Que les tam – tam crépitent, que les balafons roulent, que les flûtes déchirent les nuits calmes de leurs stridentes mélodies ! Le Mali qui peut avancer recule d’un grand pas, le Mali qui peut changer et qui doit changer s’enlise. Vous parlez d’un scandale!
Les Maliens appellent à la sagesse, au bon sens de la Cour constitutionnelle pour calmer la boulimie des élus de la législature sortante. Ils veulent renforcer leurs capacités sur nos misères. Et c’est, croit-on savoir, à la majorité absolue que le projet de loi a été voté.
Qui l’eut crû ? Ils viennent de revoir à la hausse leurs indemnités de représentativité et autres, qui passent de 300. 000 à 500.000FCFA. Ce n’est pas tout : ils se sont offerts aussi de quoi s’installer confortablement et, pour ce faire, 10 millions de nos francs ne sont pas de trop, estiment- ils.
Même si deux d’entre eux, à savoir Pr Ali Nouhoun Diallo, député Adema élu à Douentza, ancien président des Parlements malien et de la Cedeao et Ibrahim Boubacar Kéita, député Rpm élu en CIV du District de Bamako, président sortant, ont protesté avant de suivre leurs collègues, loi de la majorité mécanique oblige ! La balle est dans le camp des sages du Dibida. En attendant, la nouvelle, elle, a fait le tour du pays et se retrouve au centre de toutes les causeries, suscitant indignation, colère voire révolte. Certains refusent de comprendre que des gens qui se dédiant à la défense de leur cause et de la situation de précarité qui sont les leurs, se réveillent brusquement un matin avec de telles prétentions ?
Dix ‘’briques en ciment ivoirien’’, voilà ce que nos poitrines ceints en ‘’vert, or et rouge’’ réclament pour s’installer VIP dans la capitale, pendant que leurs électeurs continuent de piocher le quotidien sous le chaud soleil. Pitié, ils ont oublié Le rouge du drapeau malien, donc de l’écharpe, le sacrifice à consentir pour ce pays.
Interrogés quelques heures après le vote, les Maliens ne décolèrent pas. Pour nombre d’entre eux, il n’est pas très décent que des députés, des hommes et des femmes qui, prenant la responsabilité de briguer les suffrages, parce que aptes à défendre nos intérêts, ne trouvent autre chose que de vouloir piocher dans nos maigres revenus pour dorer leur seule existence. Comme si, c’est sur nos dos qu’ils voudraient exister et par finir défendre nos intérêts.
La fonction de député, comme l’a si bien dit l’autre, ne se justifie plus par le souci de trouver des solutions aux problèmes de leurs électeurs, mais plus par la propension de se taper salaires mirobolants, véhicules rutilants, habits de grands chefs, appartements huppés, bref un nouveau statut social que l’écharpe confère à celui ou celle qui arrive à se faire élire. Est – il encore besoin de dire qu’en briguant le suffrage des Maliens, le candidat est plus mû par le désir de s’enrichir ou de s’offrir une nouvelle vie, que pour une quelconque quête de bien être en faveur de ses compatriotes ?
La plupart de nos compatriotes, résidant ici dans la capitale, pensent et souhaitent que les neuf sages ne suivront pas les élus sortants. On les aurait volontiers applaudis s’ils avaient demandé à revoir à la baisse ce qui leur est déjà offert. Malheureusement, et il faut le dire, les Maliens se comportent comme si les députés que nous avons élus nous-mêmes, nous devaient quelque chose en retour en dehors de la seule défense des intérêts nationaux.
Aussi, n’est-il il pas rare de rencontrer dans les couloirs de Bagadadji des ressortissants de certaines circonscriptions électorales guettant l’arrivée de leurs élus pour quémander : qui de l’argent pour une ordonnance très souvent fictive, qui un visa pour son enfant, qui un toit pour sa nièce qui n’aurait pas un logeur ici à Bamako. Des comportements tendant à dévier le député de sa vraie mission. L’heure est venue pour le malien d’adopter un nouveau comportement, une nouvelle mentalité, comme ATT le réclamait le 8 juin dernier.
Sory Haïdara
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