Après les violences policières faites sur la personne de l’honorable Mamadou Diarra le 10 décembre dernier, la réaction de l’Assemblée nationale ne s’est pas fait attendre.
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rnEn effet, au cours d’une séance plénière d’interpellation du gouvernement sur la question « des violences policières : cas du député Mamadou Diarra », les députés, opposition et majorité confondues, ont profité de l’occasion pour faire vivre un véritable calvaire aux ministres de la République qui étaient à l’Hémicycle au nom du gouvernement de Modibo Sidibé.
rnCes ministres ont été interpellés autour des questions suivantes : 1 les articles 1er, 3 et 62 de la Constitution du 25 février 1992 ne sont-ils pas connus des agents de sécurité ?
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rn Si non, quelle explication ils peuvent fournir pour justifier ces comportements des policiers ?
rnLes forces de l’ordre et de sécurité ont-elles conscience et savoir qu’elles doivent aide et protection aux élus du peuple que sont les députés ?
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rnEt enfin de savoir quelles sont les mesures qui ont été prises à l’encontre des éléments coupables du forfait ?
rnDes questions relativement simples mais qui demandaient des réponses claires et cohérentes.
rnCes questions, il faut le rappeler, étaient adressées au ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile et à celui de la défense et des anciens combattants.
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rnMais contre toute attente, c’est le ministre de la santé, Oumar Ibrahim Touré qui a pris la parole le premier.
rnLui dont le parti, l’URD, est la deuxième force politique de l’Assemblée nationale et dont la victime aussi à savoir l’honorable Mamadou Diarra est de ses élus, se croyait apparemment en terrain conquis.
rnMais dès qu’il a commencé à se lancer dans des rappels de textes, tous favorables aux agents de police, il fut copieusement conspué par les députés.
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rnDepuis 2002, c’est la première fois en effet qu’un ministre de la République est conspué à l’Assemblée nationale.
rnLes députés soudés comme un bloc avaient décidément érigé un mur de réprobation. Et curieusement ce sont les députés de l’URD qui ont été les plus durs, les plus véhéments envers le ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré pourtant responsable politique de ce parti.
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rnOn peut simplement retenir que cette interpellation du gouvernement « sur les violences policières : cas du député Mamadou Diarra » a été une très mauvaise affaire pour lui. Car il n’était nullement en première position.
rnDans la salle Modibo Kéïta, plusieurs députés disaient ouvertement que ses explications ne tenaient pas et que « ce qu’il dit n’était pas vrai ».
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rnCette première interpellation a été un tournant pour lui.
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rnAujourd’hui, le nuage consensuel semble se dissiper car depuis l’avènement du Président ATT au pouvoir, c’est la toute première fois qu’on voit les députés traiter un ministre de la République de menteur.
rnLe ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile, le général Sadio Gassama, qui est un militaire dans l’âme donc qui n’est nullement politique s’est, quant à lui, un peu plus tiré d’affaire.
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rnParadoxalement, devant les députés, il faisait plus politique contrairement à Oumar Ibrahim Touré qui a été déstabilisé. Ce dernier a perdu pieds dès le départ et les députés n’ont eu aucun mal à le déstabiliser.
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rnCe qui est remarquable, c’est l’indignation unanime des députés contre ces violences policières faites sur la personne du député Mamadou Diarra, le 10 décembre 2007 à l’hôpital Gabriel Touré. Les ministres de la République ont été conspués. Les députés se sont braqués contre eux et ils étaient tous unanimes à reprouver les propos du ministre de la santé, Oumar Ibrahim Touré.
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rnL’autre fait important à souligner est que pour la première fois depuis 2002, lors de cette séance plénière d’interpellation, aucun député de la majorité présidentielle n’a défendu le gouvernement. Est-ce parce cette affaire concernait un des leurs ?
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rnCe qui est sûr, c’est probablement la première fois que les ministres de la République sont conspués dans la salle Modibo Kéïta de l’Assemblée nationale.
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rnBirama Fall
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rnL’Assemblée nationale condamne et exige une enquête
rnRéunie en séance plénière d’interpellation dans la Salle MODIBO KEITA le jeudi 13 décembre 2007.
rnAprès avoir entendu le Gouvernement représenté par
rn- Mme Diabaté Fatoumata Guindo
rn- M. Oumar Ibrahim TOURE, Ministre de la Santé,
rn- M. Natié Pléa, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants,
rn- Le Général Sadio GASSAMA, Ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile, sur les violences policières faites sur la personne du Député Mamadou DIARRA, le 10 Décembre 2007 à l’Hôpital Gabriel Touré,
rn- Vu la Constitution du 25 février 1992 ;
rn- Vu le Règlement Intérieur de l’Assemblée Nationale;
rn- Exerçant ses prérogatives constitutionnelles de contrôle de l’action gouvernementale;
rn- Profondément préoccupée par l’ampleur que prennent les violences policières sur les paisibles citoyens;
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rn- Considérant que l’Assemblée Nationale du Mali a toujours voté avec la diligence requise toutes les mesures législatives tendant à mettre nos forces de sécurité dans les meilleures conditions en recommandant le respect par elles des termes de notre Constitution en ce qui concerne les droits de la personne humaine;
rn- Stigmatisant le mauvais comportement de certains agents des forces de sécurité;
rn- S’interrogeant sur la façon dont ces agents perçoivent la mission à eux confiée par le peuple Malien;
rn- Soucieuse de la rigueur qui doit caractériser la sélection et la formation des agents chargés d’appliquer les lois et règlements qui régissent notre pays;
rn- Consciente du rôle inestimable que jouent les forces de l’ordre et de sécurité pour assurer la quiétude et la paix sociales dans notre pays;
rn- Co
nsidérant que le 10 Décembre 2007, Journée Internationale des Droits de l’Homme, des agents de police ont exercé aveuglement des violences sur la personne du Député Mamadou DIARRA ;
rn- Convaincue que rien ne saurait justifier de tels actes et comportements des agents de sécurité dans l’exercice de leur fonction parce que devant assurer la sécurité des Députés qui constituent la représentation nationale;
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rnL’Assemblée Nationale du Mali
rn- Condamne avec la dernière énergie l’agression du Député Mamadou DIARRA par un groupe d’agents de police en service à l’Hôpital Gabriel Touré le 10 Décembre 2007 ;
rn- Exige que le Gouvernement de la République du Mali diligente une enquête autour de cette affaire et que des sanctions soient prises à l’encontre des auteurs de cette agression;
rn- Rappelle que les Députés sont la représentation nationale de notre pays, et qu’à ce titre, ils doivent bénéficier de l’assistance et de la protection de nos forces de sécurité;
rn- Engage le Gouvernement de la République du Mali à tout mettre en oeuvre pour que les élus de la nation soient mieux traités par tous les démembrements de l’Etat;
rn- Exige que le Gouvernement de la République du Mali mette tout en oeuvre pour assurer la sécurité et la quiétude de tous les citoyens, notamment les malades et blessés admis dans les établissements hospitaliers;
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rn- Souhaite d’être urgemment informée des résultats de l’enquête et de toutes les mesures qui seront prises par les départements concernés;
rn- Charge Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale de transmettre la présente résolution à Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement conformément à l’article 86 de notre Règlement Intérieur.
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rnFait et délibéré en séance publique
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rnBamako, le 13 décembre 2007
rnLe Secrétaire de séance
rnLe Président de l’Assemblée Nationale
rnPr Dioncounda TRAORE
rnCommandeur de l’ordre National
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14 dec 2007
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