Calendrier électoral du Mali : ATT refuse de passer par une transition de crise

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L’élection présidentielle au Mali aura bel et bien lieu, et à bonne date. Le président Amadou Toumani Touré (ATT) a insisté, persisté et signé, rassurant ainsi ceux qui commençaient à douter de l’éventualité du respect du calendrier électoral initial. C’est probablement le refus constant de ATT de passer par une transition de crise qui avait fait germer l’idée qu’il ne résistera pas, comme certains de ses pairs jamais rassasiés de pouvoir, à l’opportunité que lui offre la situation conflictuelle actuelle, de rester.

Le chef de l’Etat malien ne succombera donc pas à la tentation de prétexter de l’intensification des attaques de la rébellion pour prolonger son mandat. A sa place, nombre de têtes couronnées africaines auraient été capables, à l’approche de la fin de leur mandat, d’initier ce genre de conflit et de l’entretenir à dessein. Ils instrumentaliseraient ensuite les populations pour qu’elles descendent dans les rues pour réclamer leur maintien au pouvoir au-delà de l’échéance de leur mandat. La raison invoquée serait alors sans conteste, et toute honte bue, le conflit interne dont on lierait subjectivement la bonne résolution à la personne du président boulimique.

Le démocrate bon teint malien a préféré emboîter le pas à son prédécesseur Alpha Omar Konaré. Partir oui, mais de la plus démocratique et la plus honorable des manières. Dit autrement, il a opté de sortir par la grande porte, convaincu qu’il est, à l’instar des grands hommes d’Etat du monde, qu’il n’est pas indispensable. Mais le président sortant a tout de même voulu éviter l’inutile précipitation qui consisterait à profiter de la pression sur lui mise par certains de ses détracteurs, pour refiler lâchement la patate chaude à un président de transition. Si par inexpérience ou méconnaissance du dossier MNLA, ce dernier n’arrive pas à gérer la situation avec la sagesse qui sied, ce sera sans doute l’avènement du pire que l’actuel président a su éviter jusque-là.

ATT connaît suffisamment bien les tenants et les aboutissants aussi historiques, politiques que militaires et socioéconomiques du problème du nord-Mali pour l’aborder sur un simple coup de tête. Il aurait aimé sans doute que l’on garde de lui l’image d’un président qui a pu pacifier l’Azawad à l’issue de ses mandats présidentiels. Hélas. Il quittera donc son fauteuil présidentiel avec forcément l’amer goût du travail inachevé, face à une équation à multiples inconnues et imprévues.

Comme il n’a eu de cesse de le rappeler, la rébellion du Nord date de l’indépendance du pays et pourra encore traverser bien des générations. La nature des revendications des rebelles, on ne peut plus confuse et en partie inacceptable, ainsi que la récupération par le MNLA, des armes lourdes et de certains combattants de la guerre libyenne, risquent de faire perdurer la situation. Il n’est donc pas opportun pour le président de quitter précipitamment le navire, ni de chercher coûte que coûte à monopoliser le gouvernail. ATT a choisi de se comporter en démocrate jusqu’au bout en refusant d’exploiter l’instabilité que vit son pays pour faire traîner la transition démocratique.

Il est ainsi conscient qu’il n’est pas le seul Malien qui aime son pays et qui est capable de proposer des chantiers pour son développement. Certes, pour un pays comme le Mali où tout est prioritaire, les projets ne doivent pas manquer. Il est même souhaitable que les initiatives abondent et se succèdent les unes aux autres. Mais, une seule personne, quel que soit le nombre de mandats qu’on lui accordera, ne saurait les épuiser toutes. Chaque dirigeant qui a pu convaincre ses compatriotes au point de bénéficier régulièrement de leurs suffrages fait ce que le temps qui lui est imparti lui permet de faire.

Nul ne doit se laisser griser par les prérogatives et autres privilèges du pouvoir au point de se croire sorti de la cuisse de Jupiter. C’est en cela que l’option du président ATT de quitter le pouvoir en temps opportun est à saluer à sa juste valeur. Mieux, elle devrait inspirer ses pairs qui entendent faire de leur poste électif une fonction taillée à leur seule mesure.

Source Le Pays

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2 COMMENTAIRES

  1. S’il ne normalise pas autrement le probleme “nord mali” il finira par sortir par la petite porte..

  2. Chers compatriotes,
    La situation du Mali appelle des politiques nouvelles. Elle appelle des solutions fortes que seul un homme d’expérience, doté d’un sens aigu de l’Etat et d’une vision claire, peut porter. Elle appelle un homme qui rassure, compétent et capable d’agir. Agir efficacement et tout de suite. Car les urgences sont nombreuses.

    Il faut redonner un avenir à notre jeunesse. Comment accepter plus longtemps que nos jeunes aient à braver la mer ou le désert, et parfois mourir, pour fuir la mère patrie à la recherche d’un destin meilleur, ailleurs?
    Comment laisser nos jeunes, sans espoir, rejoindre les rangs d’organisations terroristes, ces marchands d’illusions, qui prospèrent sur la misère et le désœuvrement, et ruinent nos efforts de développement?
    Comment accepter plus longtemps que beaucoup d’entre nous travaillent durement et pourtant restent pauvres? Comment accepter plus longtemps que nos valeureux paysans, femmes et hommes, qui travaillent la terre aride à l’aide de leur daba, sans répit, puissent gagner si peu, et demeurer dans la misère?
    Nous devons résoudre ce paradoxe inacceptable. Cela a assez duré.
    Comment accepter plus longtemps la terrible inégalité devant l’accès aux soins et à la santé? Comment tolérer que des femmes meurent encore en donnant la vie, faute de soins et d’équipements sanitaires dignes de ce nom?
    Comment accepter plus longtemps que notre armée nationale puisse être humiliée et détroussée par des bandits armés dans le Nord Mali?
    Comment accepter plus longtemps le malaise de notre diaspora, parfois humiliée et livrée à elle même, avec le sentiment d’être abandonnée par la mère patrie?
    Comment accepter plus longtemps que des crises alimentaires puissent menacer notre population de ses effets dévastateurs, quand elles pourraient être jugulées par de l’anticipation et une meilleure gouvernance ?
    Comment tolérer plus longtemps que chaque année, des centaines de milliards de Francs CFA soient détournés, et que la corruption à grande échelle se soit immiscée partout dans notre société?
    Enfin, comment peut-on laisser l’insécurité fragiliser notre économie et écorner l’image de notre pays?

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