Associations et mouvements de soutien : Ces parasites qui menacent la démocratie

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Incapables d’animer les partis politiques qu’ils ont créés pour conquérir le pouvoir et l’exercer, bien de nos hommes politiques ont trouvé une nouvelle astuce: la création des associations et mouvements dont le but n’est pas de chercher le pouvoir mais comment soutirer de l’argent aux éventuels candidats à la présidentielle. Cette nouvelle forme d’escroquerie est un péril pour notre démocratie chèrement acquise dans le sang.

Il y a deux (02) semaines, les Maliens ont assisté la mort dans l’âme et impuissamment au lancement des associations et mouvements de soutien à deux potentiels candidats à la présidentielle du 29 juillet. Il s’agit d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’actuel président de la République et de Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition et président de l’Union pour la République et la démocratie (URD). Chacun d’eux, est désormais adossé à 300 associations pour la conquête du plus grand suffrage des électeurs maliens. Ces associations ont toutes un seul slogan: «takokélé» (gagner dès le premier tour). Les animateurs des associations, qui veulent qu’IBK soit candidat à sa propre succession, ont cotisé à hauteur de 10 millions de F CFA pour payer la caution d’IBK. Cette somme a été remise à Mamadou Diarrassouba, membre du bureau politique du Rassemblement Pour le Mali (RPM, parti présidentiel) et questeur de l’Assemblée nationale.

A l’image des associations religieuses qui ont pignon sur rue, depuis 2009, suite aux manifestations grandioses qui ont contraint le président ATT à renoncer à la promulgation de la loi sur le Code de la famille, celles de soutien à telle ou telle personne, après plus de deux décennies d’hibernation, refont surface.

L’émergence de ces associations et mouvements est l’expression de l’échec d’une part des soit disant démocrates qui n’ont pas su relever les défis de l’après 26-Mars et d’autre part, de la faillite de la classe politique qui a fait de son sport favori la corruption, la délinquance financière, l’achat des consciences, l’escroquerie politique, la surfacturation, la gestion clanique des affaires publiques, l’affairisme, l’accaparement des terres des paysans, la spéculation foncière et le népotisme. Ces maux que les vrais faux démocrates ont semés dans notre société continuent de faire des ravages et de manière dangereuse pour la survie même de l’homme malien.

Ces mouvements et associations sont animés par des femmes et des hommes, c’est-à-dire dans la plupart des cas par des jeunes à qui on a falsifié l’histoire politique du Mali au profit des bourreaux d’hier du peuple malien et des gens qui n’ont aucun passé militant. Ces jeunes doivent comprendre que la situation catastrophique qu’ils vivent aujourd’hui a été créée de toute pièce par ceux- là mêmes qu’ils soutiennent contre les intérêts supérieurs de la nation malienne. Il est temps pour eux de faire un examen de conscience pour savoir quel est l’homme politique capable de leur offrir du travail afin de sortir de cet état de misérabilisme.

Autres animateurs et bras financiers de ces associations et mouvements sont des hommes politiques incapables de s’imposer par leurs idées dans les bureaux politiques nationaux. Ceux-ci leur permettent de sortir de l’ombre pour se donner de la voix et faire croire à l’opinion publique nationale qu’ils peuvent drainer la foule et qu’on peut compter sur eux quant à une mobilisation des militants de leur parti pour remplir une salle. Ils recrutent les militants sur le même terrain que les partis politiques.

On ne pourra pas dire que la floraison de ces associations et mouvements sur la scène politique est la vitalité de notre démocratie car, ils ne survivent pas après l’étoile de leur mentor. Ils ne se battent ni pour un programme, ni pour un idéal, encore moins pour une formation idéologique qui les prépare à assumer les plus hautes fonctions du pays.

Seul qui compte pour les responsables et militants des associations, c’est l’argent et les T-shirt frappés du buste de leur parrain. Cet état de fait que ces mouvements et associations sont une menace sérieuse pour la démocratie malienne arrachée dans le sang.

Si on dit que le président Alpha Oumar Konaré est le mal du Mali, il n’y a rien à dire. Cet homme, qui s’était autoproclamé chantre de la démocratie en Afrique, a cassé tous les ressorts de notre société pour se maintenir au pouvoir. C’est avec lui que nous avons connu ces associations et mouvements de soutien. Il en a créé des dizaines en 1997 pour soutenir sa candidature à la présidentielle du 11 mai de la même année après avoir écarté ses concurrents lors du chaos électoral du 11 avril 1997.

La création des associations était-elle une crise de confiance au sein de son parti ? Même s’il est difficile de répondre à cette question, l’élection de 2002 a montré que l’ADEMA-PASJ, son parti, était traversé par plusieurs courants de pensée. Il l’a éclaté en plusieurs morceaux pour l’affaiblir afin de permettre à son candidat ATT d’accéder au pouvoir. Et ce dernier a été porté aux affaires par le Mouvement Citoyen, une autre association qui s’est muée plus tard en parti politique en prenant le nom Parti pour le développement économique et social (PDES).

Le président Alpha, pour récompense, a donné du travail à ces gens de la 25e heure aux dépens des militants de l’ADEMA qui ont bravé le soleil, le froid, la poussière, la pluie et la chaleur pour battre campagne afin qu’il soit réélu pour un second mandat. Ils sont morts de leur belle mort. Et ils n’ont participé à aucun ancrage de la démocratie dans notre pays.

Ces parasites de la démocratie sont une menace pour la démocratie malienne. A ce titre, ils doivent être combattus pour la bonne raison qu’ils ne défendent aucun intérêt national.

Yoro SOW

 

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