Bakary Woyo Doumbia, député élu à Bougouni : « Nous invitons nos cinq députés à se ressaisir »

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Député élu dans la circonscription électorale de Bougouni et resté seul fidèle à la ligne politique du parti pendant que les cinq autres ont décidé de suivre la majorité parlementaire et présidentielle, l’honorable Bakary Woyo Doumbia dans cet entretien qu’il nous a accordé lors du 1er congrès des FARE, dans le franc-parler qu’on lui connait, critique ouvertement le comportement des hommes politiques Maliens dont certains ont fait du nomadisme et de l’affairisme leur sport favori. Aussi, il invite ses camarades députés élus sous les couleurs des FARE à se ressaisir et à rester fidèles aux idéaux du parti  grâce auquel, ils sont devenus députés à l’Assemblée nationale. Lisez plutôt.

 

 

Le Tjikan : Honorable, aujourd’hui, quelles sont les impressions qui vous animent avec la tenue de ce 1er congrès ?

Honorable Bakary Woyo Doumbia : Aujourd’hui, je suis animé par un sentiment de satisfaction, de fierté parce que le congrès a été très bien convoqué, et toutes les sections y ont pris part dans la joie et dans l’allégresse  totale.

 

 

Les militants sont venus de tous les coins du Mali. Les travaux étaient très intéressants parce qu’il s’agissait de relire les statuts et règlements intérieurs du parti, de parler de la vie du parti, de se pencher sur les questions politiques, de voir la mobilisation des ressources. Donc, les participants au congrès, sans aucune complaisance se sont donnés à cet exercice. Je pense que de mieux en mieux, et sur une telle lancée, les FARE iront très loin.

 

 

Quelle place occupent, aujourd’hui, les FARE sur l’échiquier politique national ?

Nous avons tiré des leçons des élections dernières. Ces élections nous ont donné entière satisfaction parce que les FARE ont occupé la quatrième place, non seulement aux élections présidentielles, qu’aux élections législatives avec six députés.

 

 

Donc, sur l’échiquier politique national, il faut désormais compter avec les Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence (FARE) An Ka Wuli , qui est devenue une force incontournable dans le champ politique malien. Cela, malgré son jeune âge car les FARE ont trouvé que le terrain était suffisamment investi par des centaines de partis. On pourrait se poser la question : pourquoi les FARE ont vite émergé ainsi ?

 

 

Mais cela est dû à un homme : Modibo Sidibé. Nous lui faisons entièrement confiance et avec lui, les FARE iront plus loin.

 

 

Qu’est-ce qui explique la division que connaissent aujourd’hui les FARE ?:

Cela s’est installé comme une habitude chez nous dans le comportement de nos hommes politiques, c’est-à-dire, l’opportunisme, les raccourcis,  courir vers celui qui est au pouvoir pour avoir ses intérêts. Je comprends que certains de nos camarades emboitent un peu ces pas.

 

 

Mais, au niveau des FARE, nous les prions de se ressaisir rapidement parce qu’en fait, quand on créait  ce parti, nous nous étions dits que nous n’allons pas mettre en place un parti de plus.

 

 

Nous ne voulions pas d’un parti qui va ressembler à tout ce qu’il y a déjà en place et qui est décrié. Aujourd’hui au Mali, le comportement des hommes politiques et la pratique politique sont décriés par les populations à cause des mensonges, des alliances contre nature.

 

 

Sinon, comment comprendre qu’un candidat qui était dans le FDR puisse se retrouver, aujourd’hui, dans la mouvance présidentielle ou donner des consignes contraires à celles qu’il avait données il n’y a pas longtemps. Cela est un manque de cohérence, de personnalité.

 

 

Il faudrait que  l’on arrive désormais à constituer des partis dignes de ce nom, des partis qui ont une identité propre, quelque chose qui les particularise et les différencie des autres partis.

 

 

Aux FARE, nous sommes contre ce bric- à-broc, cette façon brouillonne de faire les choses où la lisibilité n’est pas au rendez-vous, où on est prêt à faire l’alliance avec n’importe qui, à changer de veste, et prêt à tout pourvu que la fin justifie les moyens.

 

 

LesFARE tranchent avec cela car nous avons des lignes, des fils rouges à ne pas franchir.

Donc, c’est tout cela qui nous emmène, aujourd’hui, à rester nous-mêmes.

Nous invitons les cinq députés qui ont avancé des arguments très légers pour expliquer leur décision, à se ressaisir.

 

 

Ils disent qu’ils sont allés dans la mouvance présidentielle parce qu’ils ont été élus sur des listes du  RPM. Cela n’est pas suffisant comme argument quand on sait que le RPM est allé même avec l’URD dans certaines circonscriptions. Aussi, quand on sait qu’en 2018, ils vont forcement être obligés de se déterminer.

 

 

Voilà un peu des comportements peu orthodoxes, à mon avis, qui ne doivent pas faire tâche d’huile aujourd’hui, parce que le contexte malien est tel que le Malien devient, de plus en plus, mûr politiquement.

 

 

La société civile est debout, il faut se rendre à l’évidence que les gens ne sont plus prêts à suivre un parti qui n’a pas d’âme, un parti qui fait du n’importe quoi, qui ne cherche que l’argent, les postes, qui fait ce qu’on appelle le business politique. Il s’agit des affairistes qui viennent sur le champ politique, se mettent ensemble pour créer un parti avec un seul but : l’argent, le pouvoir pour avoir l’argent ou se cacher derrière ce pouvoir pour faire mal à l’Etat.

 

 

Donc, aux FARE, nous condamnons cela. Nous sommes beaucoup à l’aise parce que,  pendant les électionsprésidentielles,on  a fait que vilipender notre président, connaissant un peu sa force, sachant bien que ceux qui ont travaillé avec lui savent que c’est quelqu’un qui ne se ménage pas le méninge, qui tient ses promesses, qui travaille dans l’unique but de développer le pays et qui fait le sacrifice de soi pour que le pays se développe.

 

 

Nous savons aujourd’hui que pendant les élections présidentielles, on a vilipendé un peu partout son nom, mais la vérité finira toujours par triompher. Il a gardé sa position avec le FDR en donnant des consignes pour voter pour Soumaila Cissé car il s’est dit que si c’était lui qui est allé au second tour, le candidat de l’URD ferait pareillement.

 

 

Donc, la politique ne doit pas être un petit jeu de dupes où on peut mentir sans problème, faire du n’importe quoi sans se soucier du reste. Cette façon de faire la politique, il faut commencer à la détester et à la repousser.

 

 

Prévoyez-vous  au sein des FARE des sanctions internes contre les cinq députés  du parti qui ont rejoint la majorité présidentielle ?

La première sanction est d’abord celle des militants et militantes des FARE qui ont condamné de façon vigoureuses cette attitude de nos camarades. Parce qu’en fait, entre les deux tours, un autre responsable des FARE avait fait la même chose contre les consignes de notre parrain Modibo Sidibé. Il a donné des consignes pour faire un vote contraire. Et le parti à l’époque n’avait pas pris de sanction contre ce dernier. Mais aujourd’hui, les cadres et les militants FARE se disent déterminés à rompre avec l’impunité, avec le laxisme. Ils se sont indignés du comportement des cinq députés qui ont choisi des calculs mercantilistes pour aller à l’aventure, en laissant l’essentiel et en allant en contrecourant de leur parti politique. Nous leur prions seulement de se ressaisir.

 

Propos recueillis par Georges Diarra

 

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