Le débat sur un éventuel et troisième mandat du Président de la République Amadou Toumani Touré, même s’il n’est plus à la une de l’actualité, continue de hanter l’esprit de certains hommes politiques toute fois pressés de son départ. Ce constat trouve sa source dans un débat organisé le vendredi dernier au palais de la culture Amadou Hampaté Bah.
A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la jeunesse, la coordination des jeunes de la commune V avait organisé une conférence débat. Les conférenciers n’étaient pas en terrain inconnu. Il s’agissait de plusieurs grosses pointures de l’échiquier politique de notre pays. Outre la présence de Madame Sy Kadiatou Sow, ex ministre et le Pr. Ali Nouhoun Diallo, ex-président de l’Assemblée Nationale, l’on dénombrait une panoplie de cadres de l’ Adema Pasj. Au cours cette conférence, c’est surtout l’intervention de Madame Sy Kadiatou Sow qui aura retenu l’attention de l’assistance. Par son intervention, l’ex- gouverneur du District de Bamako a suscité plusieurs interrogations auprès du public. En effet, en abordant les mandats des différents présidents qui se sont succédé, la conférencière dira qu’avec l’avènement de la démocratie, le Président Alpha Oumar Konaré conformément à notre constitution a quitté le pouvoir après deux mandats passés à la tête du pays (de 1992 à 2002). En ce qui concerne le Président actuel Amadou Toumani Touré, Madame Sy Kadiatou Sow dira dans l’espoir qu’il quittera le pouvoir au terme de son second et dernier mandat qui prendra fin dans deux ans. La dame de fer s’est exprimée en ces termes « j’espère qu’il quittera le pouvoir ».
Ce sentiment de l’ex ministre et non moins figure emblématique du mouvement démocratique est révélateur pour nous, tant le doute plane chez bon nombre d’hommes politiques et non les moindres quant à la volonté du Général Président de briguer un troisième mandat. Pour l’instant, nous ignorons pourquoi madame Sy Kadiatou Sow continue à douter malgré l’assurance donnée par le Général Président lui même de débarquer de Koulouba au terme de son second mandat, à l’instar de 1991 lorsqu’une bonne partie du peuple doutait de sa bonne foi pour remettre le pouvoir aux civils. Et pourtant, madame connaît bien l’homme puisqu’elle est une figure emblématique du mouvement démocratique. Aussi, a t-elle dirigé Bamako sous la transition alors qu’ATT était à la tête de l’Etat.
Les reformes proposées par le comité dirigé par Daba Diawara viennent consolider les dires de l’homme du 26 mars, à travers l’article 32 qui n’a pas été modifié. Cependant, d’autres déclarations du général Président peuvent motiver le doute qu’elle manifeste jusqu’au soir du 8 juin 2012, date à laquelle, il doit en principe passer le flambeau au nouveau président élu. En effet, l’on se rappelle de sa déclaration après le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir en 1991. Une déclaration qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive au cours de laquelle, il martelait : « Seul un fou pouvait avoir l’envie de diriger ce pays ». En dépit de cette intervention plus que jamais erronée, il est revenu 10 ans après pour diriger le Mali. Donc, faut-il encore croire au Président lorsqu’il affirme quitter le pouvoir au terme de son deuxième mandat ? Comme le soutenait le philosophe allemand Hegel, seul le temps est le meilleur critère d’évaluation d’une affirmation.
A lui de les faire mentir.
Guindous