La tradition républicaine établie veut qu’à l’entame d’un nouveau mandat, le président de la République forme un nouveau gouvernement. Démissionnaire et reconduit depuis le mardi 4 septembre, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga semble peiner à relooker l’équipe gouvernementale. Ce qui fait soupçonner le chef de l’Etat de nouveaux tâtonnements pour ce second mandat
Le président de la République, le véritable maître à bord de l’appareil exécutif du pays joue à un attentisme qui jure avec la situation de stagnation voire arrêt total du pays.
En effet, devant intensifier ses efforts pour sortir le pays de l’ornière, IBK devait opter pour une certaine célérité durant ce nouveau mandat ? A ce titre, nul ne peut comprendre que le pays soit volontairement (sans aucune crise institutionnelle genre insurrectionnelle) privé de gouvernement pendant cinq jours. C’est-à-dire du mardi dernier jusqu’à ce dimanche 9 septembre. L’on s’interroge alors sur cette phase de la gouvernance du pays. Comme « gouverner c’est prévoir », dès sa réélection (malgré les contestations de son challenger, Soumaïla Cissé), IBK devrait concevoir dans sa gibecière les grandes lignes de l’attelage gouvernemental. Il ne devrait lui rester, après l’investiture, qu’à charger son Premier ministre des directives pour gérer le pays. Cet attentisme suscite des interrogations légitimes visant à accusant le président de réelles difficultés à manager le pays ou de le faire par tâtonnements.
Les soupçons de tâtonner sont liés au fait qu’IBK a d’abord marqué l’opinion par la valse des Premiers ministres durant son premier quinquennat, qui vient de finir. Le locataire du palais présidentiel de Koulouba a, en effet, vendangé, en quatre cinq chefs de gouvernement. Oumar Tatam Ly, Moussa Mara, Modibo Kéita, Abdoulaye Idrissa Maïga et Soumeylou Boubèye Maïga, l’actuel patron de la primature ont dirigé l’équipe gouvernementale. Cette rapide succession des chefs de gouvernement a convaincu plus d’un sur l’éternel essayage auquel IBK s’est livré dans la gestion des affaires publiques. Et l’on avait fini par mettre cette approximation au compte du début d’apprentissage de la conduite des affaires du pays. Si, aujourd’hui, à l’entame de sa sixième année à la tête du Mali, IBK et son Premier ministre semblent éprouver des difficultés pour composer le nouveau gouvernement, on se perd en conjectures. Ce qui pourrait donner raison aux détracteurs médisant du chef de l’Etat selon lesquels, le pacha de Sébénicoro n’pas la capacité réelle de conduire le pays comme cela est souhaitable par la majorité de ses concitoyens.
Par ailleurs, en jouant à cet attentisme, le duo IBK-SBM montre aux partenaires internationaux du Mali que la gouvernance du pays à des soucis à se faire.
En effet, toute la communauté internationale s’accorde sur les retards excessifs accusés par le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix ? Des diplomates et non des moindres très impliqués dans le processus de sortie de crise n’hésitent plus à exiger « une course contre la montre » de la part de Bamako, notamment les réformes législatives et institutionnelles concrétisant l’accord signé en 2015. Et le Conseil de Sécurité de l’ONU ne se prive plus d’occasion pour exprimer son impatience par les hésitations et le manque de dynamisme des partis à progresser vers la sortie de crise. L’on imagine alors les appréhensions des amis du Mali si le gouvernement censé « relancer rapidement la machine de la pacification du pays » traine autant à être constitué.
En outre, au plan économique et social, le Mali peine à traduire dans les faits, la croissance économique sur lesquelles les autorités surfent. Les urgences sociales courent les rues avec en particulier la grève illimitée actuellement en cours des magistrats. Sans compter des menaces de grèves dans d’autres secteurs d’activité. Comment alors un pays où les autorités n’hésitent pas aussi à décréter à la volée des jours chômés et fériés peuvent-ils se complaire dans un attentisme aussi suicidaire et générateur de manque à gagner pour l’Etat ? Car, faut-il le rappeler, avec un gouvernement démissionnaire, les agents de l’Etat se font rares à leurs postes de travail. Quel gâchis !
Boubou SIDIBE/Maliweb.net