Bah N’Daou mis à la touche : les raisons profondes

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Bah N’Daw Ministre de la Défense et des Anciens Combattants
Bah N’Daw Ministre de la Défense et des Anciens Combattants

En effet, Bah N’Daou pense que le programme de cantonnement, de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de réinsertion ne peut pas et ne doit pas se faire à la bonne volonté des groupes armés, car le document que le Mali veut signer, fait la part belle, en l’état actuel, aux propositions des groupes armés qui ne sont pourtant plus maîtres sur le terrain.

 

Il y a aussi la question de la réintégration des déserteurs de l’armée malienne. Question complexe puisque les déserteurs sont de différents ordres : ceux qui ont fui par peur, ceux qui ont retourné leurs armes contre le Mali et les assassins des militaires et populations engagés aux côtés des terroristes. De fait, pour Bah N’Daou, il n’est pas bon de les mettre tous dans le même panier du DDRR.  En outre, le ministre sortant de la Défense ne voit pas d’un bon œil la Commission qui sera mise en place, au plus tard 60 jours après la signature de l’Accord. Il s’agit d’une Commission nationale pour le DDRR, comprenant des représentants du gouvernement et des mouvements armés, pour mener à bien le processus de cantonnement et de DDRR, en consultation avec les populations locales. Cette Commission travaillerait en étroite collaboration avec le Comité de suivi du prochain Accord, garant de la mise en œuvre de ce processus.

 

  1. N’Daou estime que le redéploiement des Forces de défense et de sécurité, de manière progressive et sur une période d’une année à compter de la signature dudit Accord, sur l’ensemble des régions du Nord du pays, est une violation de la souveraineté du Mali. Il fustige également le fait que les forces redéployées devront inclure un nombre significatif de ressortissants des régions du Nord du pays, y compris dans la chaîne de commandement, de façon à conforter le retour de la confiance et faciliter la sécurisation progressive de ces régions. Et dans ce cadre, les différentes parties arrêteront les modalités d’intégration des éléments ayant appartenu au Mécanisme opérationnel de coordination aux structures de commandement de l’Armée.

 

Toutes ces parties du futur document d’Alger incommodent, selon nos sources, le ministre sortant de la Défense. Et c’est en pleine contradiction avec les négociateurs aux pourparlers, il y a deux semaines, qu’il y a eu la question de remaniement du gouvernement, suivant une lettre envoyée aux ministres par le Premier ministre sortant, Moussa Joseph Mara. Finalement, Bah N’Daou n’est pas parvenu à s’entendre avec l’équipe technique, encore moins avec les autres membres du gouvernement sur les points mentionnés ci-haut.

 

À tout cela est venu s’ajouter le contrôle physique au sein de l’armée. Toute chose que les officiers supérieurs de l’armée n’ont pas acceptée, d’autant que le contrôle physique a mis à nu beaucoup d’écarts entre les chiffres annoncés et les chiffres réels obtenus par les contrôleurs. Dans certains camps où l’état-major avait annoncé 750 hommes, les contrôleurs n’ont trouvé que 500 hommes. La tension est alors montée d’un cran entre l’ex-ministre et les officiers supérieurs.

 

Pire, l’état-major se plaignait par ailleurs de la suppression de certaines primes. Autant dire que la Grande muette était agitée. Sans oublier les complaintes des soldats au front. Une autre situation, qui a contribué au pourrissement du climat, aura été la libération de terroristes par le gouvernement malien, à la faveur de laquelle des voix se sont levées dans l’armée pour exiger celle du putschiste Amadou Haya Sanogo et ses compagnons. Face à ce cocktail explosif, Bah N’Daou a préféré partir…

 

Kassim TRAORE

 

 

 

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