Le nouveau bureau devra mériter la confiance placée sur son épaule à l’issue des élections municipales du 20 novembre prochain, où il est attendu de pied ferme. Cette première manche a valeur de test pour les scrutins présidentiels de juin et juillet 2018, qui devront consacrer la réélection du président IBK pour un second mandat de 5 ans.
« IBK a humilié Bocary Tréta », « IBK ne veut pas le sentir », « Tréta n’est pas un rassembleur », « Tréta et Abdoulaye Idirssa Maïga se regardent en chiens de faïence », bref on aura entendu toutes sortes de commentaires sur celui qui a été porté à la tête du parti majoritaire, le Rassemblement Pour le Mali (RPM), Bokary Tréta, à l’issue de leur 4ème congrès ordinaire, qui s’est tenu le week-end dernier au Palais de la Culture Amadou Hampathé Ba. La campagne de dénigrement contre lui avait commencé à saper le moral des Tisserands. Le doute et le découragement avaient commencé à s’emparer de la famille des Tisserands à cause de ces rumeurs qui ne cessaient de prendre de l’ampleur. Mais, comme on le dit dans les coulisses, c’était une stratégie du locataire de Koulouba d’écouter les délateurs afin de se faire une religion sur qui et qui, il pouvait compter dans les moments les plus difficiles dans la gestion des affaires. Ceux qui croyaient donc en une rupture entre Bocari Tréta et son mentor IBK, peuvent déchanter. Ils doivent comprendre qu’IBK, qui est un vieux routier de la politique malienne, a toujours un tour dans son sac. Et, l’histoire nous enseigne que l’on n’apprend pas à un vieux singe à décortiquer de l’arachide. Le président Ibrahim Boubacar Kéïta, le fondateur du Rassemblement Pour le Mali (RPM) a donc mis fin définitivement aux commentaires et aux supputations quant à sa succession à la tête des Tisserands et le rôle qu’il compte donner à son parti durant le reste de son mandat. La courte période creuse entre son parti et lui et la rédemption qui commence étaient des passages obligés pour raffermir la confiance surtout des alliés qui attendent beaucoup aussi de leur alliance.
Le nouveau bureau a certes accouché dans la douleur puisqu’il fallait trouver un compromis pour départager le désormais ex-secrétaire du parti, Bocari Tréta et l’ex-directeur de campagne du candidat IBK à l’élection présidentielle de juin et juillet 2013, Abdoulaye Idrissa Maïga, qui le secondait également dans l’ancien bureau au poste de secrétaire général. Encore une fois, c’est IBK qui gagne. Le vieux routier a su trouver le compromis nécessaire pour empêcher le peuple RPM de vivre les moments difficiles qui étaient annoncés après le Congrès. Les mauvais oiseaux prédisaient l’éclatement du parti à l’issue de cette assise. Mais, finalement, rien n’a été de tout cela. Un consensus finalement a été trouvé sur implication personnelle du président de la République, qui a finalement imposé le choix du duo gagnant, Bocari Tréta, président et Abdoulaye Idrissa Maïga, 1er vice-président. Les rumeurs faisaient de lui, le challengeur à Tréta dans un duel serré pour le contrôle du parti. Les deux ont finalement été promus ensemble pour mettre fin, du moins pour l’instant, au bicéphalisme suicidaire qui hantait les Tisserands. La sagesse du locataire de Koulouba a donc prévalu sur le démon de la cassure, le pire est désormais derrière. D’ailleurs, l’ambition est dans un jeu politique, ce que le carburant est pour une voiture. C’est ce dynamisme qui donne de l’énergie aux acteurs politiques. C’est donc normal qu’il y’ait des tiraillements pour le contrôle des postes.
Le nouveau bureau de 85 membres que le duo Bocari Tréta et Abdoulaye Idrissa Maïga dirige fédère toutes les sensibilités qui composent les Tisserands. Selon des sources proches du nouveau président, le bureau répond au souci de rassemblement que prône le parti. C’est donc un bureau de mission très costaud qui a été mis en place pour assurer au président IBK une réélection en douceur. Pour ce faire, les municipales du 20 novembre prochain constituent un test grandeur nature pour Bocari Tréta et son équipe. L’objectif est de rafler le maximum de sièges pour contrôler le maximum de Mairies sur les 703 communes. La question est de savoir maintenant si l’ancien ministre de l’Agriculture a l’étoffe nécessaire pour propulser davantage le drapeau « Vert et Or » des Tisserands.
Qui connaît le maître à tisser des Tisserands ne peut se douter de ses compétences à remplir gaillardement sa mission. IBK et Tréta sont deux hommes qui se connaissent suffisamment pour se faire mutuellement confiance. Pour le savoir, un petit parcours dans l’histoire récente de notre landerneau politique. On était en 2001, lorsqu’IBK venait de quitter l’ADEMA-PASJ pour fonder son parti, le Rassemblement Pour le Mali. En son temps, le combat préliminaire a été mené sous la bannière d’une Association politique : « Alternative 2002 ». Elle a été intensément animée par des grands orateurs, comme Bakary Konimba Traoré, qui venait d’être chassé de la présidence du Conseil d’Administration de la Banque de l’Habitat du Mali (BHM). Le poste de PCA a même été supprimé après son départ. Au chômage, l’homme utilisaient les micros des salles de conférences pour pourfendre le régime. Le professeur Issa N’Diaye aussi, un autre cadre de l’association était très en verve en son temps. Pendant que ces hommes préparaient le terrain pour la création du futur parti, Bocari Tréta, un des fidèles était resté dans la famille ADEMA-PASJ dans le but de ratisser large dans les rangs des abeilles. Et, IBK n’a pas été déçu de la moisson qui a été plus que satisfaisante pour lui. Le secrétaire général de l’ADEMA d’alors est parti avec un parterre de députés pour fonder le Rassemblement Pour le Mali, le plaçant à peine né au second rang des formations politiques présentes à l’Assemblée Nationale. Le bébé est né avec des dents très longues. C’était le début d’une nouvelle aventure, sur le chemin de laquelle, les deux hommes ont appris à mieux raffermir leurs liens, dit-on dans l’entourage du nouveau président des « Vert et Or ». Selon nos interlocuteurs, IBK sachant qu’il ne peut être déçu par son ami et compagnon de route a finalement opté pour le ticket gagnant Tréta-Maïga pour recoller les morceaux de tissus en vue des batailles futures qui sont, désormais, le seul combat qui vaille. Car le reste se gère après, ajoute notre interlocuteur. Il s’agit donc de rassembler les tisserands pour vaincre.
M. A. Diakité