Au départ d’Oumar Tatam Ly, IBK avait besoin d’un Premier Ministre au double profil: un technicien intègre, averti des questions financières et susceptible de coordonner le travail de la lourde bureaucratie étatique; mais aussi un homme plus politique que Tatam Ly qui prendrait les coups en lieu et place du chef de l’Etat. Un tel oiseau ne figure pas au RPM, formation rempli de politiciens blanchis sous le harnais et qui souffre, de notoriété publique, d’une forte pénurie de hauts cadres. Or, dans son élan de départ, Tatam Ly avait été suivi par les technocrates qu’il avait intégrés dans la galaxie IBK, notamment Madani Touré, ex-ministre délégué au budget et Cheick Oumar Diarrah, ex-ministre de la Réconciliation Nationale. C’est donc en l’absence de véritable alternative que le chef de l’Etat a porté son dévolu sur Moussa Mara.
Problème: Mara est un vieux rival politique d’IBK. A la tête de son parti (“Yelema”), il avait défait le RPM aux municipales de 2007 et même failli battre le leader du RPM aux législatives qui avaient suivi. De surcroît, malgré les appels du pied d’IBK, Mara avait tenu à présenter sa candidature à la présidentielle de 2013. Par conséquent, en choisissant Mara pour diriger le gouvernement, le président IBK prenait deux risques majeurs: mécontenter son propre parti, majoritaire au parlement, et voir son Premier Ministre le doubler dans la perspective de la présidentielle de 2018. Mara, fin politique, a senti le climat de méfiance. Il en a déduit qu’il lui fallait, au plus tôt, donner des gages de loyauté à son patron. C’est ce qui explique son obstination à justifier l’achat de l’encombrant Boeing présidentiel et, surtout, à se rendre à Kidal, bastion rebelle où, quelques mois auparavant, Tatam Ly avait renoncé à atterrir.
Si la visite de Kidal a engendré, peu après, une tragédie nationale, elle n’en a pas moins donné à Mara une stature d’homme d’Etat. Du coup, les caciques du RPM tentèrent d’utiliser le mauvais côté de l’affaire pour déboulonner le Premier Ministre.Ils ne veulent de lui ni à la primature, ni à la tête d’une quelconque mouvance présidentielle. Si, jusqu’à présent, Mara garde son piédestal, il le doit à trois choses: IBK n’a nulle envie de changer de Premier Ministre tous les mois; en outre, le président se demande s’il n’est plus judicieux d’attendre l’issue des pourparlers avec les groupes armés pour former un nouveau gouvernement; enfin, plus que son prédécesseur, Mara garde des entrées dans la famille présidentielle. Mais ces atouts lui garantissent-ils vraiment une survie à moyen terme à la primature ? Il aurait tort de le croire.
Mara devrait, au contraire, rechercher l’agrément du petit peuple. Mieux que l’onction présidentielle, c’est là que réside son avenir. Il n’y parviendra qu’en jugulant les préoccupations économiques de la nation et en se positionnant comme un recours à l’actuel chef de l’Etat. Or, de son avènement à ce jour, le Premier Ministre semble faire beaucoup plus de politique que d’économie. Au lieu de déléguer la tâche à ses ministres, il préfère lui-même disserter sur des papiers d’avion, encourant, à chaque instant, le démenti cinglant des faits. Au lieu qu’il impose une gestion rigoureuse des finances, il préfère laisser la bride sur le cou de sa ministre des Finances qui, comme chacun le sait, n’arrive pas à convaincre les bailleurs de fonds de son attachement aux dépenses dites de souveraineté. En somme, Moussa Mara oublie de remplir le panier de la ménagère, seul garant de sa propre longevité gouvernementale et de sa carrière présidentielle. Cette absence de résultats économiques fragilise Mara face à ses ennemis intimes du RPM. On aurait pu penser que pour la compenser, Mara songerait à élargir ses appuis politiques dans l’optique d’un gouvernement d’union nationale: or, sans nécessité aucune, il ne cesse de susciter la colère de l’opposition en traitant, par exemple, Soumaila Cissé de fuyard et en faisant convoquer par SMS les leaders de l’opposition à Koulouba…
Mais tout n’est pas perdu pour le chef du gouvernement.
A condition qu’il sache s’amender.
– Il faut qu’il se tourne vers l’économie dont l’essor constitue la condition sine qua non de son maintien à la primature;
– Il faut qu’il adopte, malgré les risques d’éviction, une démarche d’homme d’Etat, de chef du gouvernement et non de simple exécuteur des quatre volontés du chef de l’Etat;
– Il faut qu’il rassemble davantage les Maliens au lieu de se croire en mission exclusive d’une majorité présidentielle dont la base ne cesse de se réduire;
– Il faut qu’il se préoccupe moins de son maintien à la primature et songe davantage à l’image qu’il gardera après son départ de ce lieu qui, toute façon, n’est que transitoire.
Si, au lieu de tout sacrifier au présent, Mara parvient à corriger son image, sa stature et sa démarche politiques dans le sens de l’avenir, il sauvera ses chances de devenir un jour calife à la place du calife. En effet,Il représente, avec Housseyni Guindo, le leader de la CODEM, l’un des meilleurs représentants de la jeunesse pour la magistrature suprême à l’horizon 2023, étant entendu que sauf cataclysme, le bilan (bon ou mauvais) d’IBK ne l’empêchera nullement de rempiler. En tout état de cause, Mara constitue aujourd’hui le dernier rempart contre le parti-Etat RPM. Qu’il tombe, et le parti investira à la hussarde tout l’espace public. On se souvient d’ailleurs qu’à Tatam Ly, les Tisserands avaient soumis une longue liste de militants à caser dans les rouages de l’Etat. Profondément pénétré du sens de l’Etat, Ly avait rageusement mis la liste au panier puis décidé que toute haute fonction publique serait pourvue par voie de compétition…
Tiékorobani
Moro mara menteur l’opportuniste le délinquant financier doit partir et partira bientôt tous nos malheurs viennent de lui, Perte du nord affaire fmi banque mondiale suspension des aides extérieures etc etc. Mara rendez le tablier ou on vous chassera
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