Début d’année incertain et flou pour un Chef d’Etat. Et longue et dure attente pour tout un peuple.
La République du Mali, en crise depuis mars 2012, avait jeté son dévolu sur M. Ibrahim Boubacar Keïta en 2013. C’est sur lui finalement que le peuple fonda ses espoirs face à un certain Soumaïla Cissé lors de la présidentielle. Deux années ont déjà passé. A l’entame de 2016, les Maliennes et Maliens s’adressèrent des salamaleks. Ils prièrent, formulèrent des vœux de paix, de bonheur et de prospérité. Mais, cela suffirait – il ?
Le destin du Mali est entre les mains de ses filles et fils. Devions – nous continuer à vivre dans les illusions ? Les fausses promesses ?
Faut – il rappeler que le scrutin présidentiel de 2013 réservait peu de surprises. Les observateurs remarquaient tous que le candidat Ibrahim Boubacar Keïta bénéficiait, à la fois, de la sympathie des maîtres du jour (les putschistes du 22 mars 2012) mais aussi et surtout de l’estime de ses concitoyens. Ces derniers avaient en mémoire son passage à la Primature sous l’ère Alpha Oumar Konaré.
Ils ignoraient que le parti des deux hommes, ADEMA – PASJ, était réellement capable de faire quelque chose pour le Mali. Ce n’était pas l’affaire d’un seul homme mais des milliers de cadres et de militants, au four et au moulin, sous la clairvoyance du Président Alpha Oumar Konaré.
Lorsqu’il s’est agi, donc, pour le peuple de choisir entre les deux finalistes, IBK et Soumi, le peuple malien n’hésita point. Tous les deux étaient pourtant des apparcethiks des régimes Alpha et ATT. Sans débat, sans programme, le premier, IBK, fut plébiscité.
Il fallait donc cela pour que les Maliens mesurent la gravité de la situation. Si ce n’était pas IBK qui avait promis monts et merveilles à ses compatriotes, eu égard aux désinformations distillées et les insanités jetées sur son challenger, le Mali serait aujourd’hui en guerre civile. Jamais la fracture sociale n’avait atteint un tel degré dans notre pays.
Vingt – huit mois après son investiture, IBK s’est confortablement installé au pouvoir. C’est l’un des Chef d’Etats les mieux habillés et véhiculés de la sous – région. Il s’est même arrogé le droit de s’offrir un ” oiseau “, pardon un avion de confort. Des problèmes du pays, il promet encore des jours heureux.
” Le meilleur est à venir “, annonça t – il lors de sa récente adresse à la Nation. Auparavant, il disait haut et fort : Le sort du Mali ne se discutera qu’au Mali… Ce sera entre Maliens… ”
Tout le monde sait aujourd’hui que le sort du Mali est loin d’être dans les mains des Maliens. Ça se discute ailleurs, notamment à Alger. La paix promise par les Accords dits d’Alger tarde et peine à se concrétiser. L’autorité de l’Etat est mise à mal. Elle est défiée par les groupes armés (Aqmi, HCUA, …). Les trois régions du Nord (Gao, Kidal, Tombouctou) échappent à des variantes à l’Etat central. Les vrais maîtres de ces régions sont les animateurs des groupes armées, et les contrebandiers. Comme si tout cela ne suffisait pas, ils mettent leur nez dans le centre du pays. Bamako, la capitale, a régulièrement apporté la preuve de la faiblesse de l’Etat malien. Deux attentats meurtriers en 2015, c’en était trop.
TRISTE SORT DES MALIENS
Des discours pompeux sont diffusés à longueur de journée pour faire croire à une certaine reprise économique. Les indicateurs sociaux sont régulièrement flattés. Or, le panier de la ménagère continue de dégringoler. Actuellement, les observateurs sont unanimes sur le sujet. Au Mali, il y a une économie parallèle contrôlée par des fonctionnaires, des hommes politiques haut placés. Du secteur des hydrocarbures à l’agroalimentaire, ils étouffent tout à leur passage.
L’exemple des poulets congelés a récemment mis à nu la boulimie de ces fonctionnaires. Ils ont évoqué des arguments fallacieux pour nuire aux vendeurs de poulets. ” Pas d’autorisation “, ” hygiène “, ” logistique “, patati, patata. Mais, qu’est -ce que le Mali produit de sérieux ? Ne sait – on pas qu’en plus des céréales, des oignons et autres fruits proviennent d’ailleurs et sont consommés au Mali ? A-t-on un jour pensé que le bétail malien est exporté vers le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire,
Si dans ces pays, l’on évoquait des problèmes de logistique, d’hygiène, que se passerait – il ?
Certainement que nos chers fonctionnaires n’évoluent pas en grand nombre dans ce secteur.
Ils allaient trouver encore des prétextes fallacieux pour piétiner les éleveurs.
Bien qu’importés, les poulets congelés reviennent moins chers sur les marchés. Il n’est pas donné à n’importe qui de se procurer les poulets des fonctionnaires maliens. Lors des fêtes de fin d’année, les Maliens ont encore souffert. Commentaire d’un lecteur : “Du coût de la vie, IBK était très attendu. Mais, il se trouve que c’est là où il a le plus déçu les Maliens “.
Un autre renchérit : ” Il aurait pu insuffler du sang neuf dans sa gouvernance. Il s’est rabattu sur des vieux chevaux. D’où la persistance de la crise “.
Ce dernier faisait allusion notamment au Premier ministre, Modibo Keïta. Dès sa nomination, l’homme apparaissait en effet aux yeux des observateurs comme faisant partie de la vieille école. Statistique usé par tous les efforts fournis par le passé, dépassé par les maux de notre pays. Beaucoup de gens doutent de sa capacité réelle d’animer le travail gouvernemental. Le scandale des logements sociaux des membres de sa famille vient d’ailleurs d’entamer le capital de respect que lui vouait tout un peuple. En clair, il n’incarne plus confiance.
Voir que le Mali entame l’année 2016 dans ces conditions, avec un Chef d’Etat très visible à l’étranger et un chef de gouvernement désormais décrédibilisé, l’optimisme une saurait être de mise.
B. KONE