Candidature de Soumeylou, déclarations de El Madani Diallo, d’Ousmane Sy, et la rencontre de chez Mandé

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Un proverbe bamanan de chez nous dit que «si vous ne cognez pas les morts, les vivants ne vous craindront pas » autrement dit, si le 1er vice-président du parti fait partie des premières victimes, aucun militant indiscipliné ne peut plus espérer sur la complaisance de ses camarades.

 Moi, je n’exclue pas que Soumeylou se ressaisisse…en soutenant ouvertement le Président ATT.

Secrétaire général du Comité exécutif de l’Adema, et ministre du Plan et de l’aménagement du territoire, considéré comme très proche du président de la république, Amadou Toumani Touré, et sans doute l’un de ses plus fervents défenseurs, le Dr Marimantia Diarra, a accepté de parler. Il a suivi avec grand intérêt les événements politiques de ces derniers temps, et sorti les muscles contre l’indiscipline rampante.

Au cours de l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, il a été question de la candidature fort possible de Soumeylou, du refus des camarades Ousmane Sy et El Madani Diallo de suivre la ligne du parti, de la rencontre que Mandé Sidibé, 3e vice-président du C.E, a organisée à son domicile avec IBK, El Madani, Moustaph Soumaré, Abdoul Traoré dit Diop. Inédit, quand on sait que Marimantia Diarra est d’habitude très avare en déclarations dans la presse.

 

. M le Secrétaire général, Soumeylou Boubèye Maïga, le premier vice-président du Parti a été appelé à faire acte de candidature contre ATT en avril prochain. C’était à la faveur du meeting organisé par l’Asma, son association. Cette nouvelle donne est, on le sait, en déphasage total avec l’option du Parti de soutenir ATT. En représailles, le Parti a décidé d’une sanction contre lui et certains de vos camarades. Dites-nous, Dr, qu’est-ce qui se passe réellement et comment comptez-vous endiguer cette forme d’indiscipline ?

Merci de m’avoir donné la parole à un moment où les esprits commencent à s’échauffer et où l’heure est justement à certaines mises au point. Nous acceptons de parler, non pas pour polémiquer, mais pour tout simplement rassurer les uns et les autres, en tout cas en ce qui concerne nos militants et nos cadres. A l’Adema, on est serein et rien ne nous perturbe. Vous savez, je ne m’exprime pas très souvent dans les journaux bien que tout le monde sache l’importance que j’accorde à la communication.

Pour le moment, je ne peux pas dire que Soumeylou Boubèye Maïga sera candidat en avril prochain aux élections présidentielles. Moi je n’exclue pas qu’il se ressaisisse pour suivre la décision de son parti en soutenant ouvertement le Président ATT. Ceci dit, je suis réaliste. Je sais que des responsables sont toujours «encadrés» par la foule de leurs «partisans zélés, voire illuminés’’ qui cherchent à leur faire prendre leurs désirs pour la réalité.

Soumeylou est un homme très averti qui ne peut aller à l’aventure. D’ailleurs, les sanctions prises sont d’ordre  essentiellement  pédagogique : le rappeler à l’ordre, lui et quatre autres camarades. L’avertissement s’adresse aussi à tous les militants pour dire qu’un parti digne de ce nom est d’abord discipliné.

Un proverbe bamanan de chez nous dit que «Si vous ne cognez pas les morts, les vivants ne vous craindront pas », autrement dit, si  le premier vice-président du parti fait partie des premières victimes, aucun militant indiscipliné ne peut plus espérer sur la complaisance de ses camarades.

 

 La candidature de Soumeylou n’est pas le grain de sable dans le mécanisme de la Ruche, Ousmane SY et El Madani Diallo sont aussi sortis de leur réserve pour lancer l’offensive. Ils refusent de soutenir la candidature d’ATT arguant que la Conférence nationale de l’Adema n’a donné aucun quitus pour ce faire. Qu’en est-il exactement ?

Ce que vous me dites-là ne me paraît pas sérieux. Ni l’un ni l’autre ne peuvent soutenir que la 7ème Conférence nationale de l’Adema Pasj n’a pas décidé de transformer le soutien politique du parti en soutien électoral si le Président Amadou Toumani Touré était candidat en 2007 pour un second mandat. Il est certes vrai que les camarades Ousmane Sy et El Madani Diallo soutenaient une option contraire avant et pendant la Conférence nationale. Mais, les connaissant membres fondateurs du parti et démocrates convaincus, je serais surpris qu’ils méprisent un des principes démocratiques fondamentaux de notre parti qui est «l’obligation pour la minorité de faire sienne la décision de la majorité», voir Article 4, Chapitre II des Statuts de l’Adema Pasj qui porte sur les fondements et principes.

Ne pas se soumettre à ces dispositions statutaires expose sans autre forme de procès le contrevenant à la sanction suprême, s’il n’a pas le courage lui-même de s’assumer.

 

 Avez-vous une explication à cette fronde qui se dessine à cinq (5) mois de l’épreuve, et comment qualifie-t-on cette prise de position, surtout lorsqu’on sait que ces deux hauts cadres du parti, anciens ministres de la République, sont membres du Comité exécutif ?

Rectificatif : si El Madani est membre du CE de l’Adema, Ousmane Sy ne l’est pas. Je dois reconnaître que ce que vous appelez fronde de ces deux camarades ne date pas seulement de cinq mois. J’ai indiqué plus haut que, avant et pendant la 7ème Conférence nationale souveraine du parti, ils militaient pour une option qui n’a pas été retenue. Tous les deux camarades sont signataires du «Manifeste pour la démocratie» et si je devais qualifier cette position, je dirais qu’elle est indisciplinée, nocive pour la cohésion du parti et qu’elle ne grandit pas ces brillants camarades qui posent ainsi des actes anti-statutaires et anti-démocratiques.

 

Mandé Sidibé, un autre haut cadre du parti, et 3è vice-président du CE, a reçu en sa résidence, IBK, El Madani, Moustaph Soumaré et Abdoul Traoré dit Diop. Le premier dirige un grand parti politique et prétend au fauteuil, les trois autres contestent proprement le choix opéré, s’ils ne combattent directement la gouvernance ATT. Comment expliquez-vous la conduite de Mandé Sidibé et comment comptez-vous réagir ?

Je n’ai pas la preuve de ce que vous dites, même si en l’affirmant avec une telle certitude, je n’ai pas non plus de raison de douter. Si ce que vous dites était avéré, ce serait la preuve en tout cas d’un travail fractionnel qui est réprimé par nos textes et, surtout, par une recommandation de la 7ème Conférence nationale du parti qui engage le Comité exécutif  «à prendre des sanctions immédiates contre le travail fractionnel quelles que soient sa nature et son origine ».

 

Quel appel avez-vous alors à l’endroit des millions de militants Adema d’ici et d’ailleurs.

L’appel que je lance aux militants est très simple : il faut renforcer la cohésion de notre parti, il faut revigorer les structures. Il faut se mobiliser, il faut plus d’efforts et de sacrifices, il faut combattre l’indiscipline pour atteindre les objectifs fixés pour notre parti et pour le Mali. Merci !

Propos recueillis par Sory Haïdara

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