Avenir politique du Mali : Pas de changement en vue

2

Quelle va être l’avenir politique du Mali malgré l’annonce des dates des prochaines élections? Aucun discours politique n’est capable de nous éclairer là-dessus. Le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas parvenu à répondre à cette question épineuse, même pas partiellement. Bien au contraire, elle a parfois même davantage obscurci l’horizon.
Loin de l’allégorie politique façonnée selon laquelle «le paysage politique s’assainit toujours après un putsch», le Mali se dirige vers tout, sauf le changement politique. L’engagement patriotique n’est pas prêt de se mettre au-dessus des caprices individuels, voire rancuniers. D’ailleurs, Dieu seul sait ce que la réconciliation nationale va donner. Certes la «transaction» politique a réussi, mais le changement politique n’est pas encore au bout du tunnel. En effet, les tractations menées par la Cédéao pour édifier la transition ont été une transaction politique qui semble être une sorte de trophée pour ladite organisation. Cette prouesse, diplomatique pour Alassane Ouattara et de routine pour Blaise Compaoré, a été l’appât de trop pour plonger le Mali dans le gouffre. Parce que dès lors que les documents censés baliser la transition avec la junte ont été signés, en conférant au capitaine Sanogo un statut d’acteur central lui permettant de choisir le Premier ministre et de composer le gouvernement, la Cédéao s’est hissée au top des «bourreaux» du Mali.
Du côté de la table des négociations ou de la réconciliation nationale à venir, aucun pronostic n’est encore lisible. Une chose est claire, le Mali se devra de préserver ses propres valeurs fondamentales: une République démocratique laïque, la constitutionnalisation de droits sociaux et une politique générale de l’égalité dans tous les domaines pour toutes les communautés. Le seul manuel de bord de la commission dite de négociations ou de réconciliation, qui sera très bientôt mise en place, doit être la Constitution malienne dans le vrai sens de sa lecture. Celle qui porte les visions de la société malienne. Et celle qui se veut, selon certaines interprétations, être exclusivement un plan d’organisation politique.
Il ne faut donc pas se voiler la face, le changement politique auquel les Maliens rêvent n’est pas pour aujourd’hui. Le maintien du climat politique que les gens verront inchangé, après les élections, conduira sans nul doute à une généralisation abusive de l’idée que rien d’autre ne change et même à une incapacité à voir le changement là où il se trouve: les évolutions finiront par être invisibles tant que le climat politique restera le même. En gardant le même système, on s’apercevra que les continuités seront plus visibles que les évolutions.
Le problème du changement n’est pas seulement de créer la permutation, mais comme le Mali l’a découvert durement au cours du dernier mandat d’ATT, d’harmoniser les dynamiques de changement. Contrairement à ce que prétendent certains politiciens maliens, le problème de ce pays est la disharmonie dans le changement et de l’incrustation d’une sorte de gérontocratie depuis plus d’une vingtaine d’années, doublées du manque de personnages politiques radicalement inoxydables.
Rokia Diabaté

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. Je le dis et je le repète,tant que nous ne faisons pas table rase sur cette classe politique nous n’irons nulle part. Il est temps que les gens se reveillent pour une alternance democratique.

  2. Belle analyse. Le cas politique du Mali est vraiment inqietant et presage rien de bon pour l avenir si les politicien ne laissent pas la place a la jeune releve

Comments are closed.