À première vue, le remaniement ministériel de 1973 reflétait pour la première fois depuis le coup d’Etat de 1968, une volonté du gouvernement de donner plus de pouvoir aux civils. Depuis le coup d’Etat jusqu’en 1973, chaque remaniement amena plus de membres du Comité militaire de libération nationale (CMLN) en tant que ministres.
Le changement le plus important fut le remplacement de l’ancien ministre des finances, le Capitaine Baba Diarra par le président de la banque de développement, Tiéoulé Konaté. Bien que le limogeage de Diarra fût politiquement significatif dans le cadre de la politique interne du comité militaire, les autres changements étaient plutôt pour des raisons d’efficacité bureaucratique. Un remaniement tous les trois ans était tout à fait normal. Le président était de plus en plus confiant de son pouvoir exécutif. Il était devenu le leader incontesté du groupe militaire qui dirigeait le Mali. Les six nouveaux ministres étaient Tiéoulé Konaté, Aly Cissé, Sam Diawara, Mamadi Keita, Sékou Sangaré et Moustapha Soumaré.
Aly Cissé, âgé de 50 ans fut ministre de la Santé et était l’un de ces bureaucrates talentueux qui avaient bien appris leurs cours pendant les périodes coloniales et postcoloniales. Administrateur compétent, il fut directeur du cabinet du ministère de la Justice et de la Défense. Cissé fut aussi l’un des rares responsables de l’ère de Modibo Keita qui occupait toujours une position importante dans le gouvernement de Moussa Traoré. Il était apparemment non idéologue, avec une compétence managériale impressionnante. Pendant plusieurs années, il a coopéré étroitement avec les américains sur des questions militaires et semblait ouvert à cultiver les relations américano-maliennes.
Sam Diawara fut ministre du commerce. Né en 1939, il était l’ancien chef de la division politique du ministère des Affaires étrangères. Diplômé en droit et doctorat en science politique à la Sorbonne, il était « socialiste » par inclination et dans sa formation. Sa politique au ministère des Affaires étrangères reflétait cela. Diawara accompagnait le président dans plusieurs de ses voyages. La raison de sa nomination au ministère du Commerce était peut-être différente de la plupart des jeunes technocrates. Il venait d’une des familles de commerçants Sarakolés les plus compétentes de Bamako. Il pourrait être l’intermédiaire entre Traoré et ce puissant groupe.
Mamadi Keita fut ministre du Développement industriel et des travaux publics. Né en 1939, il a été formé au Mali et a suivi des études dans le commerce et l’économie à Lille et au Havre en France. M. Keita a travaillé au ministère du Commerce avant de devenir conseiller économique du président en 1969. Technocrate avec beaucoup de talent et visiblement peu de biais idéologique, Keita visita les États-Unis en 1969 pour assister à une formation du Fonds Monétaire International.
Sékou Sangaré, ministre du Travail et de la Fonction publique a obtenu un diplôme en droit à Paris et fut conseiller technique au ministère des Finances avant de devenir directeur du cabinet à la présidence en 1969. Il fut président de la banque centrale du Mali. M. Sangaré a dirigé la commission gouvernementale qui a fait une étude approfondie des entreprises publiques. Il était connu pour son efficacité. Sangaré était personnellement très proche du Président Traoré.
Moustapha Soumaré, ministre de l’Enseignement primaire, de la Jeunesse et du Sport est né en 1934. Il fut ancien directeur du lycée technique, de l’école normale supérieure et de l’école nationale d’ingénieurs. Il a obtenu son doctorat en mathématiques en 1970 après avoir étudié à Dakar, Toulouse et Caen. Soumaré est essentiellement un très bon éducateur.
Bien que le nombre de civils augmenta dans le nouveau gouvernement, le vrai pouvoir résidait toujours dans les mains des militaires pour plusieurs raisons : le comité militaire demeurait un groupe avec le pouvoir politique au conseil des ministres ; les nouveaux ministres étaient tous des technocrates choisis par le président et le comité militaire. Ils étaient dans le sens réel “les hommes de Traoré”. C’était un groupe considéré comme « progressif », bien formé, admiré par leurs pairs et bien connecté. Bien qu’ils fussent membres d’un gouvernement non démocratique, ils ont servi leur pays avec leurs compétences.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com
c’est quoi cet article….! inopportun…
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