Calendrier électoral 2016 en Afrique : 16 tournants décisifs pour la démocratie sur le continent

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Si en 2015, le continent africain n’a pas connu des troubles majeurs  lors des scrutins présidentiels, du Nigéria en Côte d’Ivoire, en passant par la Guinée Conakry jusqu’au Burkina Faso où les élections se sont déroulées sans coup férir, 2016 s’annonce déjà tumultueuse. Si dans certains pays l’alternance pourrait se passer sans bagarre comme au Benin et en République Centre Africaine, dans d’autres il faut craindre le pire comme en RD Congo, au Niger, au Tchad, au Congo Brazza et en Gambie. L’Afrique pourra-t-elle enfin relever les défis de la démocratie et de l’alternance ? 2016 pourra-t-elle être le début d’un véritable ancrage de la démocratie tropicalisée version africaine ? Sur les 16 pays, voici le calendrier choisi de quelques pays qui se préparent à organiser leurs élections.

Ouganda : 18 Février 2016 

Ce petit pays situé au cœur de l’Afrique des grands lacs se prépare à aller aux urnes pour élire son président le 18 Février 2016. Le Président sortant Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, est candidat à sa propre succession et il aura en face de lui son rival de tout le temps Kizza Besigye, le leader du Forum pour le Changement FDC.

Niger : 21 février 2016

Si en Ouganda le président sortant est bien parti pour rempiler, au Niger Mahamadou Issoufou ne dort plus que d’un seul Œil, car il a en face de lui tous les grands ténors qui ont dominé la vie politique au Niger à l’image de Mahamane Ousmane, l’ancien président de la République et de son farouche opposant, Hama Amadou, ancien Premier ministre et Président fugitif de l’Assemblée Nationale, écroué en prison pour son implication supposée dans le trafic de bébés depuis le 14 Novembre. Comme pour dire au président sortant que le « Takokelen » ou le « un coup K.O », est loin d’être gagné.

Iles Comores : 21 Février 2016

Le Président sortant Ikililou Dhoinine ne pouvant pas se présenter, conformément aux accords qui ont fixé les modalités d’une présidence tournante entre les grandes îles : Anjouan, Grande-Comores et Mohéli, le futur président viendra forcément de la Grande-Comores. Ils étaient 25 candidats à se disputer la place du président sortant le 21 Février 2016. Et ce sont les trois candidats arrivés en tête à l’issue du premier tour qui participeront au second tour prévu  le 18 avril 2016.

Bénin : 6 mars 2016

Le pays de la première « Conférence Nationale » en Afrique, vitrine de la démocratie en, le Benin pourrait être à l’abri d’un lendemain électoral mouvementé, car le Président sortant le Dr Thomas Yayi Boni n’est pas candidat à sa propre succession. Il s’est conformé à la Constitution de son Pays qui fixe le nombre de  mandat à deux de 5 ans. La seule inconnue reste le défi de  la bonne organisation du scrutin qui a du reste justifié le report de ces élections,  précédemment fixées au 28 Février, au 6 mars 2016. 

 

Congo-Brazzaville : 20 mars 2016

C’est finalement le 20 mars 2016 qu’auront lieu les élections présidentielles Congolaises tant attendues. Le président Denis Sassou NGuesso, après plus de 30 ans passés, semble avoir taillé à sa mesure ce scrutin en faisant adopter une nouvelle constitution par un semblant de referendum très critiqué par toute la communauté internationale qui, non seulement fait sauter les verrous de l’âge et de la limitation de mandat, mais aussi et surtout lui assurer une présidence presqu’à vie. En dépit de nombreuses contestations de l’Opposition et de la Communauté internationale, le président #Sassoul continue sa marche solitaire et périlleuse. Dans une démarche atypique, il rétropédale pour fixer la date des élections au 20 mars alors qu’elles étaient précédemment prévues pour juillet 2016. Reste à voir si #Sassouira pour lui.

Tchad : Fin du premier trimestre 2016

Malgré l’usure  du pouvoir et la détermination de ses opposants à l’image de Saleh Kebzabo de l’Union Nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) et de Ngarléjy Yorongar, l’indéboulonnable Idriss Deby Itno semble avoir toutes les cartes en mains pour se maintenir au pouvoir. La communauté internationale ne pipera mot, vu son bilan presque élogieux dans la lutte contre le terrorisme en Afrique. Tout indique qu’il sera réélu, comme en témoigne sa désignation à la présidence de l’UA pour un an, à quelques encablures de la tenue de sa présidentielle de réélection dans son pays. Ses opposants n’auront que leurs yeux pour pleurer.

Djibouti : Avril 2016

Le Président sortant Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, ayant modifié la constitution pour faire sauter le verrou, est lui aussi sûr de rempiler. Il a   en  face de lui   une coalition d’opposants regroupée au sein de l’Union pour le Salut National (USN). Une Opposition qui, du reste, ne croit plus à la sincérité du scrutin et menace déjà de le boycotter.

Gabon : Août 2016

Ali Bongo Ondimba est loin d’être le seul hippopotame dans le troublant fleuve Gabon. Ainsi,  après le séisme au sein de sa formation consécutive à la sortie du gouvernement de Jean de Dieu Moukagni –Iwangou, Ali Bongo aura d’autres concurrents de taille à l’image de l’ancien président de la commission de l’Union Africaine, Jean Ping. Comme pour dire que le match  du mois d’Août se jouera jusqu’au coup de sifflet final. Souhaitons que la polémique créée autour de la crédibilité de son extrait d’acte de naissance ne soit pas un handicap majeur pour lui.    

Guinée équatoriale : Avant fin 2016

Teodoro Obiang Nguema Basoko  semble être  vraiment en terrain conquis. Son opposition est muselée et affaiblie. Son seul adversaire semble être la communauté internationale qui multiplie des allégations compromettantes à son encontre. Parmi ces accusations, nous pouvons citer entre autre l’affaire des biens mal acquis contre son fils et de « supposés » assassinats politiques. Mais son bilan très élogieux et son panafricanisme incontestable incarné, entre autre, par la création de la chaîne Africa 24 et son sursaut pour l’organisation de la CAN de football 2015, après le désistement du Maroc, plaident largement en sa faveur.

Gambie : 1er décembre 2016

Yahya Jammeh, le président africain le plus mystique, le plus opposé à l’homosexualité, est au pouvoir depuis plus de 20 ans et est sûr d’être réélu  pour un cinquième mandat. Il se donnera, à coup sûr, au mois de décembre prochain le score qu’il voudra parce qu’il n’a en face de lui qu’une opposition canardée et réduite à sa simple expression.

RDC : Avant fin 2016 

Joseph Kabila Kabangué s’amuse avec le feu. Son opposition et la puissante église lui ayant demandé de ne pas briguer un autre mandat, Kabila fils veut jouer au plus malin en trainant les pieds pour avoir à l’usure son opposition. Il tient, vaille que vaille, à se maintenir au tant que possible faute d’élections. Sa nouvelle trouvaille est de plaider pour un « dialogue inclusif » qui garantirait selon lui un scrutin apaisé. Pour se faire, il se propose d’organiser un recensement général qui prendrait entre 2 à 4 ans, l’équivalent d’un autre mandat. La récente victoire des léopards au CHAN 2016 semble lui donner le prétexte le plus favorable.

En définitive, la liste est loin d’être exhaustive. A titre de compléments, il n’est pas inutile de rappeler ici le nombre de pays qui organiseront des élections en cette année 2016. Il s’agit de : RCA, Ouganda, Niger, Bénin, Comores, Congo-Brazzaville, Tchad, Djibouti, Sao Tomé et Principe, Gabon, Cap-Vert, Zambie, Guinée équatoriale, Gambie, RDC et Ghana.

                                                                                                   Youssouf Sissoko

                                                                                        Youssoufjournalinfosept.com

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