la même teneur avait également fait le tour de la ville. Les auteurs ont été simplement pris pour de petits pantins en quête de sensation. Qu’est ce qui pourrait bien motiver ces mystérieux activistes ?
Le président de l’UNPR, Modibo Sangaré fait parler sa barbichette. C’est lui qui, encore en manque de publicité, se livre en spectacle. Il a lancé un appel à la mobilisation générale pour protester contre la vie chère, tous les vendredis. La même semaine où le fameux tract a circulé, Modibo n’a pas réussi la grande mobilisation. Pour preuve, il y avait plus de policiers et de gardes que de manifestants. Les slogans et autres déclarations proférées sur les lieux n’ont aucune différence avec la teneur du tract diffusé, à la différence que Modibo n’a pas ouvertement appelé à renverser le régime.
Mais, nous pensons très sincèrement que la condition de vie des Maliens interpelle les plus hautes autorités qui n’ont aucun droit de se voiler la face. La classe politique actuelle est très amère avec certaines pratiques qui tranchent nettement avec les principes démocratiques. Le projet de reforme institutionnel est un réel motif de frustration pour une frange importante de notre classe politique dont les principaux acteurs n’ont pas manqué de tirer la sonnette d’alarme sur les périls certains qui se profilent à l’horizon. Le débat sur l’AMO avait servi d’occasion pour les mécontents de la République de manifester publiquement leur colère. L’amertume du monde de l’éducation et l’incurie du Gouvernement face aux préoccupations quotidiennes des Maliens, ne laissent aucune place à la résignation. Le trop plein des Maliens menace de déborder à nouveau avec la campagne référendaire qui n’ouvrira pas à bonne date. Les compétitions présidentielles qui s’annoncent, ne facilitent rien pour les autorités qui sont tenues à l’œil par les différents états major politiques.
Ajoutons à ce lot de menaces, les mecontents des promesses présidentielles non tenues.
Le 08 juin 2012, ATT s’en ira de Koulouba avec sur sa conscience beaucoup de regrets. Regrets de n’avoir jamais su sortir l’école du gouffre ; regrets de n’avoir jamais pu doter notre pays d’une jeunesse pleine d’espoir ; regrets de n’avoir pas su écouter les cris de détresse des ménagères ; regrets d’avoir fabriqué une des pires races de nouveaux riches…
Mais, reconnaissons-lui une chose. ATT aura été un président très volontaire qui a aimé son pays, mais n’a peut-être pas trouvé les partenaires honnêtes sur le «chantier de la construction nationale».
Rappelons cependant que le Mali a irréversiblement choisi la démocratie intégrale en 1991. Quels que soient nos désaccords, nos différences, notre magnifique démocratie nous offre des tribunes appropriées pour dire ce que nous pensons. C’est pourquoi nous sommes d’accord avec Modibo Sangaré qui appelle à marcher et à protester contre la vie chère et l’incurie du Gouvernement.
Par contre, nous ne serons jamais d’accord avec cette méthode lâche des tracts. Pourquoi doit-on se cacher pour dire ce qu’on peut dire en public, sans conséquence ? Peut-on être plus vulgaire et plus injurieux que ce prêcheur qui s’en est pris à nos chefs d’institution publiquement ? Jamais ! Pourtant, il n’a même pas été sommé de retirer les bandes sonores de ses déclarations. Mieux, il s’est réconforté dans un luxe insolent, juste après le forfait.
Abdoulaye NIANGALY