Les députés de l’opposition perdent patience, ceux de la majorité traînent les pieds, c’est le moins que l’on puisse dire par rapport au statut de l’opposition dont le projet de loi, au menu de la séance plénière d’hier jeudi 5 février, a été renvoyé pour une énième fois.
En effet, l’actuel régime a décidé de permettre à l’opposition de se mouvoir et de jouer pleinement son rôle dans la démocratie malienne. Une promesse faite par l’ancien Premier ministre Moussa Mara dans sa Déclaration de Politique Générale devant l’Assemblée Nationale.
Il avait promis devant les élus de la nation que le statut de l’opposition fera l’objet d’un examen minutieux. Sur la question, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Général Sada Samaké et ses collaborateurs ont longtemps échangé avec la classe politique pour prendre en compte ses préoccupations.
Le statut de l’opposition, depuis l’accession d’IBK au pouvoir, fut l’une des premières doléances formulées par l’opposition, pour dit-elle, lui permettre de jouer pleinement son rôle.
De ce statut, qui a été soumis à l’examen de la classe politique et qui fait l’objet d’un « projet de loi portant statut de l’opposition », il ressort que l’opposition politique sera assurée par tout parti politique ou regroupement de partis politiques représentés ou non représentés à l’Assemblée nationale, qui ne participe pas à la formation du gouvernement ou ne soutient pas l’action gouvernementale.
Il y est indiqué que l’opposition est un élément fondamental de la démocratie pluraliste, faisant qu’elle est politiquement reconnue et protégée juridiquement avec des droits et devoirs.
Il s’agit entre autres de la reconnaissance à tout parti politique ou regroupement de partis politiques le droit d‘appartenir à l’opposition politique.
Ainsi, tout parti faisant partie de l’opposition qui soutiendrait l’action gouvernementale ou même participerait à la formation du gouvernement perdra son statut de parti de l’opposition.
D’autres droits de l’opposition sont ceux de s’exprimer publiquement sur les medias d’Etat et privés dans le strict respect des lois et règlements en vigueur.
Mais par contre, l’opposition a le devoir de suivre l’action gouvernementale, de faire des critiques objectives et constructives. Mais aussi, elle est représentée par un porte-parole qui devient le chef de file de l’opposition.
Ce qui lui conférera des privilèges souverains car ce dernier est désigné par consensus parmi les députés de l’opposition avant d’être investi au cours d’une séance solennelle à l’Assemblée nationale.
Il aura donc comme avantages le fait d’être assimilé au premier vice-président de l’Assemblée nationale, disposant, à titre exceptionnel d’un cabinet dont la composition, les avantages, les modalités d’organisation et de fonctionnement sont fixées par décret pris en conseil des ministres.
Sans compter qu’il peut se voir confier des missions d’envergure nationale et internationale, faire partie des missions du président de la République lors de ses déplacements à l’étranger, être associé à l‘accueil des hôtes de marque du Mali.
Le tout couronné par un rapport annuel qu’il devra adresser au président de la République sur l’application effective du statut de l’opposition politique.
Un énième renvoi
Au programme de la troisième session extraordinaire de la 5ème législature en sa séance plénière d’hier jeudi 5 février 2015, le projet de loi portant statut de l’opposition, objet du dépôt N°14-60/5L a, une fois de plus, été renvoyé.
Des sources bien introduites évoquent un blocage de la part de la majorité. En toile de fond, les privilèges que ce statut donne à l’opposition. Mais aussi, l’agrandissement des marges de manœuvre de l’opposition dont « la capacité de nuisance deviendra plus importante ».
D’autres sources indiquent que ce blocage est fait sciemment car l’adoption de ce projet de loi permettra à l’opposition d’être mêlé à tout.
Aussi, Soumaïla Cissé, candidat malheureux à la présidentielle arrivé deuxième au second tour de la présidentielle fait figure de chef de file de l’opposition. Ce qui le met en pole position pour occuper le poste de chef de l’opposition avec tous les privilèges et droits qui s’en suivent. Toute chose qui serait vue d’un mauvais œil au niveau de la majorité. Toute chose qui expliquerait ce blocage qui se concrétise chaque fouis par le renvoi de ce projet de loi dont l’adoption est tant attendue par l’opposition.
G. Diarra