Le président de la République doit se ressaisir et sortir des discours creux, surtout d’une certaine campagne électorale. Et de ses interminables voyages : 48 en 7 mois, soit 2 par semaine. Il doit comprendre que la construction d’un pays ne se fait pas dans l’avion. Aura-t-il oublié qu’il est président d’un pays en crise ?
Après avoir fait fi des accords de Ouagadougou, Ibrahim Boubacar Keïta les reconnaîtra après une mise au point des chefs d’Etat de la Cédéao lors du sommet de Yamoussoukro. En effet, au cours de cette rencontre, les chefs d’Etat de la Communauté lui ont fait savoir qu’ils n’ont qu’un seul médiateur, en la personne du président Blaise Compaoré du Burkina Faso. En conséquence, selon nos sources, ils ont invité le chef de l’Etat malien à respecter cette volonté communautaire. Et depuis ce sommet, le président IBK est revenu dans les accords de Ouagadougou : il en parle et les tient comme document de référence.
Aujourd’hui, après les impairs de début de règne, les Maliens pensent que rien n’est perdu, pour que le président IBK emmène tous les Maliens à parler le même langage. Fort en cela du soutien de plus de 77% de nos compatriotes qui ont voté pour lui. IBK doit alors cesser de les faire douter. Il devra, pour cela, se mettre au-dessus des clivages politiques. D’autant qu’il est chef de l’Etat, président de tous les Maliens et non d’une obédience politique.
IBK peut et doit se ressaisir pour l’intérêt du Mali afin de le mettre sur la voie d’une sortie de crise. En effet, le pays n’est pas encore stable au point que lors de leur rencontre avec le président de la République, les gouverneurs de régions lui ont clairement signifié que la situation sécuritaire reste dramatique sur l’ensemble du territoire. Il est urgent que des solutions idoines soient trouvées, notamment à Kidal, qui risque d’échapper à la souveraineté du Mali, selon nombre de Maliens.
En un mot comme en cent, le président de la République doit se mettre au service des Maliens et arrêter de jouer à la politique de l’autruche. Il doit être le fer de lance de l’unité d’action, en tant que chef de famille, pour les rassembler tous: classe politique, société civile, etc. Il en a les moyens. Encore qu’il soit évident, que le Mali n’a pas besoin de la politique politicienne, comme s’il était dans une situation normale.
Le pays est en crise, parce que les jihadistes reviennent ; il est en crise, parce que l’Etat n’est pas encore présent à Kidal ; le pays est en crise, parce que les communautés ne se font pas assez confiance. Le Mali est en crise, parce que la situation sécuritaire n’est pas maîtrisée malgré la présence de ses alliés.
IBK doit se réveiller et redonner confiance aux Maliens. Dans ce sens, les actes doivent compter plus que les mots : affirmer que le nord est sa priorité, alors qu’en 7 mois, il n’a visité aucune région du septentrion du pays, il y a un paradoxe. Pourquoi ne pas se rendre à Kidal, si tant est que Kidal fait partie du Mali et constitue une priorité ? Aujourd’hui, le président de la République doit prouver que le Mali est un et indivisible. D’autant que la communauté internationale vient de lui en donner les gages, en réaffirmant son attachement à l’intégrité territoriale du Mali. La balle est dans son camp.
Kassim TRAORE