Younoussi Touré devant l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire: «Tous les groupes armées qui ont agressé notre pays et occupé son sol sont des terroristes»

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Le 3 octobre dernier, le Président par intérim de l’Assemblée Nationale du Mali, l’Honorable Younoussi Touré, était l’invité de ses pairs de Côte d’Ivoire lors de leur rentrée parlementaire d’Octobre. A cette occasion, il a prononcé un important discours, dont nous vous livrons la teneur ci-dessous.

Younoussi Touré, président Assemblée PI

M. Guillaume Kigbafori Soro, Président de l’Assemblée Nationale de la République de Côte d’Ivoire; MM les Présidents des Assemblées Nationales sœurs et Homologues; MM les Présidents des Institutions de la République; Mmes et MM les Membres du Gouvernement; Mmes et MM les Membres du Corps Diplomatique; M. le Préfet de la Région du Bélier, Préfet de Yamoussoukro; Honorables Députés; M.  le Maire de Yamoussoukro; Mmes et MM les Directeurs Généraux, Directeurs Centraux, Directeurs et Chefs de Service; MM les Officiers Généraux, Officiers Supérieurs, Officiers subalternes, Sous-officiers et Militaires du Rang; Honorables Chefs Traditionnels; Distingués Chefs Religieux; Illustres invités;

M. Le Président, je voudrais vous exprimer mes sincères remerciements pour votre aimable invitation et pour l’accueil particulièrement chaleureux que vous avez réservé à ma délégation, qui comprend trois autres honorables députés, Hon. Ibrahima Diagnessy, 1er Secrétaire Parlementaire, Hon. Souleymane Sidibé, Président du Groupe d’amitié Mali – Côte d’Ivoire, Hon. Gossi Dramera.

La présente législature de votre Assemblée nationale a été possible grâce aux sacrifices consentis par les Ivoiriennes et les Ivoiriens pour sortir votre pays de la crise profonde qu’il a connue pendant plusieurs années.

Elle a été possible aussi grâce à la solidarité sous-régionale et internationale dont le pays a bénéficié dans cette phase critique de son histoire. Permettez-moi de rendre un vibrant hommage à tous les acteurs qui ont rendu cela possible.

Honorable Président, nous avons tous conscience que sortir d’une telle crise définitivement est un processus difficile et long, qui nécessite une gouvernance démocratique de qualité au service de tout le peuple ivoirien. Je pense qu’à cet égard les autorités ivoiriennes sont sur la bonne voie.

Je ne doute pas un seul instant que les actions conjuguées de SEM le Président Alassane Dramane Ouattara,  de vous-même, Honorable Président de l’Assemblée Nationale, et de toutes les autres institutions de la RCI permettront au pays de retrouver définitivement la paix sociale, et les progrès économiques et sociaux tant attendus par le peuple ivoirien depuis des années.

Une reprise vigoureuse de l’économie ivoirienne est aussi une attente forte de tous les pays de l’UEMOA car, faut-il le rappeler, cette économie tient un rôle moteur dans l’espace UEMOA. Nous saluons les efforts engagés par le gouvernement ivoirien pour favoriser cette reprise.

Honorable Président, je crois fortement que le renforcement de l’action parlementaire dans la gouvernance, au niveau national comme communautaire, est un impératif commun à tous nos pays.

Nous, parlementaires, notre action couvre non seulement les fonctions  législatives classiques de vote des lois et de contrôle de l’action gouvernementale, mais aussi, et de plus en plus, une diplomatie parlementaire efficace et une médiation sociale au service de la paix et du développement.

Je suis conforté dans cette idée par le rôle important qu’a joué, et continue de jouer, l’Assemblée Nationale du Mali dans la recherche d’une issue à la crise profonde que traverse notre pays depuis plusieurs mois.

En effet, comme vous le savez, depuis six mois, les 2/3 du territoire malien sont sous occupation de groupes armés, composés d’islamistes intégristes que sont Ansar Dine, MUJAO et AQMI et de leurs alliés rebelles touaregs du MNLA, qui avaient proclamé l’indépendance de l’AZAWAD, qui couvrirait la partie septentrionale du pays.

C’est suite à cette agression de ces groupes armés contre notre pays qu’est intervenu un coup d’état militaire conduisant à une grave crise institutionnelle. M. le Président, Honorables députés, l’Assemblée Nationale du Mali a joué un rôle de premier plan dans la prévention et la résolution de cette crise, à travers les actions suivantes:

(1)           Elaboration, depuis novembre 2011, d’un rapport du Parlement malien faisant ressortir l’extrême gravité de la situation sécuritaire dans les régions du nord du Mali et l’impérieuse nécessité d’une action rapide du gouvernement pour tuer la rébellion dans l’œuf. Ce rapport a été remis au Président de la République et au gouvernement de l’époque, après avoir échangé avec eux.

(2)           Interpellation du gouvernement sur la question sécuritaire, au cours d’un débat à huit clos et prise d’une résolution le 18 Janvier 2012.

(3)           Condamnation du coup d’état militaire dans une déclaration le 24 mars.

(4)           Adoption d’une Résolution sur la situation du Pays, appelant à «l’union sacrée de toutes les forces vives de la Nation au-delà des considérations partisanes  pour faire face aux défis du Nord afin que le Pays retrouve son intégrité territoriale».

(5)           Adoption d’une feuille de route de sortie de crise.

(6)           Adoption d’une Résolution condamnant fermement la Déclaration de la prétendue indépendance de l’Azawad proclamée par le MNLA le 06 Avril 2012.

(7)            Actions en direction des représentations diplomatiques et consulaires au Mali, et auprès des Parlements africains et européens, pour des échanges approfondis sur la crise malienne.

(8)            Participation au mini-sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO, à Ouagadougou, et à plusieurs rencontres avec le Médiateur de la CEDEAO, à Bamako et à Ouagadougou.

(9)            Mission d’information à la Cour Pénale Internationale.

(10)         Adoption d’une Déclaration condamnant vigoureusement l’agression physique du Président de la République du Mali par intérim par des groupes de manifestants.

–                      Adoption à ce jour de la quasi-totalité des lois  prévues dans l’Accord cadre pour la sortie de crise: Loi portant amnistie générale au profit des auteurs du coup d’état et de leurs associés; Loi portant indemnisation des victimes de la guerre et du mouvement insurrectionnel du 22 mars 2012; Loi portant création du Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité; Loi portant prorogation du mandat des Députés.

Il est reconnu par tous que l’adoption de ces lois par le Parlement malien a largement contribué à l’apaisement du climat social et à l’engagement du processus de réconciliation nationale en cours.

Honorable Président, c’est le lieu de rappeler aussi le rôle déterminant qu’a joué la CEDEAO dans la résolution de cette crise institutionnelle, sous le leadership du Président Alassane Dramane Ouattara, Président en exercice de la CEDEAO, et à travers la médiation efficace du Président Blaise Comparé. Pour l’essentiel, le Mali est sorti de la crise institutionnelle à ce jour, car désormais les Institutions de la République exercent leurs prérogatives constitutionnelles.

Que  les Chefs d’Etat  de la CEDEAO et les autres institutions de l’espace CEDEAO, nationales comme communautaires, reçoivent ici l’expression de la gratitude du peuple et du Parlement malien pour leur solidarité.

Honorable Président, Honorables collègues députés, si, au niveau de la résolution de la crise institutionnelle, les progrès sont remarquables, aucun progrès n’a été fait à ce jour dans la résolution de la crise sécuritaire et la restauration de l’intégrité territoriale du pays.

Les forces d’occupation islamistes intégristes règnent par la terreur dans les trois régions du Nord du Mali, en faisant subir une répression féroce aux populations, sous le prétexte de l’application de la Charia: amputation de mains; viols et lapidation de femmes; tortures ; etc.

Pour la même cause, ils sont en train de détruire des mausolées, dont certains sont inscrits au Patrimoine culturel de l’humanité.

L’Assemblée nationale du Mali considère que tous les groupes armées qui ont agressé notre pays et occupé son sol sont des terroristes, qui doivent être traités comme tels par tous.

Bouter ces forces d’occupation hors du Mali et restaurer l’intégrité territoriale du pays est aujourd’hui la priorité des priorités pour les autorités et le peuple maliens.

Le Président de la République, le Gouvernement et les forces armées du Mali doivent être au cœur de ce processus, qu’il s’agisse de faire la guerre ou de négocier la paix. Ils ont besoin de l’appui de la CEDEAO et de toute la communauté internationale pour atteindre cet objectif.

Nous nous réjouissons de l’accord intervenu récemment entre le Mali et la CEDEAO concernant les modalités d’un appui militaire de la CEDEAO au Mali, pour l’aider à restaurer son intégrité territoriale.

Le Mali a adressé aussi une requête à l’ONU dans le même sens et espère que le Conseil de sécurité de l’ONU donnera une suite favorable à cette requête très prochainement.

L’Assemblée Nationale du Mali souhaite que l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire joigne sa voix à la sienne pour que cet appui de la CEDEAO et de toute la communauté internationale soit effectif à brève échéance dans l’intérêt du Mali, de tous ses pays voisins, de toute la sous-région et de toute la communauté internationale.

Tout doit être mis en œuvre pour éviter que cette zone occupée devienne un sanctuaire à partir duquel l’islamisme intégriste prospérerait et disposerait d’une base sûre pour opérer des attaques meurtrières dans la sous-région et dans le reste du monde.

Honorable Président, je reste convaincu que votre appui ne fera pas défaut au Mali dans la quête de la restauration de son intégrité territoriale.

C’est seulement au prix de cette solidarité des peuples qu’ensemble nous vaincrons le terrorisme déstabilisateur de nos Etats.

C’est dans l’espoir que nous renforcerons la coopération et la diplomatie parlementaire dans notre sous-région que je vous souhaite une bonne session parlementaire.

Je vous remercie.

 

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