Au sujet de la commission dialogue et réconciliation : Le Copa Souffle le chaud et le froid

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A la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée samedi dernier, le Collectif des patriotes (Copa) a ouvertement lancé un appel aux populations à soutenir cette Commission.  Structure qu’il avait pourtant récemment remise en cause en appelant le chef de l’Etat à revoir sa copie.

Makan Konaté
Makan Konaté

Au menu de cette rencontre avec la presse, deux points essentiels : la Commission dialogue et réconciliation dont les membres ont été désignés il y a quelques jours et le dossier de l’achat du matériel roulant pour le compte de l’Armée. Ce dernier point, on le sait, défraie la chronique ces derniers temps. A l’occasion, Makan Konaté, président du Copa était en compagnie de certains membres du bureau, en l’occurrence Mamadou Diallo, secrétaire général, Aminata Koné, secrétaire à l’Organisation et Amadi Gakou, secrétaire à l’Information.
Dans son exposé liminaire, le président du Collectif a fait croire que leur prise de position récente par rapport à la composition de la Commission dialogue et réconciliation, à l’instar de celle du Coren et de la communauté Bellah, a bien été prise en compte par les autorités de la transition. Et pour cause. Celles-ci s’apprêteraient à créer  des groupes de contact au niveau des différentes régions, a affirmé Makan Konaté, évoquant des sources gouvernementales qu’il s’est gardé de citer. Ces groupes de contact, au sein desquels pourraient siéger les couches qui ne sont pas représentées dans la Commission, devraient servir de relais entre cette dernière et les populations, a-t-il expliqué. Toute chose qui signifie de l’avis du président du Copa que le travail de la Commission sera décentralisé. Ainsi, il ne trouve plus de raison de se dresser contre cette structure qu’il a appelée à soutenir. Car, justifie M. Konaté, le temps presse et il faut aller aux élections.
Au chapitre de l’achat du matériel militaire, cette autre boîte de pandore, Makan Konaté a dénoncé ce qu’il a appelé une cabale contre le Premier ministre pour être  accusé à tort de refuser d’équiper l’Armée. Or, a-t-il expliqué, en ordonnant que les 8,9 milliards Fcfa dont il est question soient mis à la disposition de l’Etat en les logeant dans un compte spécial au Trésor public, Diango Cissoko a ainsi montré sa bonne foi. Aussi, à en croire le président du Copa, il n’y aurait plus que 4 milliards Fcfa des fonds auxquels il est fait allusion dans ce dossier d’achat de véhicules. Fonds qui, à ce jour, ne seraient toujours pas tombés dans les caisses de l’Etat. C’est pourquoi, il a souhaité que le Bureau du vérificateur général prenne en main ledit dossier afin que nous en sachions plus sur ce qui a été fait du reliquat des plus de 8 milliards Fcfa annoncés, s’ils ont existé. En tout état de cause, il se dit qu’il y a bien eu des pots de vin dans cette histoire.
Bakary SOGODOGO

Le Copa, un instrument de chantage ?
En adoptant cette nouvelle position,  Makan Konaté et son Copa se doivent de comprendre qu’ils peuvent difficilement convaincre les Maliens sur le bien-fondé de leur démarche. En effet, il n’y a pas plus tard qu’une semaine, ce même Collectif, par la voix de son président, Makan Konaté, avait, dans ces mêmes colonnes, rejeté la Commission dialogue et réconciliation. Celle-ci, arguait-il, est mise en place de manière hâtive et sa composition n’avait pas fait l’objet d’une grande réflexion. Et subitement, le langage du Copa change.
En tout cas, ils sont nombreux les observateurs qui se demandent comment ces  patriotes d’une autre époque ont bien pu tourner la veste de manière aussi spectaculaire en l’espace de quelques jours, tant les arguments mis en avant pour justifier cette position paraissent bien légers.  Car, à notre connaissance, aucun des membres de cette structure auxquels le président du Copa s’en était pris dans son interview du lundi 15 curant n’a été relevé de son poste. Le Copa serait-il donc devenu un instrument de chantage pour ses animateurs, notamment son président ? Se demande-t-on de nos jours. La question est d’autant légitime que ce dernier traîne la réputation en ce moment d’être un homme prêt à revoir sa position même pour des miettes. En tout cas, du coup d’Etat du 22 mars à nos jours, les observateurs avertis gardent de M. Konaté et de son Collectif l’image d’une organisation volage. Telle une girouette abandonnée au gré du vent, ces «patriotes» ne se meuvent que dans le sens de leurs intérêts du moment. De sorte qu’ils ont aujourd’hui perdu tout crédit, s’ils en ont d’ailleurs eu.  Comme pour dire que Makan Konaté et son Copa n’en sont pas à leur première expérience. Car, les Maliens se souviennent qu’ils s’étaient, dans un premier temps, opposé à Cheick Modibo Diarra, alors Premier ministre, avant de s’aligner derrière ce dernier jusqu’à sa démission. Quelques jours après le débarquement de ce dernier, Makan Konaté et les siens s’étaient dressés contre M. Diarra, le traitant de tous les noms d’oiseau. Heureusement que le ridicule ne tue point dans ce pays. Sinon, les membres du Collectif des patriotes, en l’occurrence son président, ne seraient plus de ce monde. C’est pour ainsi dire qu’il n’y a pas à être surpris  que le Copa souffle aujourd’hui le chaud et le froid car, de ce comportement, Makan Konaté et les siens semblent avoir fait leur sport favori depuis très longtemps.
Et il est bon de rappeler les propos tenus par un des acteurs du coup d’Etat du 22 mars 2012, l’adjudant-chef Seyba Diarra, qui confiait à notre confrère de Mali Demain, dans un numéro spécial consacré à l’an I de ce coup d’Etat,  que la junte n’a pas réussi, non seulement à cause de l’impréparation du coup d’Etat, mais aussi et surtout parce que le soutien de la classe politique leur manquait. Et d’ajouter qu’ils ont compris, certes un peu plus tard, que tous ceux qui s’agitaient en faisant croire qu’ils les soutenaient ne représentaient en fait rien du tout et ne gesticulaient que pour leurs intérêts.
En tout cas, il suffit de regarder les agissements de Makan et son fameux Copa, sorti d’on ne sait où, pour donner raison à la junte. D’ailleurs, il est temps que les Makan, il y en à foison, sachent que la récréation induite par le coup d’Etat est terminé.
Bakary SOGODOGO

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