Atelier d’échanges sur le fichier électoral: Le dilemme de la classe politique malienne

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Faut-il aller aux élections générales de 2012 avec un fichier électoral issu du Recensement à vocation d’état civil (RAVEC) ou avec l’ancien fichier amélioré? La question divise la classe politique malienne. Une grande majorité des partis politiques semblent préférer le RAVEC et le reste souhaite aller aux élections avec l’ancien fichier amélioré.

Pour mieux cerner la question, le ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales a organisé, le jeudi 2 juin dernier, un atelier d’échanges sur le fichier électoral, regroupant les représentants des partis politiques, la société civile et l’administration. Il s’agissait de passer en revue les deux hypothèses du fichier électoral (RAVEC et RACE). L’atelier a été marqué par deux exposés sur les deux  possibilités de fichier. Le Secrétaire général du ministère de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales a d’abord fait une présentation sur la problématique du fichier électoral sur la base du RAVEC et ensuite Sina Aliou Théra a présenté une étude relative à l’amélioration de la qualité du fichier électoral RACE.

A l’ouverture de l’atelier, le ministre Kafougouna Koné a invité les responsables des partis à calmer le jeu. «La case Mali, patrimoine de tout notre peuple, a pour piliers des valeurs faites de dialogue, de concertation, de compréhension et de tolérance. Rien, ni personne, ne doit oeuvrer dans le sens d’ébranler ces fondements», a-t-il dit. Il les a aussi exhortés à faire place à la compréhension, à la complémentarité, en faveur d’actions communes, ayant pour seul objectif la stabilité politique de notre pays. «Hier, nous avons montré la voie au reste de l’Afrique, grâce à notre esprit de concorde. Aujourd’hui, le Mali est un havre de paix. Nous pouvons, nous devons, garder le cap, pour la construction d’un vieux pays plus fort et plus démocratique. A cet égard, nous possédons les ressources intellectuelles pour construire la voie royale, propice à l’ancrage définitif de notre démocratie», a-t-il ajouté. Il a également donné l’assurance que, sans nul doute, le gouvernement était déterminé à organiser les élections dans le strict respect des délais constitutionnels. Aux dires du ministre, le RACE et le RAVEC constituent deux facettes d’une seule ambition, celle de construire un édifice juridique solide à partir duquel les élections seront organisées.

Au cours des débats, une grande majorité des partis s’est dégagée en faveur d’un fichier issu du RAVEC. Ces partis mettent en cause la qualité du RACE. Selon eux, il n’est pas améliorable et il faut donc l’abandonner. Les fervents défenseurs du RAVEC sont, entre autres, le RDS, le PARENA, le MPR, le CNID FYT, le BARA et  SADI. Selon Abba Touré, du CNID FYT, le RACE ne cadre plus avec la réalité politique de notre pays. «Le RACE est si mauvais qu’on ne peut plus l’améliorer», déclarera Younouss Hamèye Dicko.

En tout cas, on pouvait noter une constance dans les débats: aucun parti politique présent à la rencontre n’a remis en cause la qualité du fichier issu du RAVEC. Cependant, face à l’impasse auquelle l’organisation des prochaines échéances électorales sur la base d’un fichier RAVEC peut nous conduire, d’autres, au contraire, ont souhaité l’amélioration de l’ancien fichier. Selon leur hypothèse, s’il est impossible pour le gouvernement d’organiser les élections dans les délais constitutionnels avec un fichier issu du RAVEC, il faut donc privilégier une amélioration de l’ancien fichier. Cette tendance est conduite par l’ADEMA PASJ, la Concertation démocratique, le RPM, le PIDS, le PDES et l’UFDP, entre autres.

A la fin de l’atelier, les participants ont demandé la mise en place d’un groupe d’experts autour de l’administration, issus des partis politiques, de la société civile et de l’Institut national de la statistique. Ils  ont aussi décidé de la relecture des textes sur les élections et rappelé que la responsabilité d’organiser les élections incombe à l’Etat et non aux partis politiques.
Youssouf Diallo

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