Campagnes politiques : Les Associations et Clubs de soutien bientôt homologués

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La prochaine Constitution prévoit de légaliser les Associations et Clubs de soutien aux candidats indépendants. Une disposition qui, si les réformes sont adoptées, risque de soutenir et d’aggraver la prolifération de ces structures à l’utilité douteuse.

Cette disposition du projet de loi portant révision de la Constitution exige des candidats indépendants d’avoir au préalable le soutien d’un certain nombre d’Associations. Il semble que les autorités se soient décidées à formaliser cette pratique qui s’est institutionnalisée depuis longtemps dans la pratique.

Depuis des années, en effet, le paysage national, notamment la scène politique, a vu l’éclosion vive et rapide d’Associations et de Clubs de soutien à telle ou telle autre personne. Mais, si le phénomène a commencé surtout avec les candidats indépendants auxquels leur existence était liée, il s’est vite épandu à certains responsables de partis politiques. Aujourd’hui, chaque leader politique tient à avoir son fan’s club, à l’instar des amis de Dioncounda Traoré, président de l’Adema-PASJ. Avant l’onction constitutionnelle, que signifient réellement ces regroupements ? Sont-ils vraiment une nécessité ? A quelle réalité se réfèrent-elles ?

Les Associations et Clubs de soutien à… ont commencé à proliférer avec la profusion

de candidatures indépendantes aux différentes élections. Ils sont, le plus souvent, le

fait de jeunes qui ont trouvé le moyen de profiter des précampagnes et campagnes

électorales. Ces moments sont choisis parce qu’ils ont compris qu’après, les acteurs

politiques deviennent quasiment invisibles, tel Fantômas, ou ne sont visibles que sur

le petit écran. Surtout lorsqu’ils ont été élus ou réélus. Auparavant, ils étaient

toujours avec leurs fan’s clubs, promettant monts et merveilles : l’assainissement du quartier, du travail pour tous, un panier de la ménagère bien empli, des consultations et soins pour tout le monde…Au fil des élections, les jeunes ont compris que tout cela n’est que bobards, poudre aux yeux et mirages. Ils se sont donc résolus à pressurer les politiques avant les échéances. Et pour cela, se sont organisés en Associations multifonctionnelles, multiservices et à usage multiple. Ces mobilisateurs professionnels sont sur toutes les scènes politiques, au service de tout le monde. Quand c’est Dah qui veut faire son meeting aujourd’hui, il aura les mêmes «militants» que ceux qui étaient, hier, à la marche de N’Golo et, avant-hier, à la conférence de Monzon.

Ceci est symptomatique de l’absence et surtout de la quasi-inexistence de vrais militants politiques, ainsi que du manque total de crédibilité des acteurs de la scène politique nationale.

Ceux-ci, en effet, à défaut de pouvoir convaincre les militants potentiels par de véritables programmes de gouvernement et de réels projets de société, en sont réduits à faire du racolage avec de gros sous, à la provenance douteuse et mafieuse, et des colifichets. Même pour les plus fortunés, rares sont ceux d’entre eux qui investissent dans des infrastructures au bénéfice des populations derrière les suffrages desquelles ils courent au moment des élections. Pourtant, tous les candidats, déclarés ou pas, à l’élection présidentielle, du moins pour les plus sérieux, ont eu, à un moment du lamentable processus de démocratisation de notre pays, accès aux ressources publiques, et à se servir à suffisance.

Si les réformes passent, on verra encore plus d’éclosion d’associations et de clubs de soutien à…, à cause de la multitude de candidatures indépendantes aux législatives et à la présidentielle.

A rappeler qu’Amadou Toumani Touré est l’un des tout premiers initiateurs de cette formule inédite, avec la création des organisations qui ont fini par fédérer en  Mouvement Citoyen. Ce Mouvement a drainé d’autant plus de monde que la demande sociale était forte, après une décennie de gestion désastreuse et calamiteuse de l’Adéma-PASJ et de ses alliés. Cependant, la demande sociale est toujours aussi forte, le président ATT n’ayant pas tenu toutes les promesses. Et elle le sera toujours, voire encore plus forte avec l’avènement d’un troisième mystificateur.

A rappeler également qu’Ibrahim Boubacar Kéïta, après sa disgrâce dans son parti d’origine, l’Adéma-PASJ, s’est aussi engouffré dans la brèche des Associations et Clubs de soutien à…, avec Alternance 2002. Lui n’a pas passé. Mais, tout Kankelen tigi qu’il est supposé être, aurait-il tenu ses promesses de campagne de 2002 ? Rien n’est moins sûr : il a été Premier Ministre, puis président de l’Assemblée Nationale pendant de longues années, sans que la demande sociale s’arrête de grossir.

Aujourd’hui, c’est Modibo Sidibé et Soumaïla Cissé qui se sont inscrits dans la voie. Tous deux ont été de hauts responsables de ce pays.

La suite est donc prévisible.

Cheick TANDINA

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