La pratique institutionnelle et démocratique impose qu’au lendemain des élections législatives, le Gouvernement soit recomposé en tenant compte des résultats issus des urnes. On peut donc s’attendre, dans les prochaines semaines, à un nouveau gouvernement ou du moins une équipe gouvernementale réaménagée conformément à la représentativité parlementaire des forces politiques au sein de la majorité présidentielle.
En attendant le verdict sans appel de la Cour constitutionnelle, annoncé pour cette semaine, les législatives qui viennent de se tenir imposent des mesures fortes de la part du président de la République. D’abord, IBK connaît désormais le poids politique réel de chacun de ses “presqu’encombrants” (l’expression est d’un cadre du RPM) alliés, mais aussi celui des cadres de son parti, le RPM.
Concernant le parti du tisserand, le chef de l’Etat doit, dans la perspective de la nouvelle équipe gouvernementale, savoir qui récompenser, de qui se délester.
Des partis affaiblis
Ainsi, les contre-performances des partis comme la CODEM (de 8 à 5 députés) et surtout l’UDD, qui avait trois députés dans la législature finissante et qui se retrouve avec un seul siège, devront entrer en ligne de compte dans le remodelage de l’équipe gouvernementale. A titre d’exemple, le leader du parti de la colombe blanche, le ministre des Domaines et des affaires foncières, Tiéman Hubert Coulibaly, qui avait assuré avec brio la diplomatie du Mali convalescent durant la transition, devrait aussi songer à quitter l’équipe gouvernementale.
De même, l’ADEMA-PASJ fait partie de ces partis qui ont véritablement trébuché lors de ces législatives. Avec seulement une vingtaine de députés le parti, que dirige actuellement l’ancien ministre Tiémoko Sangaré, se retrouve fragilisé et affaibli.
En effet, le parti de l’abeille sort à peine d’une crise profonde qui a laissé certainement des séquelles au point que certains analystes se demandent si tous les députés du parti vont pouvoir souffler dans la même trompette. Il semble qu’au sein de la vingtaine d’élus des rouges et blancs, tous ne soient pas dans la même orientation que le comité exécutif concernant le soutien au pouvoir en place. Ce qui va pousser, du coup, le président de la République et la soixantaine de parlementaires de son parti à ne pas vouer une confiance aveugle au groupe parlementaire que la Ruche va mettre en place. Il n’est pas en effet évident que dans les grands débats nationaux, tous les députés adémistes adoptent la position de la majorité parlementaire favorable au chef de l’Etat, dans la mesure où certains députés demeurent fidèles à l’appel d’Iba N’Diaye, l’ancien président intérimaire du parti. Cet appel proclamait le respect de l’engagement pris au sein du Front anti-putsch en vue de soutenir le candidat Soumaïla Cissé au second tour de l’élection présidentielle. Sans oublier que compte tenu de la division qui a secoué le parti de l’abeille, il est probable que des débauchages s’opèrent dans les rangs de ses députés en faveur d’autres formations politiques comme l’ASMA de Soumeylou Boubèye Maïga.
Le RPM plus proches des partis faiblement représentés à l’Hémicycle
Ce devoir de clarification et de cohésion qui s’impose aux abeilles poussera le RPM à se tourner davantage vers des alliés ayant peu d’élus comme la CODEM (5 députés) de Housséinou Amion Guindo dit Poulo, l’ADP-Maliba (5 députés) d’Aliou Boubacar Diallo, l’ASMA-CFP (4 députés) de Souméylou Boubèye Maïga, la CDS (2 députés), le CNID (4 députés), le MPR (3 sièges), le MIRIA (2 députés), YELEMA, l’UM-RDA, l’UDD, l’APR, PRVM Faso Ko, qui ont chacun un siège. En additionnant le nombre de sièges de ces partis, le RPM comptera sur un potentiel de 26 parlementaires acquis à sa cause et capables de faire face, avec sa soixantaine, à toute fronde de l’opposition URD-FARE-PARENA-PDES.
En outre, la gouvernance qui va s’amorcer dès la rentrée de janvier prochain aura besoin d’une forte assise à la base à travers le devoir de restitution de la part des élus. C’est en cela que IBK doit voir en les députés de la mouvance présidentielle les canaux les plus indiqués pour communiquer avec les populations.
Les bastions et le devoir de restitution
Et c’est en cela que l’existence des bastions est un atout non négligeable. Or, il est établi aujourd’hui que l’ADEMA n’en n’a quasiment plus. Si la CDS de Blaise Sangaré peut se targuer d’avoir une certaine assise populaire à Bougouni, le RPM à Kita, l’ASMA à Macina, le parti de l’abeille peut à la rigueur considérer Gao comme étant un cercle où son influence n’est pas illusoire avec un certain Assarid Ag Imbarcaounane, qui rempile pour son cinquième mandat.
Ce qui est sûr, pour prendre certaines décisions a priori impopulaires, IBK aura besoin de ses alliés de l’Hémicycle.
Sur un tout autre plan, la nécessité de réaménager le gouvernement doit être mise à profit par IBK pour tourner définitivement la page du coup d’Etat du 22 mars 2012 en délestant l’équipe Oumar Tatam Ly des proches collaborateurs du capitaine-général Amadou Haya Sanogo. Les ministres comme le général Moussa Sinko Coulibaly, ancien Directeur de Cabinet de l’ex-chef de la junte et le général Abdoulaye Koumaré devraient ainsi quitter le gouvernement ; histoire pour le Mali de tourner définitivement la page Sanogo. Pour se donner une meilleure image aux yeux de ses partenaires occidentaux.
Bruno D SEGBEDJI
Inceste politique
Commentant les résultats des récentes élections législatives maliennes du 15 Décembre, un ami, camarade politique n’est pas allé par quatre chemins pour qualifier les partis politiques maliens, d’incestes.
En effet, selon lui, les alliances politiques scellées lors de ces élections, ont montré une chose que l’on redoutait : tous les partis sans exception ont pratiqué, ce qu’il a pudiquement appelé : l’inceste politique. C’est-à-dire, ils ont violé et barde tous les interdits politiques : Donc pour lui, on ne peut et ne doit parler de partis présidentiels ou d’opposition.
Quelle coloration aura alors notre future assemblée nationale? Mon ami me répond : aucun si ce n’est de la coloration opportuniste ou les alliances contre nature de la campagne vont ruer vers la caverne du Président IBK. Oui chaque député se positionnera non pas selon la ligne de son parti, (d’ailleurs les partis n’en avaient cure) mais selon ses propres calculs politiques. Hum ça sent du déjà vu,
Hum ça sent du déjà vu, sous l’ère ATT ou l’Assemblée est restée pendant 10 ans, une caisse de résonnance.
L’on se demande alors: à quoi servent alors les élections au Mali?
A faire diminuer le taux de chômage? Ou à faire respirer la France qui piaffait d’impatience de se retirer?
L’année 2014 qui pointe à l’horizon nous édifiera certainement sur le rôle qu’aura à jouer une Assemblée incolore et sans saveur, formée sur la base d’intérêts personnels et de calculs politicards.
IBK et ses amis ont certes, eu ce qu’il voulait : la majorité au Parlement, mais pour quoi faire ?
Le Président fera alors exactement ce que ATT a eu faire avant lui. C’est-à-dire utiliser les honorables fonctionnaires de l’Assemblée comme des moutons de panurge. L’essentiel pour la plus part d’entre eux d’élire domicile à Bamako avec tous les privilèges dus à un leu national. Et le Président peut dormir tranquillement sans stress d’être dérangé par des bourdonnements dans l’hémicycle de Bagadadji
Bruno D SEGBEDJI, mon frère, c’est ce même coup d’Etat avec les hommes de SONOGO, qui a permis aux maliens d’élire un Président démocrate. Sinon en réalité, le Mali n’en disposait vraiment pas.
Il faut être réaliste dans tes propos. C’est qu’on peut les remercier mais s’en débarrasser pour que la Mali ait une bonne image. Là tu dis de n’importe quoi.
Vive le coup d’Etat qui nous a permis d’élire ce Président actuel pour le changement.
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