Au rythme du Mali : Les nouveaux seigneurs de la real politique

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Mahmoud Dicko, Président du Haut Conseil Islamique
Mahmoud-Dicko

Un quart de siècle après l’avènement du multipartisme, l’exercice politique est pratiquement essoufflé au Mali. Son influence sur les institutions publiques se conjugue désormais au passé s’il n’est déjà pas relégué aux calendes helléniques. Les élections demeurent certes un baromètre formel de la légitimité populaire, mais les faiseurs de roi et d’opinion appartiennent à un autre monde : celui de la religion musulmane.

Les plus nantis parmi les acteurs politiques maliens en ont suffisamment le cœur net et n’hésitent pas à conditionner les milieux religieux pour les besoins de certains de leurs desseins ponctuels. Leur impressionnante organisation et leur influence tentaculaire sur l’opinion leur a ainsi valu une implication pour le moins atypique dans la dimension diplomatique de la crise malienne. Une forte délégation de musulmans –à laquelle s’est associée l’Archevêque de Bamako pour les besoins de diversité a sillonné l’Europe au nom du Mali dans le cadre des actions diplomatiques de règlement de la crise. Ce n’était pas la première occasion pour laquelle la plus haute autorité du pays, le chef de l’Etat, se résigne à admettre l’inégalable représentativité du monde musulman dans l’opinion malienne.

Il y a une année environ, à la faveur des assises du Haut conseil islamique, IBK déclarait publiquement qu’il doit sa brillante élection et ses suffrages plus aux sensibilités religieuses du pays qu’aux milieux politiques, dont il est lui-même le fruit. «(…) Et, tant que vous êtes derrière moi, rien ne me fera chuter», leur avait-il lancé pour la circonstance dans un contexte marqué par la publication du brûlot sur ses connexions avec Tomi Michel, un magnat des jeux de hasard à travers le monde de la logige.

Célébration du Maouloud sous le thème de la réconciliation
Cherif Ousmane Madani Haidara

Le président de la République n’est pas le seul à avoir sentir le besoin de caresser les religieux (principalement musulmans) dans le sens du poil. Si l’ancien employeur de Moussa Mara a eu beaucoup de peine à mettre un terme à ses fonctions de Premier ministre, c’est aussi parce que ce dernier était si profondément enraciné dans les milieux islamiques qu’il n’était pas aussi facile à déboulonner. Et pour cause : durant son règne à la Primature, présents et honneurs ont parachuté sur les associations musulmanes et les mosquées qui accueillaient à tour de rôle les longues retraites nocturnes de l’ancien chef du gouvernement. Sa démission de la Primature n’a guère entamé ses connexions religieuses, à en juger par les récentes envolées exhibitionnistes du président de Yelema très habile dans la mise en exergue et la vente de sa piété sur les réseaux sociaux. Y compris dans les endroits sacrés de la maison de Dieu : La Mecque.

Si le monde musulman est courtisé et sollicité au plus haut niveau de l’Etat, c’est parce qu’à la différence d’une scène politique affectée par les turpitudes de ses acteurs, il jouit d’une notoriété encore vierge et d’une grande audience qui apparaissent dans une impressionnante capacité de mobilisation à l’occasion des rassemblements religieux à peine moins fréquents que les manifestations politiques.

Le dernier en date s’est produit, il y a une semaine environ, dans la foulée des offensives de charme tous azimuts en faveur de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Mais, le monde musulman s’est déjà illustré par le passé à travers des démonstrations  beaucoup plus impressionnantes comme celles en rapport avec le Code des personnes et de la famille ou encore ce meeting organisé pendant la transition sur la situation au Nord-Mali.

Comme toutes les scènes publiques, le gotha compte ses manitous, ses repères et ses caciques qui marquent jalousement leurs terrains d’influence respectifs. Leurs adeptes s’identifient à travers d’influents personnages et notables religieux comme Mahmoud Dicko, Ousmane Chérif Madani Haïdara, le chérif de Nioro, pour ne citer que les plus en vue. Quand ils ne comptent pas en tant qu’éléments incontournables de la carrière administrative de cadres ainsi que du mécanisme décisionnel de l’Etat comme le chérif de Nioro ou le président du Hcim, ils font figurent d’habiles et de redoutables vecteurs de formation de l’opinion comme le précurseur du réseau ‘’Ançar Dine’’,  par le biais notamment d’adeptes et rabatteurs qui foisonnent sur les fréquences radiophoniques les plus influentes dans le pays.

Longtemps confinés dans ce rôle de faiseur d’opinion, voire de rois, leur irruption sur la scène publique prend de plus en plus des formes politiques à peine voilée. Après que le chérif de Nioro en a donné les couleurs en s’affichant publiquement comme acteur politique, Ousmane chérif Madani Haïdara lui a récemment emboîté le pas à travers l’organisation d’un congrès qui n’avait rien à envier aux assises des grandes formations politiques de la place.

En attendant de voir les milieux musulmans lui disputer plus âprement les suffrages et la légitimité élective qu’en 2013, le microcosme politique malien n’est peut-être pas à l’abri de la phénoménale vague religieuse qu’ont connu d’autres pays africains où l’influence de l’islam a pu prospérer au détriment de la laïcité : la Tunisie, l’Egypte, la Libye, etc.

Abdrahmane KÉÏTA

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11 COMMENTAIRES

  1. Merci, TAWHID. Vous êtres le seul a comprendre le jeu polico-réligieux que l’occident joue avec nous même. Si non comment comprendre que dans un pays à majorité musulman, qu’on ne parle pas de politique .
    Le ca de Rahim Soumaré m’irrite beaucoup, ce mécréant va jusqu’à dire que l’islam est une malédiction pour l’Afrique. De grâce, si l’on aime pas le lièvre, il faut lui reconnaitre ses longues oreilles. La politique ne porte pas seulement sur le domaine de l’organisation et du fonctionnement des affaires de l’État, mais elle est propre à une société organisée et civilisée comme le fait la religion, notre religion. Les internautes doivent beaucoup réfléchir avant d’écrire car leurs écrits peuvent retourner contre eux.

  2. Si la Religion Musulmane joue un role si decisif sur la politique Malienne cela signifie en clair que le laicisme est proclame au Mali mais il est loin d’etre mis en pratique. Le Mali, vu du point de vue politique, est” le pays des IMANS”comme au temps de Mustafa Kemal Ataturc avant que l’Armee Turque n’impose cet Officier Laic pour diriger la Turquie.C’est le pays des Imans car ce sont eux qui agissent sur l’opinion politique de la grande masse,qui decident qui sera le President et qui ne le sera pas ,qui interviennent pour l’adoption de ceraines lois civiles comme le Code de mariage.Ataturc a donne a la Turquie un destin unique dans le monde musulman.Je me souviendrai toujours de cet ami ,fervent musulman, qui au retour du Moyen Orient, me disait:Mon ami ! le developpement ,ce n’est pas les buildings.Quand les peres fondateurs du Mali:Modibo Keita,Madeira Keita ,Jean-Marie Kone,Kologo,Seydou Badian,Aw Mamadou,Haidara,les Diarra etc ont adopte la laicite,ils ne l’ont pas fait pour les beaux yeux du Pape,ou des Pasteurs Leaders des Sectes Protestantistes; ils l’ont fait a cause des valeurs du PROGRES dont le Mali beneficiera: Le Republicanisme,”Res Publica”,la Chose publique,le Progressisme,le Populisme,du mot latin “populus,peuple,l’Etatisme,qui justifie l’interet public,et le Nationalisme,qui conduit au Patriotisme.L’Etat des Imans ne fait pas cas de la Reconnaissance des droits civils ,politiques et culturels de chaque citoyen,y compris des Minorites.Chacune de ces valeurs attribuees a l’Occident devrait pouvoir porter un chretien,un Athee a la tete de l’Etat Malien.Le pays des Imans l’interdit.Au nom du pluriethnicite et du multiconfessionalisme,l’Etat laic adopte le Code Civil et des tribunaux civils .Si le Mali en particulier,et l’Afrique en general cherche la prosperite a travers le genie humain,le Mali doit etre reellement et non virtuellemen un Etat du Droit democratique,laic et social.

  3. Pour tout le respect que j’ai envers ces deux personnalités ils doivent s’ écarter de la politique dans la plus mesure qui parle de la politique parle forcément le mensonge la démagogie la trahison hors en réalité ce sont des actes que la religion condamne avec la plus grande fermeté dans ce cas précis on peut pas être au four et au moulin.salam

  4. A. Keita, je p-ense qu’au lieu de s’immixer dans la politiques, nos “chefs spirituels” devraient plutot chercher a se mettre en cause.
    Pourquoi ❓ ❓ PARCE QUE LA CRISE QUI SEVIT AU MALI EST LEUR FAILLITE
    Le role de la religion et des chefs religieux est de former des “citoyens de foi”. La crise ayant montre la faillite de l’homme malien, c’est tout notre systeme -traditionnel, educatif economique, social et surtout RELIGIEUX – qui a failli.
    SI DONC LA MAJORITE EST MUSULMANE ET QU’AVEC CETTE MAJORITE LE PAYS A FAILLI, LES CHEFS DE CETTE MAJORITE NE DOIVENT PLUS SERVIR D’EXEMPLE.
    ( :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: exemple terre-a-terre: un Imam dont la fille “leve le coude” ouvertement, appeleras-tu cet-immam pour faire le bapteme de ta fille? 😀 😀 😀 )

  5. A> Keita, je p-ense qu’au lieu de s’immixer dans la politiques, nos “chefs spirituels” devraient plutot chercher a se mettre en cause.
    Pourquoi ❓ ❓ PARCE QUE LA CRISE QUI SEVIT AU MALI EST LEUR
    Le role de la religion et des chefs religieux est de former des “citoyens de foi”. La crise ayant montre la faillite de l’homme malien, c’est tout notre systeme -traditionnel, educatif economique, social et surtout )

  6. Les leaders musulmans du Mali doivent comprendre que la religion et la politique ne font pas ménage ensemble …..
    L’islam n’adhère condamne tout ce la politique enseigne à ses fils c’est à dire mensonge , trahison etc . Donc ne mélangeons pas les choses !

    • Allez-y apprendre le sens du mot politique avant de parler de sujet qui vous depasse. La politique n’est pas le vol, le mensonge, le manque d’integrite etc, mais bien le contraire. Nos religieux ONT echoue dans leur role, qui Il me faut vous le rappeler est une autre POLITIQUE.

  7. Mon frère tu as parlé d’influence de la religion sur la sphere politique mais en fait tu n’as parlé que des musulmans. Mes chers frères ,ouvrons les yeux et arretons de jouer le jeu des ennemis de l’islam qui en longueur de journée, ne manquent ni de moyen ni de strategie pour combattre notre religion. Ils sont tellement intelligents qu’ils nous poussent nous même musulmans à nous detruire et à dénigrer notre religion. Sinon comment comprendre que dans un pays à majorité musulmane que l’on soit étonné de voir l’islam influencer notre vie socio-politique. Au contraire, si c’est vrai que nous sommes majoritaires, nous devons faire en sorte que notre religion s’impose partout et dans tous les domaines, tout en sauvegardant les droits des non musulmans. Meme dans ce qu’ils appellent ” democratie” c’est la majorité qui gouverne non? La religion ne se limite pas seulement à prier, jeûner etc. La religion c’est aussi un mode de gouvernance, donc la politique l’economie … rien n’y echappe. Donc en conclusion je veux tout simplement dire que c’est tout à fait normal que dans un pays majoritairement musulman, que l’islam influence la politique. Je m’arrette là pour le moment. TRES FRATERNELLEMENT

    • Bien refléchi mon cher. Justement c’est parce que les musulmans sont majoritaires que le pays devrait s’organiser en préservant les intérêts des musulmans. Mais aussi ceux des autres confessions présentes dans le pays. Gouverner selon les principes musulmans est une atteinte à l’esprit de la cohabitation religieuse. On devait plutot gerer les pays selon les principes universels de gouvernance. Ces principes ne favorisent ni ne defavorisent aucune religion. Les musulmans qui demandent la gouvernance du pays selon les principes musulmans, ont un autre esprit derrière la tête.
      Bon courage

    • L’Islam est une malédiction pour l’Afrique noire en général et pour le Mali en particulier. Ni Dicko ni haidara n’aiment le Mali et encore moins les Maliens. Leur objectif ce n’est rien d’autre que d’accéder à un hypothétique paradis. Peut on être un musulman et un patriote? Tous ceux qui d’une manière ou d’une autre contribuent à l’islamisation du Mali sont contres le progrès du Mali.
      Les musulmans n’ont rien inventé n’ont rien édifié. Ils n’ont rien apporté à la civilisation du monde. Ce sont les autres qui les ont tout donné; lumière, papier, pantalon, avion, ordinateur… C’est pour ça qu’ils sont vexés. La rancœur les ronges les tripes.
      La civilisation est une œuvre collective. Il n’y a pas de surhomme ni de sous homme. Tous devant les mystères de la vie. Tous misérables devant les catastrophes. On ne peut pas habiter la haine longtemps. Elle enfante des cadavres et du sang. Ce Dicko et Haidara nous entrainent dans le chaos et la catastrophe.

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