Il est des situations politiques qui requièrent un exercice d’humilité pour ne pas dilapider son capital de confiance. Pour une formation politique en quête du pouvoir, l’exercice n’est pas du tout humiliant, bien au contraire, il est même porteur d’espérances et synonyme de grandeur d’âme. Il y a donc urgence et nécessité pour le Parti pour le Développement Economique et Social (PDES) de taire ses contradictions internes et d’arrêter ses divagations pour pousser dans la même direction. En d’autres termes, il s’agit de faire bloc derrière un candidat de grande valeur, capable de défendre les couleurs du parti et de pêcher des voix (pas en eaux troubles) mais chez les indécis. Parce qu’il faut se rendre à l’évidence : les électeurs sont plus ou moins confus sur le choix des candidats. Cette confusion est bien exprimée par une formule consacrée : « ils sont tous pareils ».
Il est donc temps pour le PDES d’engager la réflexion pour le choix de son porte-étendard et d’agir vite. Pour cette formation politique qui se réclame du président Amadou Toumani Touré, au point de prendre même le sigle de son Projet de développement économique et social (PDES), les alternatives ne sont pas nombreuses. Elle peut jouer la carte Modibo Sidibé.
Si l’on s’en tient aux commentaires et analyses des observateurs de la scène politique, le choix raisonnable pour le PDES serait Modibo Sidibé. Certains répliqueraient en disant simplement que l’ancien chef de l’exécutif n’est pas du PDES. Certes, il n’est jamais monté au créneau pour crier sur tous les toits qu’il a une coloration politique mais il partage avec les ténors du PDES, le statut de proche du président Amadou Toumani Touré et le privilège de faire partie du cercle restreint des cadres qui jouissent de l’estime du prince de Koulouba. On sait que le président de la République, Amadou Toumani Touré détient encore la carte «joker».
Mais au delà de ces détails, Modibo Sidibé est une force tranquille qui pose méthodiquement ses pions sur l’échiquier politique. Les associations de soutien à sa candidature font maintenant une politique de présence, c’est-à-dire, travailler l’opinion nationale, par des initiatives et des actions qui rappellent aux bons souvenirs de Modibo Sidibé. Les calicots géants affichés sur les panneaux publicitaires de l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP), à la croisée des chemins, un peu partout dans la capitale, en sont la parfaite illustration. Il sera donc le candidat idéal, capable de conduire le PDES à la victoire finale lors de l’élection présidentielle 2012. Les dates de cette joute électorale sont fixées au 29 avril pour le premier tour et au 13 mai pour le deuxième tour.
Le peulh bon teint, a une capacité intellectuelle avérée. Il a toujours mis ce potentiel au service du développement de son pays, sans afficher une quelconque coloration politique. Ce qui compte pour lui, c’est le progrès. La perche est donc tendue aux militants du PDES. Il les appartient de s’en saisir. Parce qu’il y a possibilité de constituer avec Modibo Sidibé, une «dream team ».
Le choix éventuel de Modibo Sidibé pour les futures joutes présidentielles n’est pas apprécié par tous les militants du parti. Cet état de fait est légitime mais il faudra simplement admettre la réalité qui s’impose aujourd’hui. En prenant du recul, on comprend aisément pourquoi, le vice-président du parti, Jeamille Bittar, s’agite pour se faire désigner porte-étendard du PDES. Parce qu’il sait qu’il ne fera probablement pas le poids face à la carrure de l’ancien Premier ministre. Le nouveau président du Conseil Economique, Social et Culturel pousse les feux pour la multiplication des associations de soutien à sa candidature avec ou sans l’accompagnement des héritiers du président Touré. Pour des observateurs politiques, l’option de Bittar est regrettable et lui offre aucune chance dans les empoignades électorales, annoncées impitoyables pour nombre de candidats. Il aura donc fort à faire pour s’imposer.
Le PDES aura intérêt à avoir avec lui, Modibo Sidibé, s’il veut réellement conquérir le pouvoir et perpétuer les valeurs de leur mentor : le général président. Lui même semble dépassé par la tournure des évènements de cette fin de mandat. Tantôt, il donne l’impression de rester arbitre du jeu politique, tantôt d’être avec tout le monde. On le voit se faire accompagner dans ses voyages à l’intérieur par des présidents de partis et candidats briguant la magistrature suprême. Mais s’il y a un point qui n’est pas négociable pour lui, c’est les ambitions présidentielles des ministres au gouvernement. Le premier citoyen du pays, a été on ne peut plus clair pour tout le monde. Ceux qui nourrissent des ambitions dans ce sens doivent quitter le gouvernement a-t-il prévenu. Le PDES n’a pas eu l’intention de présenter Hamed Diane Semega et ne pouvait, non plus, le faire du fait des avertissements du président Amadou Toumani Touré.
L’ancien Premier ministre formera avec Hamed Diane Semega, un binôme intéressant pour le parti. Le premier est un cadre de grande valeur qui n’a plus rien à prouver au plan national. Ses compétences, lui ont valu de rester près de deux décennies dans les hautes sphères de l’administration malienne. Il garde ses chances pour les joutes présidentielles à venir. Il pourrait ainsi confier à Hamed Diane semega, le poste de Premier ministre. Ce qui serait une évolution normale pour la carrière de l’actuel ministre de l’Equipement et des Transports et président du PDES.
A Ahmed Diane Séméga, on peut tout reprocher sauf de ne pas véritablement mouiller le maillot. Comme dans un match de football, il reste un porteur d’eau à qui on confie très souvent le rôle ingrat. Ce ministre a occupé deux maroquins dans les gouvernements successifs du président Amadou Toumani Touré. Au niveau du ministère de l’Energie, de l’Eau et des Mines, il s’est signalé par son entregent. Il a eu le mérite d’impulser la dynamique d’organisation du secteur minier et de débroussailler le terrain pour les innovations dans le code minier. Son passage dans ce département des Mines a permis de poser des actes pour inciter les partenaires à venir investir dans ce secteur qui prospère aujourd’hui. Ses résultats à la tête de ce département, ont amené Amadou Toumani Touré, à lui confier le ministère de l’Equipement des Transports. Là, il se sent plus à l’aise puisque Hamed Diane Semega est un homme de terrain qui ne se préoccupe des commentaires insensées des autres. Il travaille pour être jugé aux résultats. Dans ce registre, il a convaincu plus d’un.
Les militants du PDES doivent dépasser leur orgueil d’homme pour voir la réalité en face. Ils peuvent gagner la présidentielle mais à une seule condition. Il faut jouer la carte du peulh.
Youma