Les accords de la honte, c’est ainsi que le président du RPM (Rassemblement pour le Mali) et non moins président de l’Assemblée nationale a qualifié les accords d’Alger. Une sortie tonitruante qui cadrait mal avec la fonction actuelle de l’ancien Premier ministre. A présent, l’homme a-t-il regretté ces phrases qu’il a prononcées indirectement à l’endroit du président de la République ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est que cette attitude a créé un froid entre les deux hommes et un désordre au sommet de l’Etat. Car, sans qu’on ne sache exactement pourquoi, le Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga c’est lui aussi mêlé à la danse. Même muet, il serait dans tous ses états.
Ibrahim Boubacar Kéïta, le président de l’assemblée nationale, dont nous disions qu’il n’était pas très courageux, a-t-il regretté tous les mots qu’il a prononcés à l’endroit du président de la République, surtout depuis la signature des accords d’Alger qu’il a qualifié d’ " accords de la honte " ? Sans pouvoir l’affirmer avec certitude, nous savons, en tout cas, qu’il n’est pas très tranquille ces temps-ci.
La preuve, c’est le déplacement qu’il vient d’effectuer à Libreville au Gabon auprès du président El Hadj Omar Bongo. La véritable raison de ce déplacement, était la recherche d’une intercession entre IBK et ATT. Le président de l’assemblée nationale était allé solliciter auprès de Bongo une médiation entre lui et le président de la République. Quoi de plus normal quand on sait que le président Gabonais est présentement le doyen des chefs d’Etat de la sous région et qu’il est, d’ailleurs, parmi ceux qui ont négocié la présidence de l’assemblée nationale pour IBK en 2002.
En effet, après sa cuisante défaite à l’élection présidentielle de 2002 et son ralliement à ATT, il fallait trouver pour lui un point de chute. C’est ainsi que les présidents Bongo et Gbagbo ont dépêché auprès d’ATT (qu’ils ont aussi rencontré) des missions pour discuter du cas IBK. Il fallait, à l’époque, tout faire pour trouver une place digne de ce nom à IBK dans la nomenclature de la République. Comme il ne voulait plus du poste de Premier ministre, les uns et les autres se sont mis d’accord pour qu’il soit, finalement, président de l’assemblée nationale. C’est ainsi qu’il se présenta aux élections législatives de sa commune (Commune 4) qu’il remporta au premier tour. Ce n’était donc plus qu’une question de temps. Les élections finies, on donna à IBK ce qui lui avait été promis, à savoir la présidence de l’hémicycle.
D’ailleurs, pour respecter ses engagements, le président ATT a été obligé de mettre " en veilleuse " la candidature de Me Kassoum Tapo au perchoir. Un homme qui, pourtant, l’avait beaucoup soutenu lors de la campagne électorale à Mopti et presque partout dans le pays. Tout cela pour dire que le président de la République a fait de son mieux pour satisfaire IBK. Ensuite que ce dernier est un éternel insatisfait et que tout ce qui l’intéresse, c’est le Palais de Koulouba qui, malheureusement, s’éloigne de lui tous les jours un peu plus.
En fait, la sollicitation de Bongo fait suite à plusieurs autres, infructueuses, à Bamako ici. Ibrim Boubacar Kéïta avait, auparavant, sollicité certaines notabilités et plusieurs proches du président de la République en vue d’une possible médiation. Ces derniers ont tous poliment décliné l’offre expliquant clairement à IBK qu’ "ils ne pouvaient pas ". C’est ainsi qu’il se dirigea vers Bongo. A la suite de ce déplacement, on a pu le constater, ATT s’est lui aussi rendu chez son homologue gabonais. Officiellement, il s’agissait pour le président de la République de participer à la fête anniversaire de ce pays qui se tenait hier. Cependant, il est facile d’imaginer qu’il a aussi été question entre ATT et Bongo du cas IBK. Car, ATT a fait le déplacement près de 48 heures avant les festivités. Les yeux sont donc rivés sur cette rencontre ATT-Bongo qui fait, elle aussi, suite à celle qui a eu lieu entre les deux hommes récemment à N’Djamena lors de l’investiture du président Idriss Déby Itno.
Même si on ne sait pas encore ce qui sortira de cette médiation, on peut, dès à présent, dire que les choses ne seront pas faciles pour le chef de l’Etat Gabonais. Car, depuis 2002, en réalité, IBK n’a fait que mettre des bâtons dans les roues d’ATT, il faudra donc mettre tout cela sur la table et discuter pour de bon avant 2007. Car, en fait, c’est cette échéance qui fait courir IBK. L’homme a compris que malgré tous ses coups bas et ses petits complots, le président de la République continue son chemin et qu’il travaille. La preuve, c’est son bilan qui est inattaquable. A ce rythme donc, il faut reconnaître qu’IBK n’a aucune chance de passer en 2007 et sortira finalement par la petite porte. Ce ne sera pas comme en 2002, quand ATT était prêt à faire des concessions. Pour ce dernier mandat, il sera obligé de carburer et de faire avec ceux en qui il a totalement confiance. Il n’aura droit à aucune erreur car, il le sait, il sera comptable de chaque faute. Une situation qui défavorise IBK. Le président de l’assemblée nationale a vite fait de le comprendre et veut prendre les devants pour se ménager une sortie honorable.
En plus du président de l’assemblée nationale, le Premier ministre lui aussi ne serait pas en bons termes avec le président de la République. Ousmane Issoufi Maïga, même s’il ne le dit pas publiquement, aux dires de plusieurs observateurs, n’aurait pas apprécié la manière dont ont été menées les négociations ayant abouti à la signature des accords d’Alger. L’homme aurait même menacé de démissionner n’eut été l’intervention d’un de ses proches amis, non moins leader du parti d’IBK.
Depuis, le chef du gouvernement s’est emmuré dans un silence éloquent. Alors même que, selon nos sources, il aurait donné son aval à la désignation du général Kanfougouna Koné comme négociateur pour le compte du gouvernement malien.
Makan KONE“