Avant le grand rendez-vous présidentiel de 2022 : L’exercice moral que doit accomplir la classe politique

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Entre guerre de tranchées, de positionnement et alliances défiant toute logique politicienne, la classe politique malienne de l’ère démocratique n’a guère luit par sa promptitude à œuvrer pour l’édification de l’œuvre nationale. Depuis, les échéances électorales se suivent et se ressemblent tristement. Des poids lourds qui promettent monts et merveilles pour décrocher le graal, des politiques avides de postes à tel point que l’adversaire d’hier devient, l’espace d’une campagne, l’ami intime, et des électeurs instrumentalisés à souhait. La piqûre de rappel à l’ordre de 2012 n’a visiblement pas servi à conscientiser les politiques. Ils retombèrent honteusement dans leurs travers. Alors que le pays amorce un énième virage, la classe politique va-t-elle enfin faire ce que l’on attend d’elle ?

Mea culpa, pure et simple. Voilà ce que les dirigeants politiques auraient dû faire les premières heures qui suivirent la chute du défunt président ATT, et de son modèle politique de démocratie consensuelle. Car sous ces jours, tous ou presque avaient droit à une part du gâteau, par rapport au poids de chaque représentation politique. Tous ou presque vinrent à table, jouir des délices du pouvoir, sans trop se soucier du devenir du pays. Tout ne pourrait aller que pour le mieux, puisque eux, ils avaient ce qu’ils voulaient. Le modèle était donc voué à l’échec. Tous étaient auteurs ou complices. Et au lieu de présenter leurs excuses à la nation pour leur piètre devoir politique, ils font comme si de rien n’était.

Mais en réalité, la classe politique aura aussi pêché en n’expliquant pas de manière pédagogique la démocratie au peuple malien après 23 ans de dictature. Elle profita de l’illettrisme de la majorité pour se tailler un système où elle sera gagnante dans toutes les configurations. Et quand l’honnêteté et la dignité voulaient qu’elle fasse son mea culpa, elle se fondit dans la masse des frustrations pour en ressortir sous une autre forme. Dans le Burkina Faso voisin, la classe politique aura fait cet exercice hautement moral après  la chute de Blaise Compaoré qui voulait faire un forcing électoral pour se maintenir au pouvoir.

Une chose est sûre. L’on ne peut concourir à l’exercice du pouvoir et ignorer les réalités essentielles du pays sauf si l’on était aveuglé par les délices et privilèges dues au poste occupé.

Un mea culpa de la classe politique reconnaissant ses torts dans la crise qui secoue le pays depuis bientôt 10 ans, est-ce trop beau pour être vrai ? L’avenir nous le dira.

Ahmed M. Thiam

 

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