On commence quelque peu à y voir plus clair. Même s’il reste encore des zones d’ombre. On ne trouve aucune autre formule qui campe mieux le contexte particulier des élections à venir que cette petite phrase de Me Mountaga Tall, président du parti Cnid : “ 2012 ne sera une formalité pour personne’’. Dioncounda Traoré en a eu l’avant-goût, lui qui est passé ‘’entre les cuisses de l’éléphant’’ pour accéder à la candidature de son parti, l’Adema-Pasj. Le puîné des partis de l’ère démocratique, le premier-né étant le Cnid. Mais, au passage, il reste à confirmer que ce titre officiel de « candidat » aura un vrai contenu le moment décisif venu.
Ce paradoxe illustre les contours incertains des élections générales qui pointent à l’horizon : l’existence des zones d’éclaircies encerclées de zones d’ombres qui posent des questions, mais des questions à rendre fou. C’est sûr, tout le monde ne sortira pas indemne de 2012. Car, il est permis de présager que chaque point d’éclaircie apportera sa zone périphérique d’inconnus.
Le locataire est sur le départ
Par exemple, le partant ATT n’est pas partant. Cette certitude absolue devra dégager un boulevard vers les élections ouvertes, sans problèmes, crédibles, transparentes, acceptées de tous et devant faire déboucher le Mali sur des plages de stabilité et de progrès significatifs. Seulement, voilà, ATT est il sur le départ ? Pourrons-nous tenir des élections paisibles ? Des suffrages acceptés car acceptables ? Un certains nombres d’inquiétudes justifient ces questions. Nous avons fini par opter pour un type de fichier (le Race dit, on sait pourquoi, ‘’amélioré’’). Mais à huit mois des élections (ATT doit partir le 8 juin mais le processus électoral commence bien avant) nous n’avons encore aucun fichier. Cela fait quatre ans que le fichier Race n’est pas révisé et il y a un travail fou à faire ; travail qui est encore loin d’être commencé. Sans oublier que ce fichier a été décrié de tous et que l’améliorer maintenant relève de la gageure. Nous avons une CENI modèle sur le papier mais contesté. On ne sait pas quand elle sera avalisée et acceptée de tous. Par ailleurs, nous avons la certitude qu’il y aura un referendum pour avaliser la constitution élaborée depuis Koulouba, qui est passé comme lettre à la poste à la place Bagadadji et qui attend que le peuple l’adoube. C’est une distraction énorme qui nuit aux élections à venir, qui prend du temps, de l’énergie humaine et de l’argent au détriment des élections de 2012 : c’est-à-dire tout qui n’est pas abordant. Mais ATT a décidé, on s’y plie en se demandant pourquoi ? Pourquoi attendre la fin des dix ans pour mériter une inutilité au pire moment. Des arrière-pensées ? Pour quel sinistre dessein ?
ATT avait juré sur tous les dieux qu’il ne mettra pas 20 millions dans le Ravec, qui a commencé voilà quatre ans et que les pays voisins (Sénégal Mauritanie etc. ont bouclé en quelque mois) pour débloquer ensuite plus de 40 milliards pour un énième projet pour ‘’développer’’ les régions du nord. Mais les élections à venir ont besoin d’argent et les bailleurs de fonds font la sourde oreille. Alors… avec quel argent allons-nous les organiser ces élections de rupture ? Une autre certitude réside dans le fait qu’aucun parti, aucun candidat potentiel et aucune tendance n’a parlé d’un éventuel boycott des élections de 2012. Mais vu la tournure que les choses prennent, il n’est pas a exclure qu’il n y en aurait pas dans les mois à venir. La classe vit une grosse frustration, même si elle le tait, par rapport au cavalier seul général qui a imposé deux ans durant sous des vernis différents l’ouverture : l’unanisme, le consensualisme, le majontritarisme gouvernemental qui impose les quatre volontés du prince et aux « partenaires » et à l’opposition. En réalité, personne ne va regretter le départ d’Amadou Toumani Touré du pouvoir, ni l’élite ni le bas peuple. Sauf peut-être ses courtisans, ceux qui ont bien profité de son règne et enfin ceux qui craignent la justice après son départ. A cet égard, Dioncounda Traoré vendra père et mère pour espérer le remplacer et être à l’abri. Lui qui avait averti les siens en ces termes en 2007 : ‘’ nous allons soutenir ATT pour ne pas aller en prison’’. L’Adema avait soutenu ATT et ses barons ne sont pas allés en prison. Donc ce qui est sûr aussi, est que l’Adema était repère de gibiers, de potence, de détourneurs notoires de fonds publics, et de criminels d’autres genres. Et ce, de l’aveu même de son président. La question devient alors : les Maliens ont-ils envie de voter pour assurer l’impunité des coupables déclarés ? La balle est dans leurs camps.
Amadou Tall