Qui sera le président de la nouvelle Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) en voie d’installation ? Un homme politique comme ce fut le cas en 2009 lors des élections communales avec Seydou Traoré, un baron de l’Adema-PASJ ou un membre de la société civile comme en 2002 avec l’Avocat Me Moustaph Cissé de l’AMDH et en 2007 avec le Magistrat Fodié Touré, représentant du Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM)? Telles sont les questions qui préoccupent aujourd’hui les membres de la CENI déjà désignés par leurs structures et partis.
Avant même la formalisation de leur désignation qui sera faite par un décret pris en Conseil des Ministres, lesdits représentants venant d’horizons divers se livrent à une bataille féroce pour le contrôle de la présidence de la nouvelle CENI.
Il nous revient en effet de sources sûres que certains partis politiques qui ont cependant des candidats déclarés à la présidentielle de 2012, nourrissent l’ambition de contrôler la nouvelle CENI chargée pourtant de superviser lesdites élections. En clair, lesdits partis voudraient être à la fois joueurs et arbitres. L’Adema-PASJ et le PDES veulent en effet rééditer chacun le coup de 2009 en s’emparant de la présidence de la nouvelle structure de supervision des élections. Mais, la société civile qui ne l’entend pas de cette oreille et qui mesure tous les enjeux de ce scrutin pour notre jeune démocratie, est déterminée cette fois-ci à ne pas se laisser faire. Elle dispose d’ailleurs déjà d’un candidat de consensus en la personne de Maître Elias Touré dont l’expertise en matière électorale n’est plus à démonter. C’est donc le premier épisode d’un feuilleton électoral qui nous réserve beaucoup de surprises.
Qui sont les acteurs du jeu ?
En faisant le tour des membres de la CENI déjà nommés par leurs structures et partis politiques et en toute objectivité, nous pouvons affirmer sans nous tromper que :
Abdoulaye Koïta de l’URD est un ancien Député qui a fait plusieurs CENI. Sa sagesse et son expérience seront très utiles pour la supervision des élections à venir.
Moussa Amion Guindo est connu, quant à lui, comme un administrateur chevronné qui est au crépuscule de sa carrière. Représentant de l’Adema-PASJ au sein de la nouvelle CENI, il est l’un des trois représentants au poste du président. L’Adema-PASJ, fort de sa cinquantaine de Députés, est en effet déterminé à tirer profit de cette situation. La vérité est qu’on ne peut pas compter sur son expertise en matière électorale qui requiert des prédispositions et des expériences spécifiques.
Me Malick Ibrahim, représentant du PDES, est Avocat de son état. Il n’a pour seul atout que sa jeunesse et sa bonne volonté. Il semble être trop pressé. Il est le 2è prétendant au poste de président de la CENI.
C’est le cas aussi du nouveau président élu de l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH), Me Moctar Mariko. Jeune Avocat, humble et sincère, ce serait certainement son baptême de feu dans cette structure.
Me Oumar Cissé, représentant du RPM, est aussi Avocat de profession. Ancien diplomate, sa plume et ses analyses seront certainement de nature à élaborer un rapport sans faille. C’est dire donc que le poste de rapporteur de la nouvelle CENI en voie d’installation est un poste qui lui revient de «droit».
Dioncounda Samabaly occupe l’unique siège attribué à la majorité extraparlementaire et qui est revenu au PIDS, son parti. En plus de son expérience de militant, c’est certainement le meilleur gestionnaire du groupe.
Ousmane Théra du CNID est aussi un homme d’expérience dont le profil peut aider la CENI dans sa tâche.
Nantié Bougoudogo est un ancien Député représentant de l’UDD. Il s’est toujours porté candidat aux différents scrutins législatifs. Comment se portera t-il alors en arbitre ?
Issaga Kampo : Un vieux cheval de retour au sein de la nouvelle CENI pour le compte du MPR. Il a une expertise avérée qui peut lui être profitable.
Ibrahim Sissoko, représentant de la CODEM, est un professeur d’enseignement supérieur. Son atout, c’est sa jeunesse et son volontarisme. Il n’a aucune expérience en matière électorale.
Oumou Touré, présidente de la CAFO, est certainement l’une des plus brillantes intellectuelles du groupe. Elle a de l’assurance et un franc parler. Elle ne mâche pas ses mots. Est-ce une qualité ou un défaut ?
Maître Elias Touré : Ce représentant du barreau dans la nouvelle CENI est cette année le porte-étendard de la société civile. C’est assurément celui qui porte un grand intérêt aux élections. Il est inscrit sur la liste des experts de la Francophonie et de la CEDEAO. Feu Sékou Doucouré, en sa qualité de représentant du chef de l’Etat auprès de la Francophonie, disait de lui : «Maître Elias Touré est un éminent juriste, discret et utile au cours des élections». Un témoignage qui vaut son pesant d’or aujourd’hui.
En somme, à notre sens, la CENI constitue un tout, mais qui doit garder toute sa neutralité même composée en majorité de partis politiques à côté de la société civile. Alors, attention : Que dira-t-on d’un président de la CENI dont le parti a un candidat aux élections ou dont les consignes du parti soutiennent un candidat ?
Les élections de 2012 ayant un caractère particulier, prenons garde de mettre à la tête de la CENI un représentant d’un parti politique. Les élections ne sont pas uniquement la chose des partis politiques, mais de tous les Maliens, des populations, de tous les habitants des villages et hameaux du pays. Un membre de la société civile à la tête de la nouvelle CENI ne constitue-t-il pas un garde-fou pour nous tous ? Une assurance et mieux une garantie au moins pour la stabilité sociale.
Birama FALL