Casting d’union nationale : Une coalition de potiches et de cire-pompes fait main basse sur l’Etat

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Après moult tractations, le Mali s’est doté d’un nouveau gouvernement dit d’union nationale. Une équipe de 31 membres dont 13 nouveaux arrivants, 18 anciens et trois conseillers spéciaux avec rang de Ministre. Le moins que l’on puisse constater à propos d’un tel attelage, c’est son aspect pléthorique. Aussi, les avis semblent bien partagés, voire tranchés. Cela va de soi, serait-on tenter de dire. Certains rétorquent qu’il faut laisser le temps au temps…

L’objectif n’est pas de juger à priori une équipe d’à peine quelques jours, mais d’attirer l’attention  en anticipant sur des évolutions possibles, eu égard aux circonstances et surtout par rapport aux attentes tout à fait raisonnables de nos compatriotes fatigués par les guerres de positionnement, les querelles de chapelle, la lutte pour le partage du pouvoir.

L’opinion publique nationale avait ardemment souhaité que les politiques transcendent leurs divergences. C’était également le souhait de la Communauté internationale pour pouvoir  nous accompagner dans la lutte contre les islamistes barbares qui écument nos dunes et nos villes.

Dans cette optique, on s’attendait à un dosage savamment équilibré afin que tous les Maliens vibrent à l’unisson pour relever les défis tels que la reconquête de l’intégrité territoriale, la reconstruction du pays et la consolidation de l’unité nationale.  De ce fait, à quoi peut-on donc s’attendre d’un gouvernement factionnel composé de partis politiques fantoches qui n’ont aucune assise réelle dans le pays ?

Le triomphe de la logique de parti dans la composition de l’équipe n’est nullement propice à l’union sacrée à laquelle les enjeux en appellent. Cette logique est dangereuse, car il s’agit d’un facteur qui affectera tôt ou tard la cohésion ou la symbiose nécessaire d’un gouvernement de transition. De même, en l’absence d’une vision partagée de la mission et des moyens à mettre en œuvre, chacun devrait se référer  à son Etat-major politique avant de venir à la table du Conseil des Ministres.

Dans une telle dynamique, le leader se souciera avant tout de contenter tout le monde, de soigner les égos en étant moins centré sur la mission. En l’occurrence, nous voilà confronté à une crise de leadership incarné par le style du Président Dioncounda Traoré. Il est le symbole d’un Etat failli, envahi et occupé, avec une armée laminée, d’une classe politique dévoyée se battant pour sa propre survie.

Ce gouvernement rappelle le tristement célèbre régime de Vichy dans une France occupée, une pétaudière incapable de prendre la moindre décision en dehors de l’inquisition et de la répression. La formation de ce gouvernement révèle les traits de caractère du personnage, son manque de vision, de charisme et d’envergure. Ce n’est pas le Capitaine qu’il faut quand le Mali a besoin d’un leadership transformationnel pour maîtriser le gouvernail d’un bateau ivre sur une mer agitée.

En effet, un scepticisme subsiste qu’il soit le leader qu’il faudrait à la Communauté internationale pour accompagner le Mali sur le chemin de la paix. Il a démontré encore une fois de plus qu’il n’est pas à la hauteur d’un homme d’Etat, sinon qu’il ne l’a jamais été.

Par ailleurs, l’expérience a démontré que les gouvernements d’union nationale ou de large ouverture sont contreproductifs et condamnés à une performance médiocre. Les partis politiques font partie de la communauté politique, mais ils ne représentent pas la Nation et leurs intérêts ne riment pas toujours avec celui de la Nation. Leur présence favorise une approche incrémentale dans les processus décisionnels. En réalité, la seule chose qui unit les membres de l’équipage reste le partage de la tarte politique créée par le coup de force de mars 2012. Sauf miracle, un tel gouvernement factionnel se préoccuperait avant tout de satisfaire les intérêts de chaque faction à travers des compromis tacites basés sur le laisser-faire.

En réalité, ce gouvernement est tout, sauf un gouvernement d’union nationale. Les politiques ont simplement opéré une convergence artificielle, une posture dictée par un instinct de survie politique. Et plusieurs acteurs dénoncent ouvertement la nature d’une pareille coalition.

Des ressortissants du Nord désapprouvent cette nouvelle équipe qui, à leur avis, comporte les germes de la haine, de la division, en ce sens qu’il imprime une nouvelle dynamique géopolitique interne aggravant le clivage Nord/Sud. Ce  ne serait pas constructif de vouloir résoudre les problèmes du Nord sans les Nordistes. Il est triste de constater que tous les Ministères clés ou de souveraineté sont tenus par un clan militaro-civil. Bref, on assiste à la confiscation du pouvoir et de l’Etat par un clan au détriment de l’unité nationale. Ceci étant, aucun patriote ne doit accepter de cautionner une situation qui consacre la partition et la cassure psychologique avec le reste du pays. Etant ainsi confinés dans des rôles sans influence, les Nordistes n’auront aucun impact dans la prise de décision concernant les enjeux cruciaux comme la libération du Nord, la reconstruction démocratique et la refonte de l’armée et des forces de sécurité.

Par conséquent, tous ceux et celles qui rêvent d’un Mali uni, démocratique et prospère, doivent condamner cette attitude de mépris à l’égard des populations du Nord. En cautionnant cet état de choses, le pays court des risques d’une implosion.

A  cette allure, on est en droit de se demander s’il n’y a pas un agenda caché par rapport à la crise du Nord. Dans un premier temps, cet agenda consisterait à laisser la situation pourrir au Nord et s’occuper uniquement des aspects humanitaires tout en espérant un divorce avec les occupants pour agir en dernier ressort.  En second lieu, faire fi de la réalité et attendre que le Nord se vide de ses habitants devant l’incapacité de l’occupant d’offrir une alternative autre que la charia.  .

Tout démocrate soucieux de l’unité du pays se fera un devoir de ne pas cautionner ce gouvernement fantoche de laquais, de potiches et de cire-pompes dont l’objectif immédiat n’est pas la reconquête du Nord pour abréger les souffrances des populations, mais de suivre un agenda caché qui résume à la passivité et au maintien du statu quo en usant de prétextes fallacieux.

Aliou Hamadoun YONFO

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2 COMMENTAIRES

  1. Mon propos est le combat contre la médiocrité. Je trouve qu’il y a une singulière tartufferie à se cacher derrière la défense de la liberté de presse dès que le grand public prétend s’interroger sur les écrits de ces « journaleux ».
    Messieurs : êtes-vous au dessus des lois ? Vous le croyez ! Mais, êtes-vous surtout au dessus des codes, de la décence et de l’éthique collective ?
    D’où tenez-vous ces privilèges ?
    Le métier noble exercé par ceux qui n’y sont pas préparés ou qui le sont pour distiller la haine dans le corps social déborde souvent de ses définitions originelles.
    Pour qu’elle reste égale à elle-même, il faut que la corporation veille sur un code de conduite accepté de tous.
    Les brebis galeuses, errantes, mal formées et pleines de haine seront indexées, dénoncées et sanctionnées sans indulgence.
    Il faut que les journalistes maliens aient le courage de faire leur propre procès, en se plaçant au-dessus de ce procès.

  2. JE NE SUIS PAS CONTENTE DE MALI WEB IL MON BLOQUE PENDENT UNE SEMAINE ET ME FAIRE 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 😈 PERDRE ME 1100 COMMENTER ET MON NOM DE FAMILLES TRAORE

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