Si tous ceux qui disent soutenir le président de la République Amadou Toumani Touré étaient des plus honnêtes du pays, cela ne fait aucun doute qu’il passera au premier tour de l’élection présidentielle de l’année prochaine. Malheureusement, ils ne sont pas des plus saints les " amis " du général, principalement ceux d’autres partis politiques sur lesquels il va vouloir compter l’année prochaine, s’il était candidat à sa propre succession, d’où la difficile tache qui l’attend dès la prochaine rentrée qui aura lieu à la fin de ce mois d’août. Date à partir de laquelle il va être obligé de faire le grand ménage.
e temps presse, les élections générales de 2007 approchent à grands pas et personne, ou presque personne, ne veut se décider. Personne, aucune formation politique ne veut faire le premier pas en prenant ses responsabilités, alors même qu’on sait que certains parmi ceux qui disent soutenir le président seront bel et bien candidat à la prochaine présidentielle. Le débat fait donc rage en ce moment au sein de toutes les formations politiques et le moins que l’on puisse dire c’est que rien n’est acquis d’avance pour ATT. En tout cas en terme de soutien de la part du reste de la classe politique.
Si, en ce qui concerne son bilan, rien, ou presque, ne peut lui être reproché, le problème crucial auquel pourrait face ATT et qu’il devra pourtant affronté très tôt, ce sont les alliances sur lesquels une éventuelle candidature de sa part devrait s’appuyer. En effet, depuis qu’ils clament haut et fort qu’ils soutiennent le président de la République, aucun leader politique, à notre connaissance, n’a pu lui assurer un soutien total de toute sa formation politique, leaders et militants à la base s’entend.
Soutiens unipersonnels
En terme de soutien la seule garantie qu’ATT a pour le moment, c’est celui des principaux leaders de certains responsables politiques qui, malgré leur bonne foi, ont du mal à convaincre leurs militants de la nécessité de soutenir ATT. Chez les héritiers du président Moussa Traoré, les Tigres du MPR (Mouvement patriotique pour le renouveau), on est pour l’instant sûr d’une seule chose : Choguel Kokala Maïga, le président du parti et non moins ministre de l’Industrie et du Commerce n’est pas candidat. Jusqu’à preuve du contraire, il est considéré comme hors course. C’est lui-même qui l’a affirmé. " Car, soutient-il, on ne peut pas suivre quelqu’un pendant cinq ans et se présenter contre lui dans le cadre d’élection, quel argument va-t-on avancer aux électeurs ? ".
L’argumentaire défendu par Choguel Kokala Maïga dans un contexte de non élection tient bien la route. Seulement, dans quelques mois, tout le pays vivra pendant un bon bout de temps dans une fièvre électorale. Dans ce cas, il faut reconnaître que le contexte va changer et, sûrement, certaines décisions également. Surtout quand on connaît la position des militants MPR par rapport à cette question de soutien, on ne peut s’empêcher de penser que celui qui dit assumer l’héritage positive de l’ancien président Moussa Traoré aura du pain sur la planche et avec lui son " ami " ATT. Au MPR, il est important de le signaler, même si un grand nombre de responsables ne voient aucun inconvénient à un futur soutien à ATT, il ne dit rien à certains barons de l’UDPM (ancien parti unique) tapis dans les structures du parti. A leur tête, a-t-on appris, l’ancien directeur général des Douanes, Doua Abraham Sissoko dit Ramos. Le beau-frère du général Moussa Traoré aurait du mal à digérer le coup d’Etat de 1991 ayant consacré la chute de son protecteur et la perte de tous ses privilèges.
Il n’est donc pas question pour lui et ses proches de soutenir le principal auteur de cette situation, l’actuel président Amadou Toumani Touré. C’est pourquoi, Ramos serait prêt à tout pour contredire Choguel et le mettre des bâtons dans les roues en convaincant un grand nombre de militants à ne pas le suivre dans sa décision de soutenir ATT en 2007. Malgré le fait que le débat ait eu lieu au sein de Bureau exécutif national du MPR et que cette instance ait tranché, comme nous l’a confirmé en son temps le président Choguel Kokala Maïga, Ramos et ses amis n’aurait pas dit leur dernier mot et continuent la campagne au sein des instances du parti à la base. Autre grand parti qui soutient ATT depuis 2002, le CNID. Membre d’Espoir 2002 avec le MPR et le RPM, la formation dirigée par Me Mountaga Tall, comme nous l’écrivions dans une précédente parution, ne s’est pas encore décidé. Ce serait peut être trop tôt, nous dira-t-on. En temps normal oui, mais si on tient compte de la position des premiers responsables du parti, force est de reconnaître qu’il est temps que le parti du soleil levant donne sa position aux militants et même au président de la République.
Au sein du CNID, seule une chose est à présent sûre te certaine, le secrétaire général, N’Diaye Bah (aussi ministre de l’Artisanat et du Tourisme) est à cent pour cent avec ATT. Il ne manque aucune occasion pour le faire savoir. Depuis 2002, son discours est le même, il apporte tout son soutien et en toutes circonstances au président de la République. Le ministre de l’Artisanat et du Tourisme est constant dans cette attitude et n’a jamais pu être pris à défaut. Contrairement à certains qui essayent de se jouer des autres en jouant à la politique de l’autruche, pour lui, c’est ATT ou rien. C’est d’ailleurs à ce niveau que se pose le problème. Pourra-t-il, au moment de la grande décision, convaincre tout son parti de le suivre dans cette décision ? Rien n’est encore sûr. Surtout que son président, Me Mountaga Tall, le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, ne s’est jamais prononcé sur la question. Même s’il n’a dit à personne, à notre connaissance pas encore, qu’il sera candidat en 2007, personne ne peut aussi jurer du contraire. Un débat qu’il va falloir, tôt ou tard, instaurer et tenir au sein du CNID. Ne serait-ce que pour mettre ATT, lui-même, à l’aise. Quant au RPM (l’autre parti membre de la défunte alliance Espoir 2002), sa position est des plus ambiguës.
Malgré la présence de ses deux membres qui s’éternisent, du reste, dans le gouvernement, le parti, depuis deux ans maintenant, ne manque aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur ATT. Ibrim Boubacar Kéïta, dont ses militants lui ont demandé d’être candidat en 2007, ne s’est pas encore prononcé officiellement sur la question. Cependant, on peut affirmer que, sauf cas de force majeur, le président de l’Assemblée nationale sera présent à la présidentielle de 2007. Seulement, le problème qui se pose est la présence de ses deux ministres (Environnement : Nancoma Kéïta et Santé : Mme Maïga Zéïnab Mint Youba) et ses prises de position, ou celles de son parti, par rapport à la gestion d’ATT. D’où le manque de courage dont il était en ce qui le concerne dans une précédente parution. En réalité, ce que souhaite IBK, c’est que ce soit ATT qui fasse le premier pas en faisant partir ses cadres du gouvernement. Là, ce serait pour lui un autre terme de campagne.
Encore une fois, il jouera à la victime et pourra dire à tous : " Vous voyez, il nous a chassé du gouvernement, il ne veut pas de nous, malgré ses discours sur le consensus ". Un piège dans lequel ATT devrait tout faire pour ne pas tomber. Car, ce serait une erreur politique très grave. Raison pou laquelle, tous les observateurs sont unanimes que les ministres RPM doivent être conservés dans le gouvernement jusqu’à la dernière minute. En tout cas, si eux ne prennent pas la décision de quitter le parti (ce qui est possible) ou démissionner du gouvernement (ce qui est inimaginable de leur part), ce n’est pas ATT qui doit les débarquer avant d’avoir, comme il le dit, toutes les cartes entre ses mains.
Quant à l’Adema (fortement divisé sur la question d’un éventuel soutien à ATT), elle n’est pas très différente des autres formations. Ce sont ses ministres (qui bénéficient des privilèges des membres du gouvernement grâce à la bénédiction d’ATT) et certains responsables qui soutiennent à fond ATT. Là aussi, chez les abeilles, on a du mal à convaincre les militants à la base et certains responsables de la nécessité de cette position, à savoir ne pas avoir de candidat en 2007 contre ATT. Pas question, estiment certains : " l’Adema ne peut pas ne pas avoir de candidat en 2007 ". Depuis, comme à l’accoutumée, le débat à fait rage dans la Ruche et, à ce qu’on constate, les deux positions, auparavant très tranchées, se rapprochent de plus en plus. Reste maintenant à convaincre les militants à la base. Une difficile mission à laquelle doivent forcement se soumettre très prochainement les Abeilles.
L’autre soutien de taille dont le général vient de bénéficier (le dernier en date d’ailleurs) est celui de l’URD (Union pour la République et la Démocratie) qui a déclarer publiquement soutenir le président ATT s’il est candidat en 2007. Le parti dont le président de la Commission de l’UEMOA, Soumaïla Cissé est l’un des présidents d’honneur est de ces formations politiques les plus représentatives dans le pays. Un soutien total de sa part est perçue comme une bouffée d’oxygène pour le président ATT. Seulement, là aussi, on dit que les militants ne se sont pas encore prononcés sur la question. " Ce qui ne saurait tarder ", affirme un responsable du parti de la poignée de mains.
A côté de toutes ces formations politiques, il faut aussi évoquer le Mouvement Citoyen dont les responsables sont, il faut l’avouer, les véritables amis du président ATT. C’est en grande partie grâce à la dynamique que ses leaders ont créé que le président de la République a bénéficié de l’important suffrage des Maliens qui lui a permis d’accéder à la magistrature suprême du pays. Tous les autres sont venus après. Si ATT veut donc briguer un second mandat, il est important pour lui, à défaut d’avoir un parti politique (il n’en veut pas), de miser beaucoup sur le Mouvement Citoyen et non sur les partis politiques que nous venons de citer. Car, il peut être sûr d’une chose : Certains parmi les responsables que nous venons de citer, malgré le discours qu’ils tiennent actuellement à son endroit, seront candidat contre lui en 2007.
Makan KONE
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