Avalanche de candidatures à la présidentielle malienne : Maturité démocratique ou pagaille ?

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Parmi les candidats déjà déclarés officiellement pour la présidentielle du 29 Avril prochain, nombreux sont ceux qui ne mesurent pas les défis qui les attendent une fois qu’ils auront accédé au Palais de Koulouba. Si certains expliquent cette pléthore de candidatures par une maturité de la démocratie malienne, par contre, d’autres la qualifient de pagaille. Lire notre analyse

 

Conformément aux dispositions dela Constitution, le président ATT ne pourra plus se présenter, cette année. Du coup, beaucoup de nos concitoyens en profitent pour se porter candidat. Il y a certes, des prétendants séreux qui veulent tenter leurs chances dans le sens de l’accomplissement du bien être du peuple Malien. Mais, il y a aussi un nombre important de fantaisistes qui se déclarent à titre figuratif uniquement pour des intérêts autres que ceux dela Nation.

Ces derniers tentent en général de s’offrir l’occasion de participer à un partage du gâteau. Le cas de l’ancienne ministre de l’éducation de base, Mme Diallo Aminata Sidibé, est un exemple frappant. Venue de nulle part, elle s’est trouvée à la tête d’un département juteux pour avoir été candidate à la présidentielle de 2002. Mais cette année, elle est en mauvaise posture pour plusieurs raisons dont la plus connue est la confiance qui lui manque de la part de ses concitoyens. D’ailleurs, tous les candidats en position de rôle figuratif sont conscients qu’ils n’ont aucune chance de monter à Koulouba. Mais, ils s’entêtent.

Par conséquent, on assiste à une avalanche de déclarations de candidature dont certaines n’ont aucun sens. Il y a deux semaines, un inconnu, en l’occurrence Aguibou Koné a manifesté sa volonté de briguer la magistrature suprême du Mali. Dans sa déclaration, à l’image des autres candidats, il a parlé du problème au nord. Il a aussi énuméré un certain nombre de secteurs qu’il compte développer tels l’éducation, l’agriculture, la santé, les nouvelles technologies de l’information, l’exportation, la culture et le débat social. Pour lui, il faut en finir avec les dettes qui étouffent le Mali. Cette litanie inspirée des préoccupations actuelles de nos concitoyens est «du copier coller» qu’on remarque chez tous les candidats.

De toute façon, Mr Koné s’en sert pour arriver à ses fins. À preuve, en 2011, Aboubacar Macalou, un ancien membre du CNID et inconnu du paysage politique a étalé sa prétention dans des circonstances pareilles. Depuis ses premières déclarations, Macalou s’est perdu sur la scène politique. On se demande s’il arrivera même à remplir les critères pour faire valider sa candidature. Il y a aussi des prétendants bien connus, mais qui n’ont pas la carrure d’un président dela République.

C’est le cas de Jeamille Bittar président du Conseil économique, social et culturel (CESC) et non moins président dela Chambrede commerce et d’industrie du Mali (CCIM). Sa visibilité à travers ces différentes institutions et son activité professionnelle lui ont donné l’ambition de se lancer dans la course présidentielle. Cette ambition a même engendré la faiblesse du Parti pour le Développement Economique etla Solidarité(PDES) qui a préféré ne pas présenter son candidat. Cette décision a donné un coup de pouce à l’ambition du natif de San. Selon certains observateurs, en tant que candidat à la présidentielle, Bittar va pouvoir se mettre à l’abri du fameux dossier dela CCIMrévélé par l’ancien Vérificateur général. Or, cette affaire de Bittar serait sur la table de Sombé Théra, le juge anti corruption.

Déjà, plusieurs de ses proches crient au complot politique à propos des rumeurs récemment suscitées par ce dossier scandaleux. De toute façon, la justice Malienne ne se laissera pas impressionner par des pressions de qui que ce soit. Vu l’importance de la place que leur candidat convoite, les partisans de Bittar doivent se mettre à l’évidence que les Maliens ont le droit de savoir toute la vérité sur lui.

Quant à Cheick Boukadari Traoré, il est bien connu dans notre pays mais pas sur un plan qui plaide à sa faveur. Car en dépit de ses discours sur la promotion de la culture, la résolution durable de la crise au nord et la prospérité, les gens mettent toujours en exergue le passé négatif de son père. Le souvenir que suscite et ressuscite Moussa Traoré, ancien président dela Républiquedu Mali, reste encore indélébile de la mémoire collective.

Malgré ce paramètre, Cheick Boukadari n’a pas baissé d’ardeur pour se positionner dans la présidentielle d’Avril prochain. Bref, tous ces candidats pensent qu’il faut collecter des fonds afin de s’engager dans la présidentielle de 2012 et ce dans le but de multiplier leurs mises. Ils s’égarent dans des illusions. La preuve leur sera donnée, plaise à Dieu, au sortir du premier tour du scrutin présidentiel.

Issa Santara

 

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