Campagne présidentielle 2012 à l’URD : Les Hommes et le chéquier du «Président»

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Depuis son investiture comme candidat de l’URD à l’élection présidentielle de 2012, Soumaïla Cissé semble être parti pour devenir le prochain président de la République du Mali. Sur quoi fonde-t-il cette certitude ? Il pense avoir les Hommes qu’il faut. Mais, qui sont-ils ? Nous avons visité son répertoire pour vous.

Les exégètes en politique nous ont appris qu’une élection ne se gagne jamais sans les hommes qu’il faut. Au Mali, personne n’échappe à cette règle établie depuis la nuit des temps. L’intangible principe veut que même si vous avez les moyens, il faut d’abord des Hommes. On apprend rien à personne en disant que Soumaïla Cissé a les moyens qu’il faut pour faire une belle campagne politique digne des grands pays d’Europe ou d’Asie. En 2002 déjà, il avait fait la preuve. Selon des indiscrétions, venues de son entourage, il aurait claqué pas moins de huit milliards. Mais, paramètre «Hommes qu’il faut» lui a échappé. Il n’avait pas été réaliste en croyant pouvoir changer les choses et défier le choix du président sortant d’alors Alpha Oumar Konaré. Il n’avait pas vite perçu les «dés pipés». C’est donc la raison pour laquelle il est tombé dans la plus intolérable des entourloupettes. En réalité, il ne doit son honorable titre de challenger au second tour qu’à son chéquier. La leçon est donc bien apprise.

Huit ans après cet exaltant exercice, Soumaïla Cissé nous revient encore et il ambitionne de «remiser». Choguel K. Maïga, président du MPR l’a fait remarquer à tout le monde dans la salle à l’occasion de la cérémonie d’investiture : «En 2002, je faisais parti de ceux qui ont estimé que Soumaïla Cissé n’était pas prêt pour assumer les plus hautes fonctions de l’Etat auxquelles il prétendait. Maintenant, je suis convaincu. Mon opinion a évolué. Soumaïla Cissé est prêt pour 2012».

Sur qui Soumi peut il compter ?

Au plan international, en termes d’appui à sa candidature auprès de la communauté internationale, Soumaïla Cissé pouvait bien compter sur le président du Sénégal Me Abdoulaye Wade et son fils Karim avec qui, il entretient de très bonnes relations d’amitié et coopération, chacun en fonction de son statut et de ses intérêts. La rumeur publique disait même que Wade se serait engagé personnellement pour faire le déplacement quand il sera nécessaire pour apporter son soutien moral et financier lors de la campagne électorale de 2012 à Bamako ou ailleurs.

On sait également que le Vieux avait déjà intervenu entre ATT et Soumaïla Cissé et avait même reçu promesse des deux côtés.

Mais, les temps ont passé, la vie politique aussi avec ses aléas qui font que personne ne sait de quoi demain sera fait. Ainsi donc, de nos jours, Wade lui-même a perdu un peu de sérénité et son fils Karim a visiblement perdu toute lucidité. En clair, ils ont d’autres préoccupations. Soumi peut donc se contenter de sa médaille qu’ils lui ont décernée pour service rendu. 2012 est aussi loin. A mesure que les menaces s’éloignent du pays de la Terranga, Soumi pourrait à nouveau retrouver ses espoirs au près de cette famille présidentielle très très spéciale.

En dehors de Wade, le premier chef d’Etat sur qui Soumi peut compter les yeux fermés, c’est le président Burkinabé Blaise Compaoré qui fut presque son tuteur pendant huit ans alors qu’il était président de la commission de l’UEMOA. Pendant ces dernières années, les deux hommes sont restés frères et se consultaient mutuellement sur les questions liées à leurs fonctions respectives.

Au Burkina, Soumaïla a reçu presque tous les honneurs du peuple et des chefs d’institution. Il ne lui a jamais rien manqué en termes de prestiges dignes d’un chef d’Etat. Autres indiscrétions. Blaise aurait promis de discuter avec ATT sur la nature du soutien qu’il faudrait apporter à Soumaïla Cissé.

En Côte d’Ivoire, Soumi est bien heureux de se retrouver avec un chef de même «famille» que lui. Les deux hommes, Soumaïla Cissé et Alassane Dramane Ouattara, sont tous financiers de haut niveau. Pour qui connaît la complicité entre financiers et leur solidarité, on sait bien que ADO fera difficilement un autre choix au Mali. Soumaïla Cissé, à une certaine époque, a soutenu tous les efforts visant à rétablir la paix en Côte D’ivoire. Ce n’est pas pour rien qu’il a «exagérément» jubilé le jour où ADO a été investi de tous pouvoirs en tant seul président élu en RCI.

Un peu plus loin de nos frontières, le président gabonais Ali Bongo, fait parti des soutiens potentiels de Soumaïla Cissé. C’est comme Yayi Boni du Bénin et Faure Gnassingbé du Togo. La liste de tous les chefs d’Etat qui connaissent Soumaila Cissé et qui ont de l’estime pour lui est longue.

Au plan national, si le soutien du président sortant ATT n’est encore ni officieux ni formel, il semble que le doute n’est plus permis quant à l’accompagnement de l’ancien président de la République Alpha Oumar Konaré. Sans être dans les secrets de leurs confidences, on sait que depuis maintenant plusieurs mois, les deux hommes ont repris contact. Ils se téléphonent, se voient et échangent sur plusieurs questions relatives à la vie de la Nation et à leur destin personnel.

Alpha O. Konaré a soutenu et fait élire Amadou Toumani Touré en 2002 au détriment du candidat choisi par son propre parti l’ADEMA PASJ, Soumaila Cissé. Les raisons de ce choix ont fait l’objet de beaucoup de commentaires des plus fallacieux aux plus crédibles. Mais, Alpha avait sa vision sur l’avenir de notre démocratie dont les acteurs politiques se sont engagés à ne plus être ensemble et à se déchirer comme de vulgaires citoyens. Certains observateurs ont pensé qu’il fallait un président démocrate, mais qui ne soit lié à aucune chapelle et qui réussirait à rassembler les forces démocratiques autour de l’essentiel. Soumaïla n’a rien compris de cette analyse et s’était entêté à courir à toute allure vers Koulouba, avant de s’essouffler au «flanc de la colline».

Aujourd’hui, il est clair que Dioncounda n’a jamais été un homme sur qui Alpha a compté. D’ailleurs, il le prend pour celui qui est toujours prêt à s’accommoder à toutes les situations, pourvu que son buffet ne soit pas en danger. Même en hiver, il n’a ni chaud ni froid. Jamais. Donc Alpha n’a aucune estime pour le candidat investi de l’ADEMA, Dioncounda Traoré. Or, il se rend de plus en plus compte qu’Amadou Toumani Touré s’apprête à passer le témoin à Modibo Sidibé qui n’est pas issu du Mouvement démocratique et malgré sa démission du corps de la police, ne semble pas prêt à militer dans une formation politique ou à créer un parti politique. Donc, Modibo a le même statu qu’ATT en 2002. Le jeu de Ping pong entre généraux, quoi qu’ils soient Commando para l’un et super flic l’autre, n’est pas du goût d’Alpha qui s’estime trahi quelque part. Quoiqu’on dise, l’ancien président a son mot à dire et tel qu’on le connait, il jouera toute sa partition pour que le pouvoir ne continue de se balader de caserne en caserne entre d’anciens militaires ou para militaire. Sur la liste de ceux qui dominent aujourd’hui la scène politique nationale, Alpha ne peut jeter son dévolu que sur un proche et crédible candidat. Le choix est vite fait. C’est Soumaïla Cissé qui peut incarner les valeurs de rassembleur et de réconciliateur au sein des acteurs du mouvement démocratique. A l’interne, puisqu’il ne peut pas compter que sur les seuls soutiens externes à son parti, Soumaïla semble avoir ses Hommes à l’URD.

La démonstration de force produite par le Bureau Exécutif National lors du meeting d’accueil des militants au candidat Soumaïla Cissé est la plus parfaite illustration de la vivacité des hommes qui étaient au charbon pendant les huit années de vacance de leur parrain.

Younoussi Touré, président du parti, malgré ses handicaps en politique, a réussi un grand coup. Ces étoiles brillaient des milles feux sur l’évènement. Président du parti depuis le dernier Congrès, Younoussi Touré qui, jusqu’ici n’avait aucune référence en politique, était considéré comme l’un des plus timides chefs de parti politique au Mali. Du langage politique à la gestion des militants, l’homme n’en savait presque rien. Son style de technocrate méthodique n’avait rien à voir avec celui d’un homme politique qui devait haranguer les foules, prendre des bains de foule, passer très souvent sous les projecteurs des médias et attraper la première occasion pour diffuser un communiqué.

Au sein de son parti, il se fait toujours respecter. La langue de bois ? Il n’en savait rien. Aujourd’hui, il a changé. En tant que vice-président de l’Assemblée Nationale, Younoussi n’est plus un naïf  politicien.

Il a réussi à gérer les crises de leadership auxquelles il a fait face, sans aucun dommage majeur sur la vie de son parti. Ses adversaires dont Me Abdoul Wahab Berthé et Oumar Ibrahim Touré, tous Ministres à l’époque, ont fini par baisser les armes sans crier gare.

Younoussi a su garder la tête sur les épaules. L’imperturbable président du parti a construit lentement mais sûrement une véritable machine électorale dont les conducteurs demeurent inoxydables. Le Dr Madou Diallo, président du Mouvement des jeunes est sans aucun doute l’un des cadres politiques les plus dynamiques de sa génération. Ce n’est pas pour rien que Soumi lui-même jette son dévolu sur la jeunesse dont il est confiant de son dynamisme et de sa vivacité. Très mobilisée et très déterminée, la jeunesse du parti qui s’est d’ores et déjà engagée à payer la caution du candidat fera sans aucun doute beaucoup de peines à ses rivales du rendez vous des urnes.

La moribonde présidente du Mouvement des femmes, alourdira à n’en pas douter la tâche du mouvement des jeunes. Celle-ci n’a pour tout mérite que d’avoir connu Soumi à CMDT. Pour le reste, personne n’a jamais vu une activité populaire organisée par sa structure depuis le départ de Soumi à l’UEMOA.

Par ailleurs, Soumi a cette chance qu’il peut encore compter sur certaines individualités politique dont Sékou Diakité, Mme Sy Kadiatou Sow, Ousmane Issoufi Maïga, et bien d’autres chefs de partis politiques dont le premier déclaré est Oumar Hammadoun Dicko du PSP.

Dans le pays profond, Soumi a également des Hommes sur qui il peut bien compter. En premier on peut citer ce «Maire rural» qui nous vient des pailles de Korentzé et qui anéanti tous ses adversaires. Chapelet au Coup, il est connu pour être héritier d’un grand chef religieux.

Le Député «étrangleur» Mamadou Hawa Gassama qui ne réussit pas encore a changé de style et à faire parler de ses frasques, monopolise tout seul le débat politique dans les bourgades de Kayes.

Contrairement, Cheikna Hamalla Bathily, ex-Député élu à Nioro pourrait bien être utile comme facilitateur auprès du Chérif de Nioro qui continue de peser de tout son poids dans le jeu politique national.

L’allégeance manifeste des chefs religieux comme Chérif Madani Haïdara et Bandiougou Doumbia (qui semble devenu plus sage) peut être un atout. Mais sur la question, il faut être prudent.

Dans le monde des affaires, Soumi s’est constitué un répertoire très fourni pendant son passage au ministère de l’économie et des finances et au super ministère de l’équipement et de beaucoup de choses. Il est vrai qu’en matière de politique, les hommes d’affaires ne militent que pour leurs chiffres d’affaires, mais certains opérateurs économiques comme Bakoré Sylla, Amadou B Konaté, Dionké Yernangoré peuvent probablement sortir leurs chéquiers.

Le répertoire d’un homme très occupé comme Soumaila Cissé ne tient pas sur nos étroites colonnes. Malheureusement pour nous.

 

Abdoulaye NIANGALY

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