Cascade de démissions de 2013 à nos jours : IBK et les démissionnaires : A qui la faute ?

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Ibrahim Boubacar Keita

Après avoir bu et mangé, pendant quelques temps, avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, certains de ses proches collaborateurs ont fini par trouver des failles dans sa gestion des affaires publiques avant de se retirer. Si certains l’ont fait dans la plus grande discrétion, d’autres non.  Au moment de leur démission, ils ont laissé éclater leur colère en terminant leur collaboration par des critiques contre le pouvoir. Derrière eux, ils ont laissé l’image d’un régime hostile aux cadres épris de justice et soucieux du travail bien fait. Le ton de la série des démissions avait été donné, le 5 avril 2014, par l’ancien Premier ministre, Omar Tatam Ly. La saignée a continué avec l’ancien Conseiller économique du président de la République, Etienne Fakaba Sissoko. Puis ce fut le tour de Racine Thiam, Papa Mambi Kéïta et Me Mamadou Ismaël Konaté. Leur relation avec le pouvoir en place, s’est terminée en queue de poisson et sur fond d’accusations. Qu’est ce qu’on peut reprocher au président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, sur ces démissions ? Ces divorces en cascade sont-ils imputables à sa seule personne ? Notre analyse

Venus, pour la plupart, au pouvoir par la grâce du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, certains de ses collaborateurs ont tenté de lui livrer à ses bourreaux, après quelques temps de collaboration. Ils ont quitté le régime en donnant l’impression générale que le président IBK est infréquentable. Ce faisant, ils ont pris le soin de montrer les pattes blanches. Ces démissionnaires sont-ils exempts de tout reproche comme ils ont tenté de le faire croire aux Maliens au moment de leur démission? Ont-ils des cœurs plus « gros » que leurs anciens collègues restés dans le gouvernement ou dans la haute administration pour servir le pays? Le président de la République était-il pour quelque chose dans leur démission? Que s’est-il, réellement, passé ?

Omar Tatam Ly, ancien Premier ministre

L’ancien premier ministre Oumar Tatam Ly avait donné le ton. Nommé en septembre 2014, il a rendu le tablier, huit mois plus tard.

Dans sa lettre de démission, il accuse le président de la République de n’avoir pas satisfait à temps sa demande de remaniement ministériel à la suite des dysfonctionnements et des insuffisances constatées… qui réduisaient « grandement sa capacité à gouverner de manière efficiente le pays ».

Sur fond de colère, il a démissionné de son poste de premier responsable de la Cité administrative après avoir réussi avec succès l’organisation des élections législatives de novembre et  décembre 2013. Mais, à qui la faute ?

En réalité, l’ancien Premier ministre a été victime de son manque courage politique au moment de sa nomination à la Primature. Son mauvais départ pris en septembre 2013 renfermait les germes d’une mauvaise destination.

Au moment de sa nomination, il avait manqué de fermeté face au président de la République pour avoir cautionné d’être entraîneur d’une équipe dont les joueurs avaient été sélectionnés par quelqu’un d’autre. Car, il est de notoriété publique que ce n’est pas lui qui avait choisi les membres de son équipe. Il était en train de conduire des ministres qui avaient été nommés par le président IBK.

Son tort a été de commencer une chose qu’il n’a pas pu finir. Pourquoi a-t-il accepté que le président IBK choisisse son équipe à sa place au moment de la formation du Gouvernement ?

Au-delà, on peut lui reprocher d’avoir exigé au Chef de l’Etat le renouvellement du Gouvernement au temps voulu afin de pouvoir choisir ses propres ministres.

En effet, l’ancien Premier ministre a joué plus vite que la musique.

Etienne Fakaba Sisssoko, ancien Conseiller du président de la République chargé des Questions économiques

Après Omar Tatam Ly en 2014, la liste des démissionnaires s’est élargie avec le départ de l’ancien Conseiller du président de la République en Charge des Questions économiques. Comme l’ancien patron de la Primature, Etienne Fakaba Sisssoko qui avait passé tout son temps à critiquer la gouvernance d’IBK avant d’accepter d’être recruté à la Présidence, venait de tomber dans son propre piège après six de mission auprès du président de la République. « C’est avec honneur et conviction que j’ai accepté, il y a quelque mois, de venir servir mon pays en vos côtés en qualité de Conseiller chargé des Questions Economiques au Secrétariat Général de la Présidence de la République. Je vous remercie pour l’honneur que vous m’avez fait de porter votre choix sur ma modeste personne. Cependant, force est de reconnaître, qu’au regard de la situation politique, économique et sociale, et des décisions qui sont prises pour y remédier, sont en déphasage avec les réalités que vivent les populations. C’est pourquoi en vous adressant ma lettre de démission de mon poste de Conseiller du Président de la République en charge des Questions Economiques, je voudrais me faire le porte-voix de ces millions de maliens qui souffrent le martyr dans le silence.

En effet, que de temps passés depuis la dernière élection présidentielle, que d’espoirs déçus, que de convictions brisées. Le Mali effondré, n’arrive toujours pas à se relever », motivait-il sa démission dans une lettre en date du 5 avril 2017. Vrai ou faux ? En tout cas, son départ de la Présidence a été, au moment des faits, vivement contesté par le Secrétariat général de la Présidence qui avait fait véhiculer un élément vidéo le montrant en intimité avec une ses étudiantes dans son bureau.

Le Docteur en Economie a été victime de sa naïveté. En acceptant de venir à la Présidence, il savait bien et bel que la proposition du régime renfermait un piège. Mais, il l’a acceptée quand même. Son départ de la Présidence après un bref séjour est la prime de son imprudence.

 Racine Thiam, Directeur de la Cellule de Communication de la Présidence

Alors que l’opinion nationale n’avait pas fini de commenter les dessous du départ d’Etienne Fakaba Sissoko, le Directeur de la Cellule de communication de la présidence de la République, Racine Thiam jette à son tour l’éponge. Mais, contrairement à Omar Tatam Ly et Etienne Fakaba, il a fait, lui, l’économie des critiques contre le pouvoir au moment des faits

en évoquant plutôt des raisons professionnelles, même si la suite de son départ a prouvé plus tard le contraire. Car quelques semaines après sa démission de la Présidence, le fervent défenseur du bilan d’IBK bascule dans le camp de l’Opposition après avoir lutté avec bec et ongle durant des mois pour porter haut la vision du président IBK. Des sources concordantes, il est allé jusqu’à s’endetter pour honorer son contrat avec la Présidence.

Toutefois, on peut lui reprocher le fait de se laisser effacer par le puissant Secrétaire général de la Présidence, Soumeylou Boubèye Maïga.

Racine Thiam n’a pas su faire preuve de responsabilité face à ce dernier. Il s’est montré trop soumis à Soumeylou Boubèye. C’est dire qu’il n’est pas une victime du président IBK mais du Secrétaire général de la Présidence.

 

Me Mamadou Konaté, ancien ministre de la Justice

La plus récente démission du Gouvernement est celle Me Mamadou Konaté. Suite à l’abandon des charges contre Ras Bath décrété par la Cour d’Appel de Bamako, le ministre Konaté a démissionné, le 26 novembre 2017, mais sur fond de déception, lui aussi. « Je prends acte de cet arrêt en même temps que je prends toute la mesure de son sens.

Je note l’attente du régime de passer par un tel chemin vers l’apaisement et l’accalmie. L’ambiance délétère du moment nous conduit à courber l’échine devant les anomalies, à fermer les yeux devant les violations et à accompagner les anomalies de peur des affres des troubles et des violences de rue.

Le régime en donnant échos à une telle vertu se sauve sans la République. La préservation des libertés et de toutes les libertés est aussi utile et nécessaire en république que leur respect absolu s’impose à tous. Aujourd’hui peut être pas mais demain oui et sans aucun doute », a-t-laissé éclater sa déception dans sa lettre de démission.

Sans doute, si la démission est le droit le plus absolu de l’ancien ministre de la Justice, il ressort de sa lettre de démission qu’il a voulu être plus royaliste que le roi en enfreignant au principe de la soumission de la hiérarchie de l’administration. Il s’opposé à la décision du Chef suprême de la Magistrature qu’il n’a pas pu digérer. Pour dire clair, il est mécontent d’une décision jugée sage par le Chef de l’Etat garant de la stabilité nationale et Chef de la Magistrature suprême. Encore, faut-il noter, qu’il n’a d’ailleurs aucune preuve que la décision des juges d’Appel dans l’Affaire Ras Bath était un ordre de la présidence de la République.

 

Papa Mambi Kéïta, chef de Brigade de Recherche

Vaillant policier, l’Inspecteur Divisionnaire Papa Mambi Kéïta alias Epervier du Mandé, en service à la Brigade d’Investigations Judiciaires du Mali (BIJ) a jeté l’éponge, le lundi 21 août 2017, des suites de l’affaire « Madou ka Journal » après 25 ans de services loyalement rendus à la police nationale.
L’annonce de sa démission avait été suivie de beaucoup de commentaires  de la part de l’opinion au regard des efforts du démissionnaire  dans la lutte contre la délinquance.
Au moment de sa démission, le policier s’était abstenu de fournir d’amples détails sur les circonstances de son départ. Ainsi, dans sa lettre de démission, il avait été bref. «Monsieur le Ministre, j’ai l’honneur de venir très respectueusement vous présenter ma démission du sein de la police malienne.
En effet, Monsieur le Ministre, après avoir servi 25 ans et loyalement ma très chère patrie, le Mali, j’ai décidé de démissionner pour des raisons personnelles »
. Telle était la teneur de la décision de démission. Mais dans les colonnes d’un confrère, l’Inspecteur de police faisait plus tard le lien entre sa démission et les enquêtes concernant l’affaire de la tentative d’assassinat de Marshal Madou dont il avait la charge. Il dénonce avoir reçu des pressions de tous genres dans cette enquête. Il aurait été reproché au policier d’avoir voulu trahir le régime IBK.

Mais à l’en croire, ce n’était pas sa première fois de subir une telle pratique durant sa longue carrière de policier. Selon lui, il a plusieurs été fois été victime de ses succès enregistrés durant son séjour à la police de la part de ses supérieurs hiérarchiques. Une qualité qu’il a perdu
face à ses détracteurs qui l’accusait de vouloir trahir le président de la République dans l’affaire Madouka journal.

Youssouf Z KEITA

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1 commentaire

  1. Il faut comprendre d’abord que la démission une forfaiture. La faute d’une démission n’est imputable qu’au démissionnaire. Ici au Mali la plupart des hommes politiques n’ont aucune dignité et aucune conviction. Tous sont animés par le gain de richesse. Et quand ils sont dans une position où leur poche en souffre ils disent que ce n’est pas bon par ici.

    Toutes démissions que je trouve d’ailleurs louables sont en faîtes des positionnements par rapport aux intérêts de chacun. La faute est donc aux démissionnaires qui ne sont que des égoïstes qui ne cherchent qu’à remplir leur poche .Et quand ce n’est pas le cas ils prennent leur distance et t’accusent de tous les pécher du monde.

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